John Wait La mort dans l'âme C3_La garnison de Stalion

C3_La garnison de Stalion

Entre deux exercices, j’allais voir le capitaine. Celui-ci discutait de manière animée avec Ojinn, l’allumeur de feux de camp.

Je m’introduisis d’une façon que j’espérais pleine de panache et d’assurance :


— Euh… excusez-moi ?


Ils se tournèrent vers moi comme un seul homme. Le capitaine croisa ses bras sur son ventre gonflé. Il semblait déjà sceptique alors qu’aucun mot n’avait franchi mes lèvres.

« N’oublie pas de respirer ou tu vas t’étouffer. » ricana la voix dans ma tête.

Ne me laissant pas décontenancer, je récitai le discours soigneusement préparé durant le premier repas.


— Alors voilà, je me disais, plutôt qu’être un poids pour le bataillon, je pourrais me rendre vraiment utile.


Vu qu’ils ne me demandèrent jamais de quelle manière je comptais procéder, je me permis d’enchaîner :


— Je voudrais devenir médecin de guerre.


Le capitaine Ichon haussa un sourcil, mais eu la politesse de participer :


— Allons bon. Tu as des dons cachés particuliers ? Un alter de guérison ?

— Non, mais ma mère était médecin. Je l’ai beaucoup observée, elle m’a aussi appris certains procédés !


J’abattais ma liste d’arguments, sans laisser le temps de répliquer au capitaine.


— Le sang, les plaies, ça me fait pas peur ! Je pourrais servir sur le champ de bataille, assurer la survie des Champions par exemple, ou des soldats !


Les deux hommes échangèrent un regard incrédule.


« Qu’est-ce qu’il nous emmerde celui-ci ? » eut l’air de penser le capitaine.

« J’en sais rien, mais maintenant qu’il est là, vous ne pouvez plus l’ignorer » dû lui répondre Ojinn.


Le capitaine posa ses deux -énormes- poings sur ses hanches pour mieux réfléchir. Enfin, il se racla la gorge, et d’un air concerné :


— Gamin - il chercha la suite de sa tirade en scrutant le sol -, malheureusement pour toi, le destin a placé l’une des lames incarnées les plus puissantes qu’il soit entre tes mains. C’est l’unique raison qui a poussé le régent à t’engager dans ses rangs. Pas pour confectionner des bandages.

— Je sais, et j’en suis, croyez-moi, sincèrement désolé. Je reste persuadé que je serais un bien meilleur élément en protégeant mes compagnons.

— Ce n’est pas ce que ton régent attend de toi, se contenta de répliquer le capitaine.


Devant mon air frustré, il fit mine de réfléchir en oscillant sur lui-même. Ojinn, de son côté, me dévisageait, interloqué.


— J’ai une solution plus directe pour toi, annonça le capitaine. Élimine tes adversaires avant qu’ils n’agressent tes compagnons.


Super.


— Aie confiance en toi, ajouta Ojinn d’une voix douce. Laisse ta lame te montrer la voie.

— Et ne tarde pas trop, renchérit le capitaine en lissant sa fine moustache grise. Car la prochaine bataille ne devrait plus tarder.


Ça tournait au dialogue de sourds, ces gens ne voulaient rien entendre.

« Laisse ta lame te montrer la voie. »

Baah, bien sûr. Si je laissais Dyf me montrer la voie, les soldats de cette garnison finiraient trucider. Encore aurait-il fallu qu’il veuille bien sortir de sa tanière. Dans le meilleur des cas, il se moquait et repartait aussitôt, mais la plupart du temps, il aurait tout aussi bien pu ne pas exister.

Seul le poids de cette maudite épée me rappelait sa présence à chaque instant.



Un de ces rares après-midi où le ciel d’Alastar avait rentré ses nuages pluvieux laissant place à une belle nappe bleue, trois éclaireurs firent irruption au camp pour disparaître aussi vite qu’ils étaient arrivés sous la toile du pavillon royal.

Dans la seconde, théories tortueuses et pronostics perchés fusèrent dans la garnison. L’intendant Mosley dut rappeler à l’ordre les soldats de corvée à plusieurs reprises.


— Pas la peine de tergiverser les crapules ! On vous sonnera les cloches quand on aura quequ’chose à vous dire.


Avec cette manie de présenter les choses comme s’il était dans la confidence des hautes instances, alors qu’il baignait, à son grand dam, dans la même ignorance que nous.



Une heure plus tard, le capitaine Ichon nous convia tous autour de la tente du Grand Rek. Le régent avait une annonce à faire.


— Mes éclaireurs viennent de me rapporter une découverte décisive ! annonça-t-il avec gravité.

— Ouh, ça sent la baston, me souffla Burr.

— Ils m’ont confirmé ce que pressentais déjà, continua le régent qui venait de gagner l’attention de toute l’assemblée. Nous avons localisé l’endroit où nos reines sont gardées captives.


L’atmosphère s’imprégna soudain d’une gravité pesante.


— Elles sont maintenues dans une forteresse Négassienne. Et cette forteresse se terre au sein même de la forêt de Somor.


Un soldat laissa échapper une insulte.


— Réjouissez-vous, Champions, soldats, annonça le Grand Rek en élevant la voix, car la libération de nos souveraines ne saurait tarder. J’ai décidé, après concertation avec l’État-Major, que nous mènerions l’assaut sur la forteresse d’Os Kor d’ici deux jours. Tenez-vous prêts.


La nouvelle fit l’effet d’une bombe parmi la foule. Personnellement, je n’eus jamais autant la gorge sèche de ma vie.

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