Fyctia
Chapitre 22
Marley
Depuis le cours de sport hier, je n’ai pas revu Jared. Je n’ai eu aucune nouvelle non plus et les messages que je lui ai envoyés sont restés sans réponse. J’ai eu vent de ce qui s’est passé dans les vestiaires et j’ai aperçu Corey qui sortait de l’infirmerie. Des informations que j’ai pu obtenir, Jared est renvoyé du lycée pour la semaine et je ne pense pas me tromper en disant que j’y suis pour quelque chose. Qu’il s’en prenne à Corey n’est pas une coïncidence. C’est le seul de l’établissement avec qui je pourrais avoir des ennuis et qui ne me lâche pas.
Perchée sur le rebord de ma fenêtre, un livre à la main, je me sers de la lecture comme excuse pour garder un œil sur la maison des voisins. En secret, j’espère l’apercevoir. Constater qu’il va bien. En silence, je tente aussi de me persuader que je suis capable d’aller toquer à leur porte pour demander de ses nouvelles.
Le bruit des pas légers de mon petit frère qui entre dans ma chambre me ramène sur terre et je glisse un regard sur lui pendant qu’il approche avec un sourire malicieux.
— J’ai réussi à piquer un rouleau de réglisse. Je te l’échange contre une boule de chewing-gum.
Il arrive à me tirer un rire discret et je pose mon roman, soudain intéressée par sa proposition. Entre ses doigts, il tient l’une de mes confiseries favorites. L’un de mes péchés mignons. Je croise les bras sous ma poitrine et fixe la friandise.
— Et pourquoi je te donnerais un de mes chewing-gums ?
— Parce que t’adores le réglisse et que je suis ton frère préféré.
Cette fois, j’éclate de rire et lui ébouriffe les cheveux. Timy ne perd jamais le nord.
— Tu es le seul frère que j’ai, ricané-je.
Il hausse les épaules et fait mine d’être prêt à croquer dans le bonbon. Je me redresse d’un bond pour entrer dans son jeu et lève les mains en signe de reddition.
— C’est bon, t’as gagné, je me rends.
Il sourit de plus belle, puis me suit des yeux tandis que je me dirige vers mon étagère et me hisse sur la pointe des pieds pour attraper le bocal transparent qui contient mes petites douceurs.
— Quelle couleur ?
— La bleue ! s’exclame-t-il en sautant sur place.
Je saisis la bille qu’il convoite, repose la boite en verre et lui tends ma main libre, comme s’il pouvait mettre les voiles avec le délice qu’il m’a promis. Il dépose l’escargot de réglisse dans ma paume, ouvre la bouche, gourmand, et je la vise, mettant dans le mille.
Comme on en a l’habitude, il me présente son poing et je cogne dedans avec le mien.
— C’est toujours un plaisir de faire affaire avec toi, zozote-t-il à cause du chewing-gum qu’il mâchouille.
Je ris à la réplique qu’il m’a piquée et l’observe alors qu’il sautille jusqu’à la fenêtre.
— T’espionnais encore ton chéri ?
Je manque de m’étouffer avec le morceau de réglisse que je viens de prendre et me racle la gorge avant de le rejoindre.
— Non, je me fais juste du souci.
— Il a des ennuis ? Il a fait des bêtises ? Il est malade ?
Timy ne sait pas poser les questions l’une après l’autre et il me faut en général un moment pour analyser tout ce qu’il débite.
— Peut-être. On peut dire ça. Non.
Je réponds toujours dans l’ordre. Il fronce les sourcils, observe la façade de la maison et soupire.
— Pourquoi tu vas pas le voir ?
— Tu crois que je peux ? demandé-je comme si sa réponse allait m’en convaincre tout à coup.
— T’es ma sœur, bien sûr que tu peux ! T’es un super héros !
Je souris, pose un baiser sur le dessus de sa tête, tandis qu’une petite voix au fond de moi me chuchote que non, que je ne suis pas capable de vaincre ce qui me ronge de l’intérieur. Puis, soudain, comme une révélation, je prends conscience que prendre mon courage à deux mains pour aller le voir, je peux le faire. Qu’à côté de ce qui m’attend, ce n’est rien.
— T’as raison, je peux le faire.
Il acquiesce, confiant, puis d’un pas décidé, je m’éloigne.
— Je te surveille, lance-t-il sans bouger de son poste d’observation.
Je secoue la tête, amusée, dévale les escaliers, passe devant mes parents qui me fixent, perplexes, et sors.
Devant le battant en bois, j’inspire, expire et lève le poing, prête à frapper.
— Vas-y, Marley !
Surprise, je me tourne vers Timy, lui fais les gros yeux et pose mon index sur ma bouche pour lui intimer de se faire discret. Il pouffe de rire, puis se cache derrière les rideaux.
Lorsque la porte s’ouvre et que madame Clark me fait face, je perds un peu mes moyens.
— Bonjour, Marley, je peux t’aider ?
— Bonjour, je cherche Jared. Est-ce qu’il est là ?
Elle grimace et secoue la tête.
— Non, il est parti ce matin et n’est pas rentré. Ce qui s’est passé au lycée l’a bien retourné. Tu sais pourquoi il s’est battu ? Il n’a rien voulu nous dire.
Je baisse les yeux sur mes chaussures, embêtée, parce que oui, j’ai une petite idée de ce qui a provoqué ça. Seulement, est-ce que je dois le lui dire ? Si Jared ne l’a pas fait, c’est qu’il ne le veut pas.
— Non, je ne l’ai pas vu depuis et il ne m’a donné aucune nouvelle.
Sans surprise, elle hoche la tête et réfléchit un instant.
— Il aime aller au skate park. Peut-être que tu le trouveras là-bas.
— Je vais aller voir, merci. Désolée de vous avoir dérangée.
Avec bienveillance, elle me sourit et affiche un air reconnaissant.
— Tu ne me déranges pas. Et je suis contente qu’il se soit fait une amie. Tu auras peut-être plus de chance que nous pour qu’il accepte de se confier. Il t’aime beaucoup, je crois. Si tu le trouves, dis-lui de rentrer, on s’inquiète.
Aussitôt, je rougis et je ne sais plus quoi dire. C’est toujours le cas lorsque je suis gênée. Pourquoi le savoir me fait cet effet ? C’est quoi ce drôle de sentiment ?
— Je… merci, madame Clark, bafouillé-je avant de tourner les talons.
La fuite. Dans ce genre de situation, c’est souvent la première réaction que j’ai. Ensuite, je me sens bête.
Déterminée à retrouver Jared, je mets ce moment embarrassant de côté, puis prends la direction de l’endroit qu’il préfère. Mon cœur tambourine comme un fou dans ma poitrine et la distance qui me sépare du skate park me donne l’impression qu’elle s’étire à mesure que je marche.
En même temps que je progresse, tout un tas de films se lance dans mon esprit. Et s’il lui était arrivé quelque chose ? S’il avait décidé de partir sans rien me dire pour mener l’enquête et enfin connaître la vérité ? Et si des tarés de scientifiques avaient découvert ses capacités et l’avaient enlevé ?
Lorsque je passe la frontière du parc, je me précipite vers le terrain de basket, le souffle court et me fige.
Il n’est pas là.
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Caro Handon
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Idylyne.B
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JennyLY
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