Fyctia
Chap 17.2 (Camille)
— Comment ça, tu es avec un autre par dépit ?
— Va te faire foutre, Cam !
Ses postillons atteignent mes lèvres et je les lèche comme si j’avais soif.
Je passe une main dans mes cheveux et la plaque une nouvelle fois ma paume à côté de son oreille. Elle sursaute, en réaction au bruit de claquement sur la vitre. Ses yeux me défient.
— D’accord, on n’en parle pas. Mais, laisse-moi te dire que je connais aussi les problèmes, les angoisses et les peurs. Ce n’est pas pour autant que je suis en couple avec quelqu’un qui n’en a rien à foutre de moi, lui craché-je.
— Tu aurais dû rester chez toi, en France.
J’exécute un mouvement de recul, presque choqué par ses propos si durs, alors qu’elle est si douce d’habitude.
— Tu as un problème, parce que je suis revenu, lui murmuré-je.
Elle suit mes lippes avec fascination, puis me fixe avec curiosité.
— Ta nonchalance, ta carapace, ton sex appeal, ton indifférence, ton insistance, ton culot, ton physique… ta bouche… tes yeux… ton odeur… ton goût… tout est un problème pour moi. Cam.
Son chuchotement se meurt pendant que nos lèvres se rapprochent. Le silence retombe comme un soufflet et nous libérons nos souffles, conscients que nous allons trop loin, et nous dirigeons tout droit vers des emmerdes.
— Moi, mon problème, c’est toi… en entier, murmuré-je.
Sans plus réfléchir, nos bouches se rapprochent, effleurées par nos respirations, comme une caresse légère. Nous gémissons de concert. Je me souviens que je n’ai jamais goûté à des lèvres si indescriptibles. Si savoureuses. Si, délicieuses. Si exquises. Si appétissantes. Si raffinées. Si… putain, je n’ai pas de mot pour exprimer ce que je ressens, alors que je ne la touche pas.
Ses ongles s’enfoncent dans mes épaules et m’attirent vers elle au plus près, me surprenant. Sa proximité me rend dingue. Ses doigts me lâchent. Incapable de me maîtriser, de bouger, de penser, j’agis. Mes mains descendent le long du mur pour s’attarder sur son chignon que je défais de deux doigts. Je préfère quand ils sont libres. Ils sont si soyeux…
Je reprends mon souffle et lui laisse reprendre le sien. La pince produit un son sec en tombant sur le parquet.
Noah.
— Arrête-moi Eden, nous ne pouvons pas faire ça…
Je la supplie, parce que je ne contrôle plus rien. Seulement, elle n’y prend pas garde. Nous n’y prenons pas garde.
— Eden, j’ai envie qu’on s’embrasse… mais…
Sa bouche percute la mienne avec force, et la possède avec avidité, pendant deux putains de secondes puissantes. Prouvant qu’elle le désire aussi. Et sa langue prend le relais, en explorant doucement les contours de mes lèvres. Elle m’électrocute, me fait planer. Elle s’écarte un instant, pour me répondre. Je nage encore dans un délire hallucinant, tant je suis ailleurs.
— Non. On ne peut pas… confirme-t-elle.
Puis, nos lèvres s’enlacent une nouvelle fois, se pressent avec une intensité croissante, pour nous perdre. Nous faire oublier le temps qui passe, mon passé, sa situation. La mienne, cherchant l’autre, pour ne plus jamais le laisser partir. Une avalanche de sensations m’envahit et je grogne longuement, dans un son qui s’évade dans sa gorge. Nous nous accordons à la perfection, adoptons un rythme adéquat. Tout n’est que douceur, brutalité, passion et désir. Tout ça, à la fois.
J’ignore ce que signifie ce baiser et ce qu’il exprime. Parce que je refuse de réfléchir maintenant. Parce qu’il est dix mille fois mieux que tous ceux que j’ai eus et offerts auparavant. Qu’il est enfin celui que nous attendions tous les deux, après nos deux essais en août dernier, qui n’avaient pour but que de tester mon ressenti. Savoir si j’éprouvai un truc envers les filles alors que je pensais homo. Sans savoir que j’éprouvais ce détail pour une seule personne : elle. Et qu’il n'était pas question de mes préférences sexuelles, mais de l’être que mon cœur avait choisi sans choisir. L’amour est sournois, nous tombe dessus comme un marteau. Sans prévenir. Nous laissant stone.
Notre langage silencieux se poursuit beaucoup plus furieusement, comme si je souhaitais effacer les empreintes de Noah sur elle. Mes mains descendent sur ses flancs, attrapent sa taille, glissent encore plus bas, jusqu’à toucher la peau de ses cuisses. J’ai l’impression que nous nous parlons. De notre complicité, de notre désir…
Putain, je crois que je… que je… !! Ne. Peux. Pas.
Noah.
Soudain, je me crispe et elle s’en rend compte. Je stoppe notre baiser, et m’écarte d’elle.
Au moment où je décolle nos corps, je me sens seul et triste. Nos respirations erratiques s’évadent dans les airs. Nos pupilles se dévorent. Un voile d’espoir et de crainte traverse les siennes. Je clos les paupières dans une inspiration, avant de la fixer.
— Désolée Eden, nous n’aurions pas dû.
— Non, nous n’aurions pas dû, mais nous l’avons fait.
Sa voix éraillée me fait mourir sur place et me donne envie de plus. Le sourire qui apparaît sur son visage l’illumine. Je me sens mal, parce que je n’ai pas le choix : je dois me reprendre pendant qu’il est encore temps.
— Le baiser, c’est une erreur. Nous deux, c’est une erreur. Noah est le mec fait pour toi. Tu as raison de l’avoir élu.
Et putain, cette phrase me coûte.
Aussitôt, son visage se transforme. Je sens venir l’insulte qu’elle m’a servie au moins trois fois l’été dernier.
— Sale con ! Noah n’est pas… il n’est pas… nous ne sommes pas ensemble tous les deux, sinon, tu penses vraiment que j’aurais accepté de t’embrasser ?!
Puis, elle s’enfuit, pendant je frotte mon crâne. Au loin, j’entends claquer la porte de sa chambre. Je tressaute.
Pourquoi, je détruis tout ce que je touche ?
Je suis incapable de réfléchir. Incapable d’aller la voir pour m’excuser. Pourtant, je devrais le faire.
Merde, elle a trompé Noah avec moi ? Parce que, embrasser quelqu’un d’autre alors que nous sommes en couple, ce n’est pas moral. Pas bien. Pas normal. Nous sommes amis. Des amis s’embrassent-ils sur la bouche ?
Putain, je m’en veux, à cause de moi, elle aura des problèmes. À cause de moi… putain !!! Tout est à cause de moi.
J’inspire profondément, évacuant ma culpabilité loin de moi.
Mon pouce frôle mes lèvres gonflées, et je soupire.
Ce baiser me laissera une empreinte indélébile dans ma mémoire. Celle qui ne partira jamais de moi.
Je bats des cils, quand je réalise le sens de sa dernière phrase.
Attends, elle a dit qu’elle n’était plus avec lui ?!
9 commentaires
natha_lit
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Il y a un an
Josepina(Jojo)
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Il y a un an
Lulucide
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Solann
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Emeline Guezel
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chiara.frmt
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Il y a un an