Fyctia
Chap 17.1 (Camille)
Le silence de la pièce s’alourdit, puis, décompresse. Le sourire de Eden revient, et le mien apparaît enfin, sans que je ne puisse rien faire.
— Sinon, tu n’as pas de petit copain ? me questionne-t-elle.
Déconcerté par sa question, je bats des cils et reste muet pendant quelques secondes. Ma bouche redevient sage. Mes boyaux se tordent en réaction à mon état émotionnel. Elle me demande ça d’un naturel qui me surprend, pour une fille qui disait être raide dingue de moi, il n’y a pas si longtemps. Je lui ai avoué que je n’avais personne, pourtant.
J’ignore mes réactions, ou ce qu’elle aurait pu être pour moi. Pourrais-je lui en vouloir ?
Non.
Je remercie le ciel de m’avoir donné ce self contrôle, pour que mon état subsiste invisible au monde qui m’entoure.
— Je n’en ai toujours pas.
Elle semble tressaillir à mes mots. Je tourne le dos à Eden, jette le reste de café froid dans l’évier, puis lave la tasse. Son regard brûle ma nuque, tandis qu’elle ne dit plus rien. Ensuite, je pivote sur moi-même d’un seul coup. Ses yeux océan me scrutent avec intensité.
— Tu es donc libre, me dit-elle dans un murmure avant de prendre une forte inspiration.
— À l’inverse de toi.
— Tu n’as pas voulu de moi, Cam. Je le respecte.
Son reproche sonne mal. Pourquoi ? Je l’ignore, puisqu’elle a raison.
— Je préfère les mecs, rétorqué-je avec arrogance.
Eden se redresse impassible, et descend de son tabouret. Elle s’arrime à moi, puis exécute le même geste que moi avec son verre, dans l’évier. Je me rapproche de son corps, qui irradie ma poitrine.
Je pourrais entourer sa taille fine de mes bras, poser mon torse contre son dos, mon menton sur son cou, ma joue contre la sienne. Et je pourrais la serrer si fort, qu’elle se souviendrait de ce moment jusqu’à la fin de ses jours. Seulement, je ne le peux pas.
Noah… Noah. Noah ! Fais chier ce mec !
Elle ferme le robinet, essuie ses mains, puis revient vers moi. Me voyant près d’elle, elle exécute un mouvement de surprise, et colle son bas du dos contre l’évier. J’avance d’un pas. Quelques pauvres millimètres nous séparent. Ses yeux s’écarquillent et s’affolent. Les miens s’en foutent et observent chaque détail de son ovale, compte chacun de ses cils, regardent chaque trait délicat de son visage et de son grain de beauté au-dessus de ses lèvres.
— Et, lui, est-ce que tu l’aimes ? lui chuchoté-je d’une voix rauque.
Son expression est empreinte de doutes. Ou alors, je suis vraiment fou allier, d’y voir quelque chose qui ressemble à un non.
— Je suppose que oui.
Ma paume droite se pose sur le plan de travail. Nos respirations s’accélèrent. Jamais je ne l’ai approchée de si près depuis que je suis revenu, mais je ne me retire pas. Je veux qu’elle constate ce que je suis : mieux que ce putain de Noah.
— Développe.
— Disons que nous sommes bien ensemble, ajoute-t-elle dans un souffle.
— Pourquoi es-tu avec un type avec lequel tu es juste bien ? Tu pourrais avoir, tellement mieux. Tu es populaire. Tous les mecs sont dingues de toi sur le Campus
.
Et moi, plus qu’eux.
Ma voix est à peine audible, et remplie de douceur. Je la dévore des yeux avec envie, et remets une mèche rebelle derrière son oreille. Elle attrape mon pouce et le guide. Ce dernier glisse sur sa mâchoire, puis le long de son cou, avant de venir presser ses lèvres. Elle pousse un gémissement qui me rend fou.
— Eden… dis-le-moi, Eden…
Je ne suis qu’un salaud. Je sais pourquoi, inutile qu’elle me le répète. Seulement, je crève de jalousie, à l’idée qu’elle préfère ce mec à moi, même si je n’ai aucun droit sur elle. Qu’elle est libre de faire ce qu’elle souhaite de sa vie et de son cœur. Cependant, le fait qu’elle ait choisi un autre aussi vite me laisse un goût amer en bouche. Je dois savoir pourquoi.
Ses pupilles sont dilatées, mais lancent des flammes. Et, quand elle parle, elle me tue sur place.
— À ton avis, Camille ?!
— Je ne comprends pas.
Pourquoi je ne t’ai pas avoué, que oui, je suis raide dingue de toi. Pourquoi je suis devenu celui que je suis. Pourquoi, je ne parviens pas à te confier la vérité sur moi. Pourquoi je n’ose pas t’embrasser et te dire que tu m’appartiens depuis toujours.
Parce que je hais l’infidélité et que je ne serai jamais l’amant. Et que je suis un mauvais garçon, putain.
Ses mains se posent sur mon torse et me poussent. Ce contact suffit à faire emballer mon cœur meurtri.
— Tu te fous de moi ?! s’énerve-t-elle.
Je secoue la tête. Elle en fait de même et jure en silence avant de reprendre.
— Nous ne pouvons pas être ensemble. Noah m’apporte tout ce que je désire. Il parvient à chasser tous mes problèmes, mes angoisses, et mes peurs. Avec lui, nous formons une superbe équipe, le plus beau duo, le couple le plus fortuné, le plus populaire de tous les temps ! Et ce dont je suis sûre, c’est que lui, ne me laissera jamais tomber. Même si nous finissons par nous séparer, nous resterons amis.
Elle s’énerve et en un rien de temps se retrouve à l’autre bout de la pièce, collée sur la baie vitrée qui mène à la terrasse. Je fronce les sourcils et m’arrime à elle. Mes mains se posent d’une part et d’autres de sa tête. Son souffle court m’encourage à poursuivre.
Je suis conscient que je suis fou, que j’ai un problème parce que je ne me maîtrise pas. Je sais qu’elle est en couple, et que je n’ai aucun droit sur elle.
Seulement, ça fait belle lurette que je ne suis plus les règles.
Depuis ce fameux jour, dans ce putain de bus.
10 commentaires
Josepina(Jojo)
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Il y a un an
D. Verton
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natha_lit
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Donà Alys
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