Eva Baldaras Your forbidden heart Chap 4.2 (Camille)

Chap 4.2 (Camille)

Son regard meurtrier m’assassine. Moi, je suis toujours perdu, errant comme une brebis égarée, ne trouvant plus quel chemin emprunter.

— Je ne devrais pas être là, concédé-je dans un instant de lucidité.

— Non. Tu ne devrais pas être là.

Mon cœur enfreint les règles de vitesse et bientôt, mon souffle va s’éteindre. Je dois la laisser tranquille, putain.

Mais je n’y parviens pas.

Des longues secondes passent, nos prunelles s’éternisent les unes dans les autres.

— Écoute, je suis désolé pour tout, d’accord ?

Ma voix rauque trahit l’état émotionnel dans lequel je me trouve.

Lamentable, dans tous les sens du terme.

Elle soupire d’une manière lasse.

— Tu es toujours désolé. Sur ce point, tu n’as pas changé depuis l’été dernier.

— Je veux être sûr que nous redevenons amis.

Sa réponse tarde à venir et quand elle survient, un camion trente-trois tonnes m’écrase.

— D’accord, si tu arrêtes de souffler le chaud et le froid. D’accord, si tu cesses de me claquer des paroles glaciales pour ensuite me dire que tu t’excuses. J’en bave assez par ailleurs, sans que tu n’en rajoutes. D’accord, si tu me lâches, si tu me laisses tranquille. Tu n’as pas voulu de moi, il y a 7 mois. Et tu n’as pas voulu de moi à Noël. Et là, malgré ton comportement contradictoire, tu ne veux toujours pas de moi. J’ai accepté, j’ai tourné la page. Alors, si tu stoppes tout ça, que tu me laisses vivre ma vie avec le mec que je désire maintenant, dans ce cas, ok pour que nous soyons amis.

Ma bouche s’entrouvre, Eden l’observe, comme hypnotisée.

Je ne la crois pas. Elle est loin d’être passée à autre chose. Et j’ignore pourquoi, mais je ne crois pas non plus à son histoire avec le footeux.

Je prends une goulée d’air pour me donner du courage et valider notre accord, mais mes pensées s’entremêlent et une phrase retient mon attention.

Elle en bave… par ailleurs. À cause de moi ?


Soudain, une coupure de courant plonge la pièce dans un noir absolu.

Un silence pesant s'installe, interrompu seulement par les battements précipités de son cœur. Mon souffle se suspend, tandis que je sens ses mains qui me cherchent.

— Cam ! crie-t-elle affolée.

Mon instinct de protection s’actionne. Je mets de côté le monde qui nous entoure, mon passé, mon présent, mes conneries faites à Paris. Sans réfléchir, mes bras l’attrapent avec force pour l’étreindre contre mon torse. Sa respiration est hachée. Je m’enivre de la sentir contre moi. C’est tellement puissant, que j’ai envie que la lumière ne réapparaisse jamais. Jamais je n’ai ressenti ça au contact de quelqu’un.

Putain, jamais.

— Respire, Eden, le courant va revenir.

— Je… ça n’arrive jamais… et… j’ai peur du noir Cam… depuis que…

Ma paume caresse tendrement ses cheveux, pendant que sa tête se pose sur mon épaule, qu’elle exécute des inspirations et expirations de plus en plus maîtrisées. Son odeur familière me rend fou.

Et, imaginer subitement, ce que nous deux ça aurait pu faire en d’autres circonstances me rend malade.

— Je suis là, Eden. Je suis ton ami, lui dis-je d’un ton apaisant.

— Oui, nous sommes amis, et les amis se réconfortent, répète-t-elle dans un souffle.

Nos respirations se synchronisent. C’est dingue à quel point, mon cœur battait fort en réaction à son angoisse. C’est fou à quel point ça me fait du bien, de la tenir dans mes bras. Sans aucune arrière-pensée.

Je l’emprisonne davantage pour que nos corps s’épousent parfaitement, conscient que nous sommes beaucoup trop proches pour de simples amis. Mais, je m’en fous. Ce qui compte c’est que la chaleur de notre étreinte dissipe peu à peu nos craintes et que nous affrontions l’obscurité ensemble, pour transformer la peur en réconfort.

— Ça va aller, murmuré-je contre son oreille.

Elle frémit et je m’en délecte. Ses bras encerclent ma taille et je soupire, au moment où un courant électrique me dévaste, me déconnecte de la réalité, me fait croire que cette fille est à moi.

Pendant ces quelques minutes de noirceur totale où le reste de nos vies disparaît.


Puis, la lumière revient brutalement.


Nous sursautons, comme pris en faute d’un acte illicite. Pour autant, nous ne nous détachons pas tout de suite.

Mes yeux se plissent puis s’ouvrent, le temps de s’accoutumer à la clarté. Eden se redresse et ses prunelles appuyant les miennes avec intensité me font devenir amnésique.

Son regard plonge dans le mien, et se fixe, avec de la colle, du scotch, des clous.


Ma bouche s’aventure trop près de la sienne. Son souffle chaud me rend dingue. Du bout du pouce, je caresse sa joue tendrement. Elle est si douce…

Putain… qu’est-ce que je fous ?

Putain, j’en sais rien. Ce que je sais c’est que j’en ai besoin, comme l’oxygène que je respire.

Eden ferme les yeux un instant, puis pousse un profond soupir. Mon doigt descend sur son menton et le redresse. Ses paupières s'effacent, sa bouche s’entrouvre, laissant passer un filet d’air parfumé à la vanille. Cette fille m’ensorcelle.

Son chuchotement augmente la tension électrique de la pièce.

— Tu vois Cam, on ne peut pas être amis.

— Pourquoi ?

— Parce que, être près de toi me fait rappeler que tu ne seras jamais à moi. Et toi, tu ne veux pas de moi. Que là, nous sommes à deux doigts de nous embrasser, sur la bouche et que je ne suis pas libre.

Mon cœur accélère ses battements, quand il comprend que le sien est toujours à moi.

— Je suis fidèle à Noah, Cam. Maintenant, je suis à lui.

Je déglutis, tentant de maîtriser ce que me font ressentir ses vérités criantes.

Un sourire triste apparait sur son visage, puis, elle s’écarte de moi, laissant un vide sidéral sur ma peau.

Elle aime Noah. Son cœur hésite entre le mien et celui de son petit copain. Je dois le lui dire. Pour son bien.

— Tu as raison Eden. Je ne veux pas de toi. Ta place est auprès de ton mec.

Elle se déplace plus vite que l’éclair, ouvre sa porte et la tient en fuyant mon regard. Je me rends compte trop tard que j’ai encore été maladroit dans la manière de m’exprimer.

— Bouge, Cam, crache-t-elle.

Ma main nerveuse remet ma mèche rebelle sur mon crâne.

— On pourrait peut-être parler ? J’ai été grossier et…

Elle ferme ses prunelles et les serre.

— Dégage, m’ordonne-t-elle en accentuant chaque syllabe.

Je soupire, puis je quitte la chambre, mais reste debout sur le couloir juste devant elle.

— Je suis sincèrement désolé, Eden.

Ses paupières s’effacent, son regard se durcit, puis elle me claque la porte au nez.

Désolé de ne pouvoir laisser mes sentiments gérer ma vie.


Et désolé de te perdre, parce que si tu connaissais la vérité sur moi, tu me fuirais, comme la peste.


Je frotte mon crâne avant de m’enfermer dans ma chambre, juste à côté de la sienne, où je n’entends plus rien.

Puis, me couche sur le matelas, sans prendre la peine de me déshabiller.

Le problème, c’est que j’ignore si je parviendrai à supporter la vision d’elle et le joueur de foot jusqu’à mon départ.


Et surtout, à la dégager de mon esprit. Complètement.


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3 commentaires

Aurore_Nox

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Il y a un an

🥹❤️

Solann

-

Il y a un an

Waouh quelle scène. Être amis j'y crois pas une seconde. Beaucoup de ressentiment dans cette scène. Le réveil un peu brutal. Çamille est maladroit dans ses propos qui blessent Éden.

Eva Baldaras

-

Il y a un an

C'est difficile d'être amis en effet et Camille ne sait vraiment pas s'exprimer
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