Fyctia
Chap 1.3 décembre (Camille)
La voix de Morgan résonne dans mon cœur comme une explosion. Il prononce un prénom. Juste un prénom et je ne sais plus où j’habite.
Je dois me reprendre. Elle n’est rien. Rien. Elle n’était qu’une amie. En septembre, elle a tout gâché.
Mes yeux se rouvrent, puis je pivote sur moi-même. Je n’ai pas le temps de chercher Eden du regard qu’un boomerang me tombe dans les bras.
Je la serre fort, respire son parfum de rose à pleins poumons. Elle m’a tellement manqué. Tellement, que ma gorge se serre.
Seulement, rien ne sort. Comme d’habitude. Pas une goutte de liquide lacrymal. Aucun sanglot.
Rien.
Je m’écarte d’elle, puis efface la larme qui roule sur sa joue.
— Eh bien, heureusement que je ne suis pas jaloux, plaisante Morgan.
Je m’esclaffe, tandis que je m’éclipse avec ma meilleure amie vers le salon.
— Je vois que ton homme te traite bien, Roxy, ironisé-je.
Celle-ci lève les prunelles au ciel et secoue sa tête avec un sourire. Ses yeux rieurs et étincelants prouvent à quel point elle est heureuse de me voir. À quel point l’amour lui va bien. Mon cœur se gonfle de chaleur, pour la première fois depuis longtemps.
Seule Roxane connaît le remède pour me réchauffer.
Sans préambule, elle me pose mille questions, sous le regard joyeux de son petit ami qui nous espionne de loin avec un sourire.
Elle a de la chance de l’avoir. Je me suis complètement trompé sur le compte de ce mec au début.
Tout comme Eden se plante sur ma personne. Depuis le début.
— Alors, tu as réfléchi à ma proposition ? me demande-t-elle.
— J’ai obtenu ma bourse, lui apprends-je.
Ses yeux inquisiteurs s’enfoncent dans les miens.
— Tu peux traduire ?
— Ça veut dire que j’étudie ici à compter du printemps prochain et que je pourrai faire partie de la team !
Elle saute dans mes bras une nouvelle fois. Je l’étreins avec puissance. Nous restons là, tous les deux, enlacés, à savourer notre instant. Nos retrouvailles. Elle m’a tellement manqué.
Si elle était repartie avec moi à Paris cet automne, comment ça se serait-il passé ?
Personne ne peut répondre à ça, parce que rien ne se prédit par avance. Et que la vie, eh bien, c’est la vie.
Lorsqu’elle se détache de moi, elle se fige et observe quelque chose derrière moi. Je me retourne, tandis que la silhouette bouge pour se trouver en face de moi. Cette chose est en réalité, quelqu’un. Une jeune blonde aux yeux couleur océan, vêtue d’un T-shirt blanc et d’un jeans moulant ses belles formes. Son serre-tête en forme de rennes lui va bien et m’arrache un sourire l’espace d’un instant. Celui qu’elle capte plus rapidement qu’un éclair.
Cette fille possède un détail qui me coupe la respiration, bouscule le sang dans mes veines et lui fait tromper de chemin. Mon pantalon devient étroit au niveau de mon entrejambe. Mes sensations, mes envies, mon désir, tout m’emmerde.
La voir là, en vrai, me pose un réel problème.
Celui auquel je tente d’échapper depuis que j’ai quitté le sol américain. Parce que putain, quelque chose se passe en moi en sa présence. Quelque chose que je refuse.
— Ici à New York ? me demande-t-elle sans me saluer comme si elle m’avait vu la veille.
Je hoche la tête et me frotte la nuque, mal à l’aise.
— C’est cool, répond-elle avant de s’éloigner.
— Bon, je vous laisse, vous devez avoir des tonnes de choses à vous dire ! À plus tard ! lâche rapidement Roxane en repartant d’un air malicieux.
Sa presque belle-sœur stoppe sa marche et revient vers moi d’un pas tranquille.
Les yeux de Eden me dévisagent, je me referme comme le connard que je suis devenu.
Eden
Les pupilles de Camille me scrutent et ma peau devient fébrile d’un coup.
Il a été mon coup de foudre d’été, mes pensées obsédantes pendant ces quatre derniers mois pendant qu’il était loin de moi à Paris. Et ma douleur de le voir si proche et pourtant si inaccessible, me tord le ventre à m’en faire pleurer, crier, hurler mon désespoir.
Cela dit, je savais au moment où je l’ai embrassé ce soir-là, le prenant presque par surprise, qu’il était homosexuel, et que par définition il ne pouvait vouloir de moi. Même s’il avait validé mon baiser. Je n’ignorais pas que je risquais gros, qu’en lui exprimant clairement ma flamme, je pouvais perdre son amitié. Mais, je devais essayer. J’étais incapable de laisser échapper une chance pour qu’il se rende compte que je lui plaisais moi aussi. Et sincèrement, après le premier baiser, où sa bouche avait répondu à la mienne avec force, après le second, où j’ai senti son désir matérialisé par un frisson qui courrait sur son corps, j’ai cru bêtement que quelque chose existait. Un espoir. Pourtant, il a nié, il est reparti chez lui. J’ai joué gros : nous étions amis, il n’était pas hétéro. Mais qui ne tente rien n’a rien.
— Tu vas bien ? s'inquiète-t-il en cachant ses mains dans les poches.
Je reste silencieuse un instant, observant la moindre réaction de sa part. Me demandant toujours, ce que nous aurions pu devenir en d’autres circonstances. Nous nous sommes quittés dans le hall d’un aéroport, au milieu d’une foule insouciante. Il ne m’a jamais écrit. Il n’a jamais répondu à mes messages.
Je le suis sur Instagram. Sur Tiktok. Ses posts ne révèlent rien de sa vie, mis à part sa passion pour la musique, et ses potes. Et un certain Thomas, qui figurait sur une publication en juin l’an dernier. Celui qui me semblait un poil trop proche et qui a provoqué des sanglots idiots quand j’imaginais que c’était l’ex dont il m’avait parlé et qu’il pouvait encore renouer avec lui. Même s’il n’apparaît plus depuis juillet. Même si Cam n’est pas à moi.
Il ne doit pas savoir à quel point, j’ai songé à lui, chaque seconde.
Il a sans doute pardonné à Thomas. Moi, à sa place j’aurais supprimé tous les posts avec mon ex, si j’en avais eu un. Ou alors, pour Cam, ça n’a aucune importance, j’ai bien vu que sa valeur première en amour était la fidélité. Il me l’a indiqué plusieurs fois quand il m’avait parlé de son histoire de mec trompé.
— Je voulais juste qu’on soit d’accord toi et moi,
— Eden, commence-t-il.
Je le coupe.
— Écoute, tu préfères les hommes ok. Tu es bi, mais tu n’éprouves rien pour moi ? Bien. J’ai compris. Mais, tu aurais pu maintenir le contact avec moi. Nous avons traversé tant de choses ensemble ! Nous faisions partie du groupe de la bande à Lucas, nous étions amis, nous nous amusions bien tous les deux. Nous vivions ici, dans l’appartement de Morgan. Tu as accompagné Roxane lors du premier concert. Quand tu es partie, à l’aéroport tu…
Il secoue la tête, et je me sens de plus en plus mal.
— Je t’ai attiré vers moi c’est vrai, nous nous sommes embrassés, c’est exact. Mais c’est tout. Pour moi, c’était une sorte d’expérience. Et tu le savais.
Sa sentence tombe comme la foudre sur un arbre. Et j’ai l’impression que je m’effondre, de plus en plus. Cependant, je vais maîtriser ce cœur qui bat fort dans ma poitrine, je vais surpasser mes sentiments qui me torturent parce qu’ils ne devraient plus exister pour ce garçon qui ne sera jamais à moi.
6 commentaires
D. Verton
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Il y a un an
Josepina(Jojo)
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Il y a un an
Eva Baldaras
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Il y a un an
Solann
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Il y a un an
Inès k
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Eva Baldaras
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Il y a un an