Arca Lewis WOLF 2.5 Pénélope d'IthAQ

2.5 Pénélope d'IthAQ

J’ai rencontré Nina en dernière année de thèse, lors d’un colloque à Rouen où on intervenait tous les deux l’un après l’autre. Elle faisait un post-doc chez IBM, à Zurich. Elle m’a accosté à la pause-café, nos sujets de recherche se recoupaient. On a d’abord parlé boulot, puis comme le courant passait bien, on a enchaîné avec des trucs plus perso :

« Tu as des allergies ? C’est chiant. Je préfère le thé au café, et toi ? Cappucino. J’ai fait un roadtrip en Écosse avec des potes cet été. Moi, c’était l’an dernier avec ma sœur. Je ne supporte pas le foot, je préfère le rugby. Ah oui moi aussi, et le tour de France. Ah ah ! Ça fait tellement boomer ! C’est un évoli que je vois sur ton sac à main ? Oui ! Et toi, tu as un pokémon préféré ? Ectoplasma… Ah ouais ? Non, en réalité c’est Darkrai, mais ça fait trop psychopathe, Ectoplasma c’est plus mainstream. »

À ce stade, j’ai vu les paillettes dans ses yeux.


Mes expériences passées avec les femmes ne méritent pas d’être contées, tellement elles sont insignifiantes et tue-l’amour. Je ne suis pas un playboy. J’avais le bide à bière avant d’être en âge de boire de l’alcool. Il n’est jamais parti, même quand j’ai essayé de faire du gainage sur l’idée absurde d’un copain de prépa. J’ai toujours eu la fibre misanthrope par-dessus le marché. J’étais un solitaire qui pensait surtout à ses études. Objectif : gagner un max de fric pour me permettre de voyager. Visiter Japon, Canada, Corée, Australie, Pérou… Et peut-être, avec de la chance, faire un placement juteux pour prendre une retraite avant cinquante ans. Je n’avais pas envie de me mettre en couple, je n’y voyais que des emmerdes potentielles, donc je ne cherchais pas. Les quelques plans cul que j’ai eu sont venues à moi d’elles-mêmes. Ce fut presque le cas de Nina. Je dis presque, car l’étincelle est venue de mon côté aussi. Mes sens se sont alertés devant elle. Je n’avais jamais connu ça avec personne. Le magnétisme me paraissait évident, si je la quittais des yeux, elle réapparaissait miraculeusement à mes côtés. J’ai compris qu’elle n’avait pas plus envie de discuter avec quelqu’un d’autre que moi.


On a mangé côte à côte au repas du congrès, puis on a suivi les autres intervenants dans un pub irlandais avant de changer de bar, juste elle et moi. Je crois qu’instinctivement nous cherchions un peu d’intimité. On a finalement atterri en face de son hôtel pour un dernier verre. Pour trois ou quatre derniers verres en fait. Mon bide à bière était toujours là après toutes ces années, la lutte était vaine, alors autant enchainer les chopines, surtout que Nina tenait très bien l’alcool. Il était presque une heure du mat quand on s’est décidé à lever le camp de la terrasse. Nos voisins de table avaient muté en éponges imbibées d’éthanol, nous ne voulions pas en arriver là nous aussi.


Devant la porte de son hôtel, on s’était regardé en chiens de faïence, et comme je voyais double, ça la rendait deux fois plus mignonne.


— Je peux monter avec toi ?


J’avais tenté. Après tout, si elle me collait un râteau, ça ne resterait qu’une anecdote pourrie sur les colloques quand t’es doctorant et célibataire.


Elle m’a fixé longuement. J’avais bien pigé que ses yeux ne disaient pas non et que ce n’était pas juste un effet des pintes, mais elle réfléchissait quand même. Je pensais que c’était simplement une interrogation du genre « je couche le premier soir ou ça fait salope ? ».

Je me plantais. Royalement.

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14

14 commentaires

alsid_murphy

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Il y a 2 jours

👍

Merle Hewitt

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Il y a 6 jours

Comme quoi, Pokémon ça rapproche ! XD

Arca Lewis

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Il y a 6 jours

T'as pas idée XD

Paige

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Il y a 18 jours

On sent bien la fiction, comme si on pouvait aimer les pokémons à l'âge adulte... :p ( Ok je m'en vais ). Plus sérieusement, la love story est très mignonne au milieu de ce côté anxiogène dans lequel il s'est enfermé. On sent qu'elle est sa bouffée d'air.

Arca Lewis

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Il y a 18 jours

Des fois y a des jeunes (pauvres ça se voit à leur dégaine) qui se moquent de mon sac pokeball dans la rue. J'ai ce petit rictus suffisant et snob maintenant que je connais le salaire de quelques uns des clients de la boutique de cartes. Les mecs qui gagnent genre 3000 4000 5000 balles par mois et qui viennent le week-end échanger et acheter des cartes pokemon. Alors les gueux dans la rue qui resteront dans leur misère sociale et sans Pikachu Van Gogh uh uh uh.

Paige

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Il y a 18 jours

Plus t'es riche, plus tu peux avoir des passions qui semblent " inhabituelles ", dans le sens où tu te fais plaisir à toi - sans être dans le paraître. Je sais que j'adore m'acheter des Rouge à lèvre de luxe, mais à part moi, personne sait que c'est un Dior / Yves St Laurent et non une marque Repère de 4€. Pourtant, je suis contente de ma " collection " de maquillage.

Leo Degal

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Il y a un mois

Il fait vraiment pas envie, Arthur, misère. Je me demande ce que Nina lui trouve, moi 😂

Arca Lewis

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Il y a un mois

Ils ont les mêmes centres d'intérêt (hors complotisme 😅) et les mêmes sujets d'étude quand ils étaient en doctorat. Ensuite c'est leurs passifs respectifs mais je ne veux pas spoiler. 😛

Gottesmann Pascal

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Il y a 2 mois

Il est joli le début de romance Arthur/Nina. Ça amène de la douceur au milieu des fake news

Arca Lewis

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Il y a 2 mois

Nina c'est clairement sa lumière dans l'obscurité. Sans Nina... disons que ce serait plus compliqué.
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