Fyctia
Chapitre 49 SUR LA ROUTE
Il marque un temps d'arrêt, il se rappelle que cette information n'est pas vraie...
- Enfin, manger au Fastfood avec Shirley, ne compte pas...
- Votre fiancée, Marny, c'est d'elle dont vous parlez ?
-– Oui, pendant de nombreuses années, je me suis empêché de tomber amoureux pour préserver son souvenir, je voulais payer les cinq ans de son agonie…. Et puis il faut croire que…
– Je sais de quoi vous parlez cher lieutenant, ça fait je ne sais combien d’années que je cherche la raison du suicide de John… c’est pour ça que je suis devenu psy, mais c’est vrai que la vie est ainsi faite…
– Je n’ai jamais été aussi proche de quelqu’un d’autre ! Enfin ! Bien évidemment, il y a eu Jerry et Shirley, mais c’était de façon différente ! Et pourtant la vie me les a aussi arrachés tous les deux…
– C’est pour cela que vous étiez frileux, mais rassurez-vous, je ne vais pas mourir demain, enfin, j’espère !
– Vous avez raison Helena, pensons à l’avenir ! Il se plonge dans ce regard et il en devient presque heureux ! En plus, avoir la belle doctoresse à sa table, flatte son égo, il peut faire pâmer les barons du tout Torboro, même ici dans le somptueux salon Louis 16 du restaurant français de L’orangeraie.
Dire que la nuit a été courte est un pléonasme, pour chacun des quatre voyageurs se rendant à la rencontre d'un supposé tueur en série, la nuit n'a pas été des plus apaisées. Pour Helena, c'est l'absence de corps à corps avec Eddy Thomas qui lui pèse, pour Hank, c'est plus le fait qu'il a la conviction que tout ce voyage ne sert à rien, il ne peut pas le dire aux autres, mais il le sait. Pour SC, c'est totalement l'inverse d'Helena, lasse d'attendre le bon vouloir de Montclart, elle a répondu aux avances explicites du jeune Billy Fox, le petit gars employé du journal, elle aurait même pu se taper le vieux Lawrence s'il n'était pas aussi gay qu'un sac à dos. Montclart, lui, a vécu une nuit studieuse, d'abord en ayant tapé et envoyé son rapport quotidien à sa hiérarchie en n'omettant aucun détail, puis en imaginant encore plusieurs scénarios en fonction de l'entrevue d'aujourd'hui. Il faut reconnaître que la mort de Noah Tembrody avait ouvert dans un coin de sa tête une nouvelle piste à creuser.
Arrivés à Emporia nos quatre amis ne prennent même pas le temps de savourer un café, ils vont directement au commissariat. Conformément aux ordres du Shérif, SC serait présentée comme une consultante et non pas comme une journaliste, Thomas craignant qu’on lui interdise l’entrée du poste de police. Montclart et Hank procéderont à l'interrogatoire, pendant que les deux femmes resteront derrière une autre glace sans tain. Le policier en charge du dossier Boundy est un latino assez musculeux du nom de Riego Morales.
SC Observe de loin l’homme assis en face d’elles, les mains menottées, il n’a pas l’air si méchant que ça.
– Alors c’est lui Ted Boundy ?
– Oui, c’est-ce gars !
– Il aurait tué quelqu’un ?
– On lui donnerait le bon dieu sans concession, hein ?
C’est vrai qu’il n’a vraiment pas l’air terrible !
- Vous savez, son modèle dans la vie n’avait pas l’air méchant lui non plus, pourtant c’est un des tueurs en série les plus connus !
- Ah bon et de qui vous parlez ?
- De Ted BUNDY, le Ted Bundy, vous n’avez pas vu l’allusion ?
- Ah !? Et alors ?
- Ce gars qui n’est pas bien malin s’est aperçu à un moment que son nom et celui du tueur en série se ressemblaient, il a cherché tout ce qu’il pouvait trouver sur son idole et il a voulu lui rendre hommage. Enfin à ce qu’il prétend !
- Ouais, encore un de ces tordus de première !
Elle fixe toujours du regard l’homme assis en face de Montclart. Elle a hâte de connaître l'avis d'Helena. Hank et Montclart vont jouer là la traditionnelle carte du bon et du méchant flic. Comme convenu, c’est Hank qui attaquerait en premier, façon "bon pote".
– Bonjour Monsieur… Boundy Je peux vous appelez Ted ? Je suis Hank, Hank Jones !
– Et Alors ? Qu’est–ce que vous voulez que ça me foute ?
– Rien, mais mon partenaire et moi–même sommes chargés d’une affaire de meurtre dans le paisible comté d'Agecombe en Caroline Du Nord…
– C’est parce que j’étais dans le coin il y a quinze jours que vous venez me voir ?
– En effet….
– Et bien, oui, c'est moi, c’est moi qui les ai toutes buté ces salopes, toutes !
Montclart dissimulant un éclair de rage intervint
–Ah oui ? Tu sais que tu vas en prendre pour perpette mon petit pote, faudrait voir à argumenter ! Comment tu as buté les autres, je m’en carre ce que je pense, ce qui me brancherait de savoir, c’est comment tu as tué Vilma Hamilton ?
– Qui!? Ah c'est comme ça qu'elle s'appelait, cette morue !
– Un peu de respect ...
– Oui votre petite victime, comme les autres, je l’ai poignardée et foutu dans une espèce de lac…
– Pourquoi elle ? Tu la connaissais ?
– Je rôdais près du camp militaire, je l’ai vue arriver en bagnole, elle semblait pressée. Elle ne m’a même pas vu, je l’ai assommé, je l’ai flanquée dans la bagnole, puis j’ai roulé au hasard jusqu’à une espèce de clairière. Je me suis un peu amusé avec et puis quand j'en ai eu marre, je l’ai butée là et je l’ai transportée jusqu’au Lac….
Montclart ne semble pas très à l’aise. Comment connaît–il ce genre de détails ? Mais pourtant Pour Helena, il y a quelque chose qui sonne faux…. On dirait qu'il récite sa leçon ! Hank quant à lui arbore un profond sourire…
– Bon je vais tout de suite prévenir le Shérif que l’affaire est bouclée.
–Tu….
Montclart lui emboîte le pas…
– Écoute, Hank je sais que je suis un petit nouveau, mais j’y crois pas à ce truc, c’est trop parfait !
– Jarvis, je sais que je n'ai pas ton intelligence, mais tu crois vraiment que j'ai gobé son histoire ?
J'ai eu peur, oui !
– Je ne sais pas si ce gars est un sordide tueur en série, mais c'est certain qu'il n'a pas buté Vilma !
– Il doit peser quarante–cinq kilos, tout mouillé, Vilma l'aurait assommé avec deux gifles !
– Qu'en pensez–vous Docteur ?
– Je vais vous dire un truc bien clair ! Ce type est un mythomane, je suis certaine qu’il n’a rien à voir dans le meurtre de Vilma et encore moins dans l’agression de Lara Fandells !
– Nous sommes d'accord avec vous !
– Mais pourquoi ?
– Pour deux raisons SC ! Premièrement : il n’a pas parlé des tortures et deuxièmement : Allez donc trouver un camp militaire à Mecclesfield ! Et même dans les cinquante bornes à la ronde, inexistant !
– Mais pourtant il a bien tenté d’assassiner une jeune femme ici !
– D'après moi, il voulait rendre hommage à son idole, le vrai Ted Bundy, et en plus, il l’a raté… Non avons perdu notre temps, mais je crois, en le regardant sourire comme un bienheureux, que le laisser s’imaginer que nous avons gobé ses sornettes le fait doucement jouir ! Malgré tout, agent Morales, il vaut mieux que vous le foutiez en taule pour un bon bout de temps ou au moins dans un asile.
– Vous avez sûrement raison !
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