Fyctia

 Un cri de rage émerge du bureau, c'est raté ! Eddy Thomas y avait cru. Un peu ! Mais ils étaient tous d'accord, la résolution de cette foutue affaire ne se trouve pas à Emporia ! Montclart a encore une de ses idées dont il lui parlera quand ils seront rentrés.

J'aurais dû y aller moi-même.

Ce n'est pas qu'il aurait pu changer la donne, loin de là... Le coupable n’est pas Ted Boundy, un point c'est tout. Cela sans doute aurait été bien trop facile, il est vrai qu’il avait eu un doute dès le début, mais pour autant…

Il ressasse le rapport d’autopsie de Vilma de long en large, bien qu'il soit d'ores et déjà certain de ne rien y trouver de nouveau, il faut qu'il s'occupe les neurones, il est, si ce n’est anxieux, dans un état de nerf indescriptible, sous pression, bref furibard ! Ils traînaillent ou quoi !?

Quelques trop longues heures se sont écoulées, depuis l'entrevue avec Ted Boundy, Montclart et les autres ont hâte d'exposer au shérif les grandes lignes de leur plan. Thomas semble encore être sur les nerfs quand ils font leur entrée.

- Bonjour Shérif

- Bonjour !

- Comme nous nous en doutions, c'est un illuminé ce type !

- Mais nous avons eu une idée...

- Nous ne pourrons la mettre en œuvre qu'avec votre accord !

- Soit, je vous écoute …

- Sachez aussi que le poste de police d'Emporia est au courant et qu'ils se plieront à votre décision.

- Très bien !

- Notre idée, Shérif, c'est que SC publie un article dans lequel vous affirmerez clairement que Ted Boundy à avoué le meurtre de Vilma et l’agression de Lara Fandells. On prétendra aussi que la ville de virginie va l'extrader chez nous pour qu'il réponde de ses actes !

- C'est séduisant, Montclart !

- En fait Eddy, tout ça, c'est pour que le ou les vrais meurtriers se sentent plus tranquilles, qu'ils relâchent leur vigilance.

- Et que ceci le ou les pousse à commettre une erreur !

-Exactement !

- Bien entendu, seules les personnes ici présentes et le chef de police d'Emporia sont dans la confidence.

Toute la bande est allée accompagner Nick et le corps de Noah à l'aéroport de Raleigh. Nous restons un petit moment en ville, mais disons-le, ce n'est pas génial. Notre groupe est à nouveau amputé. Pour nous distraire, nous organisons une petite soirée jeux avec filles contre garçons.

– Oh non encore le téléphone !

– Bouge pas H, j’y vais ! Péniblement, mais j’y vais !

– Quelle heure il est ?

– La vache ! Sept heures du matin !

– Quel est le parfait abruti qui ose nous déranger de si bonne heure ?

– Peut-être ta chère tante qui n’a pas su calculer le décalage horaire entre ici et Nassau !

– Allo !?…

– Marsh grande nouvelle, ils l’ont arrêté !

– Hein !? Arrêté qui ?

– Le tueur, l’assassin de Vilma, ils disent que c’est lui aussi qui a voulu buter Lara !

– Quoi, Marlon, tu déconnes ? T'as su ça comment !? Ce n’est pas une blague ?

– Si c’est écrit dans le journal de ce matin !

- Alléluia, Allélu… H, tu sais les rumeurs de tueur en série, c’était vrai, ils l’ont eu ! 

-Pas possible !

- On va enfin avoir la paix !

Sur le moment, empli d'une profonde allégresse, je ne remarque pas que mon cher cousin ne semble pas être aussi heureux que moi !

L’article de S-C bientôt relayé par toutes les chaînes hertziennes du Piedmont appalachien réveille toute la Caroline du Nord ! Une sorte de frénésie s’empare de chaque habitant de la région, allant même envahir la capitale. Seulement, il y a quelques ombres au tableau. Néanmoins, c'est l'esprit serein que je me rends au club pour retrouver Max, Marlon et Sissi, H me dit qu'il doit aller voir Lara et qu'ils nous rejoindront plus tard. Nous sommes tous les quatre affairés à nous occuper de l'identification de nos poulains sauvages quand un de nos anciens clients qui nous avait lâchement abandonné au début revient vers nous pour nous demander si nous voudrions reprendre ses chevaux en pension. Je vous avoue que j'ai eu envie de lui dire d'aller se faire cuire un œuf, mais à quoi bon, nous savons que ses chevaux se plaisent chez nous et Sissi qui pourtant d'habitude à la dent dure, me dit que je devrais accepter et que peut-être ça ferait revenir les autres...

– Je ne crois pas que votre plan fonctionnera, il ou elle est trop malin, enfin à mon avis !

– Je comprends vos réticences, Harvey, mais j’abats là ma dernière carte.

– Écoutez, Montclart, je ne veux pas trop m’avancer, mais rien pour l’instant n’a pu confirmer mon intuition au sujet de qui vous savez. Malgré tout, je me demande vraiment comment gérer, si votre petite mise en scène ne produit pas ce que vous escomptez.

- Si le coupable, quel qu’il soit, ne se trahit pas, sans doute, qu’il ne se trahira jamais, mais au moins, nous avons réussi à coincer l'autre tordue de Renatee !

- Une bonne chose de faite, c'est certain ! Sur quoi le Docteur Dillinger s'est-elle basée pour fomenter ce plan ?

- Sur son expérience de comportementaliste…

- De toute façon, on ne risque pas grand-chose si ce n’est de laisser en liberté le véritable tueur…

- Je joue ma carrière sur un coup de poker !

Sissi avait vu juste, quasiment tous les déserteurs reviennent vers nous, c'est sûr que se taper une demi-heure de route pour aller jusqu'à Averetts, c'est chiant. J'ai prévu de faire beaucoup de choses aujourd'hui comme fêter dignement le retour de mes petits chéris de canassons tout autant que l’arrestation du tordu qui m’avait libéré de mon pire cauchemar. Moi qui croyais que Vilma était morte à cause du mal qu’elle avait fait aux autres, je reste quand même scié qu'en fait, elle avait seulement croisé la mauvaise personne au mauvais moment… C'était sans doute son karma ! Je ne sais plus que penser de ce type, il m’a rendu service, c’est certain, mais bon… J’aurais préféré une motivation plus substantielle… Je ne peux m’empêcher de penser que Vilma était amoureuse de moi et ce constat atténue, dans mon esprit, bien des choses… Je décide de demander à Lord Fandells puisqu'en ce moment, il m'a plutôt à la bonne, l'autorisation d'organiser une fête sur les bords de son étang, ainsi, je brave l'un de mes récents interdits. Je mets une limite à cela, impensable que je plonge un orteil dans ce bouillon de culture, j’ai l’impression que des gouttes du sang de Vilma stagneront à vie entre deux eaux, et cette pensée me fait frissonner.

Enfin ! Après toutes ces épreuves, elle a pris la décision, elle pourra passer à l’étape 2 de son plan, elle en finira avec ce pauvre petit loser… Elle est certaine qu'il l'aime encore, mais cela ne peut plus durer, elle veut vivre au grand jour… La déclaration de ce foutu tueur en série qui a avoué le meurtre de Vilma lui a donné du baume au cœur et dire qu'elle pensait encore en avoir pour six mois… Elle se revoit à l'époque bénite de leur rencontre à cette foutue boom sordide de Mary Peters. Oui, lui aussi était prêt à tout dire, à tout révéler, il l’aime… "Je vais clore ce chapitre le week-end prochain" se lance-t-elle à elle-même.