MAISIAM SEMES VILMA Chapitre 38 DON DE SOI

Chapitre 38 DON DE SOI

C'est la voix de SC que nous entendons. Je suis incapable de comprendre son intonation, en fait, j'ai peur !

- Marsh ? Tu m'entends ?

- Oui SC, allez-y j'ai mis haut-parleur !

- Je viens donner des nouvelles ! Mlle Fandells est sortie du bloc, l’opération s’est merveilleusement bien passée, le Docteur Müller a réussi à ‘colmater’ la perforation du poumon droit. Mais hélas, elle a perdu beaucoup de sang, et les réserves de la clinique sont à sec ! En plus et pour couronner le tout, votre amie s’avère être du groupe être O négatif, elle ne peut recevoir que de son sang et ils n'en ont pas assez !

- Merde, le sang le plus rare fait chier !

- Oui H, c'est bien vous ? Ils vont faire appel à d’autres centres médicaux, mais ça peut prendre quelques heures, et tout peut arriver…

- Oh mon Dieu, elle risque de mourir…

- Non Max ! J'ai la solution !

- Quoi ?

- SC, dites aux toubibs que j'arrive, c'est urgent !

- Pourquoi faire Marsh ?

- Je suis O négatif aussi, il faut prendre mon sang.  Ça lui permettra de tenir jusqu’à l’arrivée du sang des autres cliniques !

Tous les regards braquèrent sur moi, comme si j’étais le messie. Qu’avais-je osé dire ? Je ne m’étais pas vu réagir, comme si mes lèvres avaient bougé indépendamment de moi.

- Je transmets l'info, Marsh !

- Marsh,   c'est Montclart ! Hank est avec vous ?

- Oui, je suis là !

- Accompagnez Marsh, mais laissez le plus de monde avec les autres, on a perdu la trace de Renatee !

- Compris ! Marsh, on y va.

Tout va très vite, mes amis m’encouragent avec des tapotements dans le dos et des embrassades. Là, je vaux plus que L’homme qui valait trois milliards, et je deviens le héros de ces dames. Ce n’est pas pour me déplaire, sauf qu’une fois dans la voiture avec Hank, je perds d’un coup tous mes galons et lauriers. Que va-t-il se passer encore ?

Il pleut en trombe. Une de ces pluies d’été qui fait remonter la poussière du bitume et donne à l’air cette drôle d’odeur. Il me semble qu’on roule depuis des heures, je ne me calme que quand je vois les néons bleus électriques de cette maudite clinique. Maintenant que j’y pense, j’en ai vu bien des gens arriver là, H, Marlon et d’autres qui n’en sont jamais sortis comme ma petite Shirley et le vieux Gus, mon voisin qui me gardait parfois quand j’étais mioche et grâce à qui j’ai appris à faire du canasson, emporté par une attaque cérébrale et maintenant Lara. Je me retiens de penser que peut-être un jour moi aussi, j’y mourrais dans ce fourbi… Je chasse ces sombres idées et je me concentre sur Lara et sur ce qu’il va advenir d’elle après ma courageuse intervention. Un docteur nous accueille, mis au courant de l’affaire, il m’entraîne rapidement à la salle de prélèvements. Je pénètre seul dans la pièce, lâchement abandonné par Hank qui préfère patienter à la porte. C’est véritablement un exercice de force, pour moi, car en plus du noir, de l’orage et des crapauds, j’ai une sainte horreur des piqûres (ouais, j’avais oublié ça tout à l’heure). Il me faut donc braver une autre situation périlleuse. Et pour me rassurer, je me mets à fantasmer sur les généreuses proportions de l’infirmière qui viendra me vider de mon fluide vital… Je déchante à la vue d’une espèce de grosse dinde, boudinée dans une blouse sur le point de craquer, qui fait son entrée avec un air pincé. Je suis pris de panique quand je m’aperçois que l’aiguille qu’elle tient fermement doit, de par sa taille, servir à piquer les vaches, tellement elle semble longue et grosse. Je me mets à penser que ce doit être un psychopathe déguisé, prêt à m’embrocher sur place. Je sens un cri monter dans ma gorge, je me vois l’assommer, lui rentrer dedans, ou m’évanouir. C’est, bien pour une bonne action ! C’est pour une bonne action ! C’est… Haaaank, au meurtre ! Je serre le poing très fort et détourne le regard, quand l’autre sadique m’enfonce l’aiguille de perfusion dans le bras. Je sens que je vais tourner de l’œil, et l’infirmière m’informe, sûrement pour me motiver, que j’aurai droit plus tard à une collation. Finalement, elle n’est pas si méchante que ça, la madame.

En vérité, c'est surtout l’image de Lara, recevant mon sang, qui parvient à me faire oublier la douleur de ma torture. Lara, unie à moi par le sang… Cela ne m'empêche pas de perdre connaissance !


Plus tard, quand j'émerge, je suis ravi d'apprendre que Lara est hors de danger, et je me sens plus heureux que fier. Dans la salle d’attente, aux côtés de Montclart SC et Hank, je savoure le chocolat chaud et les viennoiseries que l’on m’avait promis, et pour lesquels j’ai risqué la moitié de mon sang. N’avez-vous jamais ressenti le regard insistant de quelqu’un sur vous, de façon intuitive ? Eh bien moi, durant ce moment de relative tranquillité, j’éprouve comme une pression derrière la nuque, l’intuition étrange qu’un événement terrible va encore me tomber sur la gueule. Paranoïa ou petite intuition ?


La forme noire s'extirpe de sa cachette, il est évident qu'il va suivre les conseils de son frère, un petit motel sympa à Rocker Mount pas question de mettre à mal leur nouvelle relation fraternelle, et puis il y avait de quoi faire dans cette ville, plus que dans ce patelin paumé ! Il est encore très tôt et il se demande s'il va trouver une âme charitable pour le prendre en stop, car marcher pendant six heures est au-dessus de ses forces...


Elle s’affaire dans la toute petite chambre qu'elle a réussi à trouver pour fuir la surveillance de ses maudits flics. Elle a tout mis au point, elle va régler son compte à ce petit morveux insipide, mais il ne s'y attend pas le moins du monde, choisissant avec minutie la tenue qu’elle va porter. Ignorant tout du drame qui s’est joué la nuit précédente à seulement quelques petits kilomètres et de toute façon, si elle avait été au courant, sûrement qu’elle s’en serait réjouie… Une fois vêtue, elle prend une brosse et, devant la coiffeuse, se peigne soigneusement, décidée à laisser ses cheveux blonds délavés sur ses épaules. Ensuite, elle passe sur ses lèvres charnues un rouge très brillant, à la limite de l’indécence. Sa préparation terminée, elle s’admire et, satisfaite du résultat, envoie des baisers à son reflet. Quelle preuve de mauvais goût ! C’est vraiment un laideron repoussant !

Tu as aimé ce chapitre ?

5

0

0 commentaire

Vous êtes hors connexion. Certaines actions sont désactivées.

Cookies

Nous utilisons des cookies d’origine et des cookies tiers. Ces cookies sont destinés à vous offrir une navigation optimisée sur ce site web et de nous donner un aperçu de son utilisation, en vue de l’amélioration des services que nous offrons. En poursuivant votre navigation, nous considérons que vous acceptez l’usage des cookies.