Fyctia
Chapitre 37 COUP DE SANG
– Donc ! Vous avez fait un cache-cache ! Tu es sûr que personne ne l’a suivie dans sa cachette ?
- Oui ! C’était la règle : personne dans la même cache qu’un autre.
- Et personne n’aurait entendu de bruits suspects ? Où étiez-vous chacun ?
- Moi, j'étais là, dans le placard de l'entrée, avec ma patte folle, je ne peux pas aller trop loin !
- Bien sûr ! Et vous Max ?
- Moi, je vais toujours au même endroit, enfin presque, là, je me suis cachée dans la bibliothèque derrière le fauteuil crapaud !
- Marsh ?
- C'est moi qui comptais, j'étais dans l'entrée !
- Marlon ?
- J'étais aux chiottes, je coulais un bronze !
- Sissi ?
- Il n'y a rien d'original, j'étais sous notre lit !
- Nick ?
- Je ne sais pas si je peux le dire !
- Pourquoi ?
- Ce n'est pas très légal ! Je me roulais un joint sur la terrasse…
- Très bien...
La forme noire terrée dans son grenier voit l'ambulance emmener l'un des amis de son frère, il hésite à se montrer, mais se ravise, prenant conscience de la gravité de la situation et des risques encourus pour tous les deux. Cela fait maintenant quasiment trois mois qu'il a retrouvé ce frère absent, qui lui manquait, au début celui-ci ruminant de vieilles rancœurs ne voulait pas entendre parler de lui, mais depuis trois semaines, ils se sont rapprochés, il n'a pas compris pourquoi son frère insistait pour garder le secret de son existence, mais il accepte pour ne pas le reperdre. Il sait que s’il se fait prendre alors qu'il est en cavale, il retournera tout droit dans l'Iowa purger sa peine, et il n'est pas prêt pour ça.
La discussion continue de plus belle dans le salon
- Je ne comprends pas ! S'exclame Sissi, effondrée. Qui a pu faire ça ? Malgré la présence de toute une équipe de gardiens, quelqu’un a dû entrer ici !
- C’est vrai ! Ajoute Nick. C’est de la folie d’imaginer qu’on a peut-être passé la soirée avec un malade dans la cave !
- Arrête ! Panique Maxine. Tu me fous la trouille ! Moi, je veux partir d’ici.
- Parce que tu crois être en meilleure sécurité dehors ?
Harvey a raison. Où était le lieu sécurisant, maintenant ? Y en avait-il un quelque part ? On perçoit des sirènes chanter, puis des claquements de portières, des éclats de voix, et des bruits de pas qui accourent, c'est le shérif Thomas assisté par le docteur Dillinger. Son regard est noir, il semble en vouloir à tout le monde ! Je ne l'ai pas vu aussi sombre depuis la mort de Shirley. Est-ce que c'est parce qu'il s'agit de Lara, la belle-fille du mec le plus riche de la région et par conséquent le plus influent ? Je ne sais pas pourquoi, mais Thomas nous demande de nous soumettre à des prélèvements ADN, qu'espère-t-il ? Que si le coupable est parmi nous, il se défilera ! Non ! Personne n’affiche de stupéfaction ou d’embarras, pas de tic nerveux, ni de visage blafard trahissant la culpabilité. Bref, aucune objection, aucun tremblement suspect, je suis rassuré ! J’observe du coin de l’œil Montclart, qui ne manifeste aucune expression. Reste-t-il malgré tout sur ses gardes ? Dans ma tête, je n'ai qu'un seul suspect, ce foutu CQS et ses lettres tordues. La tension retombe un peu et je sens que H ne peut plus se contenir.
– On aimerait aller à voir Lara, maintenant !
– Je vous comprends ! Mais… Je ne pense pas que ce soit très prudent ! Le vidant est bien trop grand pour que notre protection soit vraiment efficace !
- Ah bon ? Et vous trouvez que c’est mieux de rester ici alors que c’est ici qu’elle s’est fait poignarder ! Vous parlez d’une putain de bonne protection !
- Nick… Du calme !
- Mais putain Marsh...
- Vous pensez plus que c’est de nous que vient la menace, Shérif !
- Loin de moi cette idée, Monsieur Malloy ! C’est seulement la procédure habituelle que de faire ce que je fais. Chaque personne sur les lieux d’un crime doit être entendue. Et ici, le but est de vous disculper au plus vite, pour que nos recherches s’orientent ailleurs.
Tout le monde, moi le premier, se sentirait blessé par les soupçons du Shérif. Mais en mon for intérieur, j’ai foi en mon groupe. Et foi en moi. Thomas, Montclart et SC se rendent à la clinique en nous promettant de nous tenir informés et nous demandent de nous reposer. Parce qu'ils pensent qu'on va pouvoir dormir, vraiment ? Des policiers terminent leur perquisition, apparemment, aucune arme blanche suspecte ne fut trouvée dans la maison. Hank, Wendy et deux autres agents prennent place dans notre gîte, d'autres continuent de fouiller les environs à la recherche de l'individu suspect qui rodait un peu plus tôt. Nick tourne en rond... il s'énerve.
- Bon, je vais aller faire un tour, j'en peux plus, j'étouffe !
- Nick reste là, c'est trop dangereux !
- Je vais juste voir les canassons !
- Je viens avec toi !
- Non Marsh, s'il te plaît, j'ai...
- Envie d'être un peu seul !
- Ouais merci !
- Vous avez vingt minutes, pas une de plus.
- OK, Hank, je vais faire gaffe.
Nick n'a pas envie de retourner tout de suite au gîte, il a besoin de calme, de réfléchir et il doit absolument régler une chose, cette chose, il n'en a parlé à personne, même pas à Sigourney, c'est pour cela qu'il n'a pas voulu que Marsh l'accompagne. Ceci, il doit le faire seul ! Et une fois cette besogne indispensable réglée, il va s'accorder un peu de repos, juste cinq minutes de calme absolu, même s'il doit marcher longtemps, il veut ses cinq minutes, il en a besoin. Nous apprenons grâce à Wendy, restée avec nous que les parents de Lara, avertis du drame, reviennent plus tard en jet privé du Canada. Pour ma part, je ne suis toujours pas disposé à prévenir les miens, car bizarrement, je me sens responsable de quelque chose.
J’ai dû faire trois kilomètres, en arpentant de long en large le séjour. Tout le monde se tait, les yeux baissés. Lara doit être au bloc opératoire, luttant contre la mort, je l’encourage en pensée. Franchement, nous sommes tous épuisés, mais il faut que nous restions en éveil. Pendant une heure, nous nous réconfortons les uns les autres, pariant sur la force et le courage de notre Crazypony pour se battre. La sonnerie de mon portable et un éclair retentissent en même temps, je décroche, prêt à entendre la pire des nouvelles et j'enclenche haut-parleur !
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