Fyctia
Chapitre 34 COMME DES GOSSES
Aussi, quand la fameuse idée a germé dans la tête de Lara, j'ai entrevu le moyen de détendre l'atmosphère. Oui, pourquoi ne pas organiser une fête pour le retour d’Harvey ? C’est vrai que le contexte ne s’y prête pas vraiment, mais après concertation, la volonté de décompresser prend le dessus. Et peut-être qu'on pourra retrouver notre complicité d’antan ! Le retour de mon cousin, étant programmé pour dix-huit heures, nous devons nous grouiller si on veut être prêts ! Lara somme Montclart, bien que de repos cet après-midi, de lui fournir tout le nécessaire à l’élaboration d’une grande fête. Pour ce qui est de la bouffe, c'est SC, assistée de Wendy et d’Hank qui nous concoctera un buffet pantagruélique ! Eh, bien, c'est certain que je n'aurais pas imaginé tout ça, d'abord, je suis surpris par le petit agent du FBI qui n'a pas lésiné, il a tout rapporté en moins de deux heures ! En à peine quatre heures, la maison ressemble à un véritable chant de bataille, sur le sol jonchent plusieurs cartons de décorations diverses, et dans la cuisine, on ne compte plus les plats de petits fours et toasts qui me font baver en coin. Lara, en parfaite cheftaine, prend la direction des opérations, et chacun s’attelle consciencieusement à la tâche qu’elle nous attribue. Enfin presque tout le monde, Marlon entame avec Nick une bataille de cotillons. Nous voir en train de batailler déclenche la colère de « la nouvelle patronne » Lara, elle hurle que rien ne sera prêt à temps si nous continuons à nous conduire comme de stupides gamins attardés, mais après avoir reçu une boulette dans l’œil, elle asperge Max à coup de bombe à serpentins. Bon, une fois le calme revenu, ça fait quand même du bien ! Nous finissons de tout préparer juste à temps, et alors que je m’évertue à écrire sur une immense banderole jaune « WELCOME HOME HARVEY », je remercie intérieurement Lara, son idée nous permet de faire une trêve, une vraie pause dans nos vies bousculées. Il fait beau, le soleil traverse les différentes pièces de ses rayons chaleureux, la maison, ornée de guirlandes et de ballons, prend des couleurs chatoyantes, et Sissi me sourit enfin, le tout dans une ambiance bonne enfant. Je ne pense plus à rien d’autre et me sens presque heureux. Dix-huit heures et trois minutes. Un véhicule de police fait halte devant la maison. Aussitôt, tout le groupe se presse dehors, et c'est sous des applaudissements et sifflements qu’Harvey, assisté du Shérif Thomas, sort de la voiture. Des cannes le soutiennent, toujours la cheville plâtrée, et hormis quelques séquelles d’œdèmes au visage, il est hyper souriant, visiblement heureux de notre accueil. Je me précipite sur lui, le serrant fort contre moi au risque de le faire s’écrouler par terre et, chacun leur tour, les autres se disputent ses bras. Lara se montre étrangement timide, un peu en retrait. On aide mon cousin à monter les marches, menant au perron de la maison, et à la vue des efforts fournis pour l’accueillir comme un prince, il ne cache pas son émotion. Toutes ces décorations le laissent pantois, et quand je lâche que Lara en est l’instigatrice, il lui décoche un regard surpris et… tendre.
Malgré la liesse de la petite, bande, elle se sent seule, bien qu’ils aient réussi à se frôler l’autre jour, il lui manque et le savoir là, à quelques dizaines de mètres la frustre encore plus… Elle peut voir les autres s’amuser, mais elle est ailleurs, pas dans le ton… Il faut qu’elle trouve le moyen de se séparer du problème numéro un et ça ne sera pas facile, pas facile du tout ! Et puis le temps presse ! Bon ! Il faut revenir au monde des vivants, peut-être que pendant qu’ils dormiront tous ? Advienne que pourra !
Tout le monde s’empiffre ou se bourre la gueule à coup de sodas et jus de fruits, Lara a décrété que ce serait une soirée sans alcool, clope et drogue, tout ce qui est marrant a objecté Marlon. Les discussions sont animées, sur fond de musique rock des Red Hot Chili Pepper. Soudain, je songe à nos pauvres anges gardiens, de l'autre gîte, je prépare deux plats que je garnis de plusieurs toasts, fruits et autres victuailles et je sors pour les faire participer à la fête, mais ils n'ont pas besoin de moi, SC a prévu assez larges pour qu'ils aient tous de quoi se sustenter, et à première vue, l'interdiction d'alcool et cigarettes ne s'applique pas à eux ! Je rebrousse chemin, mais je ne sais pas pourquoi, je sens qu'on m'épie, je presse le pas, engouffrant au passage trois toasts de saumon fumé. Quand je rentre, je suis un peu mal à l’aise, tout le monde semble se divertir, et moi, je songe de nouveau à Vilma. Je m’affale aux côtés de Sissi, qui est en grand bavardage avec Harvey. Bizarrement, le drame qu’a vécu mon cousin lui permet de s’extérioriser, de s’affirmer davantage, et cette récente entente avec ma Sissi fait renaître en moi une pointe de jalousie. Sissi ne prête pas attention à mes appels du pied et bien ! Par vengeance, j’entraîne Lara dans un slow langoureux. Mais tout à coup, Marlon éteint la musique et propose avec un énorme enthousiasme de faire une partie de cache-cache. Évidemment, il est hué, et nous lui jetons des boules de pain de mie à la tronche. Ce n’est plus de notre temps, cette connerie ! Sissi pourtant se montre intéressée et suggère même d’apporter une variante à ce jeu : le combiner avec celui du cadavre dans le placard ! Chaque personne trouvée devra dire une vérité ou subir un gage. C’est bien une idée de fille, ça ! Me revoilà tombé en enfance, à l’époque des feux de camps.
Cette proposition pimente l’intérêt de tous, et Harvey insiste pour être le premier « chasseur. » Il se colle à la porte d’entrée. Vu son état avec une patte folle, sa traque ne sera pas aisée. Il va sûrement se traîner et nous retrouver roupillant en chœur ! Tandis qu’il commence à compter, on quitte l’entrée assez bruyamment, nous précipitant pour occuper la meilleure cachette possible. Respectant les règles, nous nous cherchons une cache personnelle, et l’on entend des réflexions comme « Tu ne vas pas dans l’armoire de la chambre, moi, j’y vais ! », etc. Drôlement discret. Moi, j’ai un avantage sur les autres, connaissant la maison par cœur.
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