Fyctia
Chapitre 26 SAC DE NOEUDS
À l'évocation des lettres, SC, en désignant les missives de CQS, demande à Lara si elle croit que cela peut venir d'un des membres de la bande. Avec conviction, Lara répond que non. L'entretien est clos, aucune charge ne peut encore être retenue contre Lara. Pourquoi Montclart a-t-il choisi de ne pas évoquer le journal intime de Vilma ? Pourquoi n'a-t-il pas été plus incisif ? SC ne saurait le dire, en tout cas, maintenant qu'elle les a tous vus et entendus, elle ne peut s’empêcher de ressentir une impression bizarre ! Son flair légendaire lui dit que quelque chose sonne faux, dans cette bande. Elle ne saurait dire quoi exactement, mais ça cloche quelque part. En tout cas, celle surnommée Crazy Pony est moins dure que ce qu'elle veut bien nous laisser voir. H me prévient qu'il a été convié à passer la journée et la soirée avec Lara. Il me dit que son entretien avec Montclart s'est bien passé, mais qu'elle a besoin d'un peu de repos. Lord Fandells a dû encore poser ses règles. Je suis surpris qu'il consente à accueillir mon cousin dans sa sphère privée aussi facilement. Le reste de la bande et moi avons encore un peu de taf avec les chevaux, nous nous sommes mis d'accord sur ce point, les problèmes rencontrés avec ou à cause de Vilma ne doivent jamais être préjudiciables pour nos bêtes, qui en plus de notre gagne-pain sont aussi l'objet de notre adulation. Nick et Max déclarent quand même qu'ils sont rassurés que l'entretien de Lara avec FBI se soit bien passé, j'en suis content aussi, mais je m'y attendais. Nous arrivons au club et déjà les animaux témoignent de leur impatience, surtout ceux encore prisonniers de leurs boxes. Nous nous attelons à leur nourrissage, et autres besoins vitaux. Je ne l'aurais pas cru, mais en tant que président, j'ai eu une journée délicate, en effet certains de nos clients ont choisi de ne plus nous confier leur animal, ce n'est pas tant l'aspect financier, là, c'est plutôt parce que j'ai toujours maintenu une ambiance familiale ici et toutes ses défections me font l'effet d'un éloignement des membres de ma famille, Berty Duroc, un vieux bonhomme qui a mis ses deux superbes morgans chez nous me confie en privé, qu'il y a beaucoup de rumeurs qui circulent sur nous dans tout le comté. Des gens imbéciles pensent que nous ne sommes pas étrangers à la mort de Vilma, d'autres prétendent qu’après un tel scandale, nous serions contraints de fermer boutique et c'est dans cette éventualité que certains « clients » préfèrent nous retirer leurs animaux, d'après eux, il vaut mieux prévenir que guérir ! Ces propos ont tendance à profondément énerver ma petite Sissi, contrairement aux Malloy qui se résignent, elle estime que ces gens sont des crétins et que tant pis, qu'ils le fassent, mais qu'ils n'espèrent pas reprendre leurs places plus tard, ces ingrats ! Je comprends la réaction de Sissi, moi aussi ça me fait chier, mais je sais que je leur ouvrirai les bras quand ils reviendront... Il est tard quand je pars du club, seul Nick qui de toute façon loge sur place est resté avec moi, il n'est pas de nature expansive loin de là, mais pour une fois son silence n'était pas pesant. Au volant de ma mustang, je prends le risque d'envoyer un SMS à H pour lui demander où il en est, il me dit que la soirée s’éternise, qu'il me racontera tout demain. Je n'ai pas envie de rentrer à la maison, tout seul. Je n'ai pas sommeil, je me sens presque prêt à faire un marathon, ou à éplucher dix kilos de pommes de terre. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai une pulsion subite, au lieu de continuer tout droit sur Pinestop Road, je bifurque à gauche sur Maccripane, je ne vais pas déranger H et Crazypony, mais, j'ai besoin de voir l'étang, après tout, j'y suis déjà plusieurs fois allé en douce. Je sais, j’ai des idées un peu connes parfois, mais quelque chose me pousse à m’y rendre ! Au-delà de la curiosité. Attirance morbide ? Ou bien désir inconscient de mener ma petite enquête ? Et ne dit-on pas que le meurtrier revient toujours sur les lieux de son crime ?… Je me gare près du mur d'enceinte de l'est, il fait assez clair, mais je prends quand même une lampe de poche, si ça se trouve, ils ont refermé le portillon et ma ballade sera terminée. Non, le portillon n'est pas fermé, il n'est même plus là, à sa place une rubalise jaune estampillée POLICE. Je passe en dessous, je sais que ce que je fais est illégal, mais c'est plus fort que moi. Il faut que j’en aie le cœur net. Franchement décidé, je sais qu’en coupant au milieu des grands chênes verts et des épicéas pointus, la route va durer à peine deux minutes, bien sûr si je me fais gauler, je pourrai toujours dire que je suis venu voir mon cousin et mon amie. Alors bon, déjà sans les lumières tournantes qui d'ordinaire arrosent de leurs halos le parc à intervalles réguliers, la route a été un peu plus longue, je me suis paumé. Et c'est vrai qu'en plus, j'ai été un peu retardé par des formes oblongues et des yeux luisants reflétant la lumière de la torche. Sans aucun mal, j’identifie une harde de cerfs de virginie très fréquents dans les forêts de l’Amérique du Nord et que mes compatriotes de Pinestop chassent durant le mois de juin, au moins ici, on va leur foutre la paix. J'aperçois au loin la clairière et je commence à entendre les grenouilles, je ne suis plus très loin. J'arrive au bord de l'étang, ça pue, je suis pris de nausée, et, comme un film au scénario bien contrôlé, je me vois frapper Vilma de mon couteau… À propos, où est mon Spydero ? Je me vois ensuite traîner le cadavre jusqu’au bord de l'eau, l’y balancer et rire aux éclats en nettoyant mes mains ensanglantées dans l’eau fraîche. Tout s’est-il passé ainsi ? Je me représente bien la scène, mais ça ne peut pas être moi... Comme l'a dit le docteur Dillinger, je n'ai pas de couilles ! Ou alors, dois-je admettre qu'il existe une copie maléfique de moi. Je suis certain d’être resté au pieu après l’arrivée de H ! Mais en vérité, je ne suis plus sûr de rien. Les images de Vilma flottant entre deux eaux, puis reposant dans son cercueil, m’arrivent en pleine tronche comme des flashs de paparazzis. Je suis mal à l'aise, pourquoi ai-je besoin de me punir en venant ici ? Je sais que je dois me barrer de là, et pourtant je reste figé comme un con, j'entends des craquements qui viennent de ma droite, puis tout à coup une lumière aveuglante et une voix autoritaire me demandant ce que je fous là. Je ne peux pas distinguer la silhouette de la personne qui m'interroge, tant la lumière qu'elle me met en pleine tronche est aveuglante.
5 commentaires
Koryn Bay
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Il y a 2 ans
Blackat
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Il y a 2 ans
Nicole Pastor
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Il y a 2 ans
Nicole Pastor
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Il y a 2 ans
MAISIAM SEMES
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Il y a 2 ans