Fyctia
Chapitre 23 TARD DANS LA NUIT
Harvey me rassure encore avant de sombrer dans le sommeil et de se mettre à ronfler instantanément.
La nuit est déjà bien avancée et pour autant elle n’arrive pas à dormir, pourquoi s’intéresse–t– elle tant à cette affaire, c’est tellement différent…. D'habitude, elle s'efforce de rester en dehors de toute émotion, mais là, elle aime bien Marsh et sa bande, surtout le surfeur blond ! Elle a beaucoup de mal à éprouver de la sympathie pour la victime. Si ça ne tenait qu'à elle, elle se barrerait demain matin en disant que c'était bien fait pour l'autre peste, mais au plus profond d’elle-même, SC sait que tout ça n’est pas aussi simple, et qu'une seule semaine ne sera jamais suffisante… Elle se demande aussi ce que l'entretien avec Lara va donner, d'autant que Montclart a reçu l'ordre que tout se passe au manoir ! Ils pourront aussi interroger le garde chasse, les employés, bref, grosse journée en perspective, SC est certaine que même si la frêle Lara n'aurait eu que très peu de chances face à la sportive Vilma qui la dépassait de deux têtes et trente kilos, néanmoins elle a les ressources suffisantes pour se payer un homme de main ! En pensant à Montclart, elle se demande s'il est bien dans sa chambre, lui a eu droit au motel le plus cosy comparé à celui qu'elle occupe, quand ils baiseront ensemble, car ils le feront c'est évident, il vaudra mieux que ce soit là-bas. S'abandonnant à ses rêveries quelque peu salaces et à bout de souffle et de résistance, SC finit par s'endormir dans la chambre du Torboro Motel Inn. Encore une fois, j'abandonne ma chambre pour aller sur le perron, je pense à mes parents et leur bateau somptueux, je reste persuadé que j'ai bien fait de ne pas trop leur en dire. Je pense aussi que j'ai pris un peu de retard dans mes cours, qu'il ne faudrait pas que je foire mon année. Inévitablement mes pensées bifurquent sur le présent, je ne peux m'empêcher de me dire que l'année de Vilma, elle est bien foutue, que peut-être, elle aurait aimé finir son cycle d'études, peut-être dans une fac très lointaine où elle nous aurait fichu la paix. Je ressens que j'ai besoin de marcher un peu, de faire le vide, je traverse les champs rasés, et je me dirige sans même en avoir conscience vers le stade de base-ball et bien sûr vers Gay street, il est tard, pourtant alors que je franchis le portail, la porte s'ouvre sur la silhouette de Margaret qui me dit sans préambule qu'elle m'attendait... À chaque fois que je vais mal, sans que je le prémédite, mes pas me conduisent toujours au 799 Gray Street ! La chambre de Shirley encore intacte, comme si elle allait revenir, après toutes ces années, Margaret toujours amicale, toujours tendre, malgré la tristesse, depuis ces quatre dernières années, Margaret m'a toujours accueilli à bras ouverts, elle ne m'en a pas voulu pour le geste inconsidéré de sa fille, contrairement à moi ! Ni Margaret, ni Harry n'ont cru un traître mot des délires de cette psychopathe de Vilma, ils s'en sont voulus autant que moi de ne pas avoir vu la détresse psychologique de leur fille ! Qu'est-ce que j'aimais Shirley, même si j'aime vraiment Sissi, ça ne pourra jamais être pareil, jamais. Ça me fait du bien de repenser à Shirley, mais je ne peux m'empêcher de penser à Vilma aussi, j'ose les comparer, Margaret est compréhensive, elle n'a pas un seul mot plus haut que l'autre concernant Vilma, même si je sais qu'elle éprouve encore beaucoup de rancœur. La mort de Shirley a mis encore un peu plus de distance entre Harry et elle. Elle est souvent seule, lui parcourt les routes à bord de son camion, voir du pays, c'est sa thérapie. Je ne sais pas comment j'aurais réagi, moi, si j'avais perdu mes deux enfants... Oui deux ! Avant Shirley, ils avaient perdu leur fils Mike, atteint de mucoviscidose quand il avait six ans. Je laisse Margaret tranquille et je rebrousse chemin à travers les champs, la nuit est claire et la visibilité est assez bonne. Je sens comme des yeux posés sur moi, je n’aime pas ça. J'arrive à la maison, H ne s'est pas aperçu de mon absence. Je passe vite fait dans la salle de bain et finit par m'écrouler sur mon lit, dans quatre heures mon réveil sonnera pour une nouvelle journée... Neuf Heures, La nuit a été trop courte, Harvey ronfle encore. J’ai un peu de peine à émerger, avec une douleur lancinante dans la nuque. Je me rends compte que j'ai mis mon caleçon de nuit à l'envers. H se réveille et directement, il me demande ce que je suis allé foutre en pleine nuit dehors ? Je lui explique que je ne me sens pas bien, je n'arrive pas, malgré un combat intérieur intense, à m'enlever une dose de culpabilité dans ce qui est arrivé à Vilma, je lui dis aussi que je lui suis reconnaissant de m'apporter autant de soutien, mais que je comprendrais s'il préfère retrouver la stabilité de “La Ville des vents”. H parait outré de ma spéculation, il insiste pour me dire qu'il est bien mieux ici et que de toute façon, il y a dans ma petite cambrousse une affaire urgente qu'il aimerait bien mener à terme. Il me rassure en me disant qu'il ne parle pas de Lara, je n'y avais pas pensé. Bon en tout cas, j'ai des choses à faire, aujourd'hui et il décide de ne pas me quitter de l’œil. Mais il m'exhorte à essayer de ne pas penser à l'autre tordue de toute la journée.
Chez lui, Nick se réveille à peine. À ses côtés, Sigourney dort encore souriant dans son sommeil, ce qui la rend irrésistible. N’y tenant plus, il dépose un baiser sur ses lèvres douces, et se demande à quoi elle peut bien rêver… Peut-être de lui ? Il a prouvé être capable de tout pour elle, faire une totale abnégation de ce qui lui importe, mais la connaît-il vraiment ? L’amour peut être très fort, mais aussi très assassin. Ce côté mystérieux le séduit follement, elle symbolise l’incarnation de ses désirs les plus fous, et lui s’imagine déjà mari et père. Ils avaient pris un risque cette nuit… Être revenu au studio parce qu’il y faisait bien plus chaud qu’au gîte était une aventure bien risquée, et s'ils avaient été découverts ? Autant il aime Sigourney, autant il ne souhaite pas que leur liaison soit découverte trop tôt ! Afin de ne pas la réveiller, il sort du lit avec délicatesse et s’habille en vitesse. Le courrier est-il arrivé ? Nick quitte le studio et descend l’escalier menant aux écuries. Les chevaux piaffent d'impatience, ils n'ont pas encore eu leur fourrage.
1 commentaire
OréeSilencieuse
-
Il y a 2 ans