MAISIAM SEMES VILMA Chapitre 22 MANGER ET OUBLIER

Chapitre 22 MANGER ET OUBLIER

Les quatre hommes font bientôt lentement glisser le cercueil de Vilma le long des cordes pour le laisser choir doucement au fond de la fosse. Peu après, la file s’avance et, un par un, nous jetons une poignée de terre. Quand mon tour vient, j'ai du mal à me figurer que c'est fini, réellement fini, et une fois la terre jetée, je sens quelque chose monter en moi… Ce n’est pas de la tristesse, non, c’est autre chose. Le monde dans lequel jours après jours où Vilma nous tyrannisait est terminé, et nous voilà prêts pour le monde d'après. Je présente mes condoléances à la famille. Renatee, qui ne m’a jamais porté dans son cœur, et qui surtout pense que j'ai quelque chose à voir avec le meurtre de sa fille, me serre la main, en me remerciant d’être venu. Elle semble être là sans y être vraiment, comme un automate qui débite ses remerciements sans vraiment voir qui est en face d'elle, je m'attendais à un esclandre dont elle est coutumière, qu'elle me jette dehors même, mais non, c'est peut-être pour la première fois que je pense qu'elle ressent vraiment quelque chose. Je prends discrètement congé des Malloy, presque un an déjà que je ne suis plus venu, honteusement « infidèle », et je me présente sans fleurs à l’enterrement de son bourreau ! Devant sa tombe que j’époussette, j’étouffe quelques larmes, Sissi comble le vide de son absence, mais je sens qu’elle ne m’en veut pas. Je n’avais pas eu le temps de tout lui dire de son vivant, de lui faire comprendre que Vilma avait menti, alors pendant un an, je suis venu me confesser toutes les semaines… Puis mes visites se sont espacées… Un de ces moments où l’on songe à sa vie, où l’on se remet en question. Ma vie, ponctuée par ma famille, mes amis… et Vilma. Me sentant vide, je regarde la photo de mon amour passé, qui orne la stèle, et lui envoie un baiser d’adieu… Je t’aimerais toujours Shirley ! Je ne peux en déterminer la cause, mais je me sens observé, et par instinct, je regarde autour de moi… Cette impression grandit alors que je m’éloigne de la tombe de Shirley, nul doute, je suis suivi, mais « il » ne semble pas hostile. Je me retourne et je fais face ! Personne, peut-être est-ce que j'hallucine… Une femme portant le deuil sort d’une des allées adjacentes réservées aux enfants, elle passe devant moi sans me regarder… Imbécile ! Cette pauvre bonne femme, elle m’a foutu une de ces pétoches ! Quand je reprends mes esprits, je vois l'agent Montclart, SC, le Shérif Thomas et Le docteur Dillinger, ils me regardent. Ils se demandent sûrement ce que je fais là, je les salue, hausse les épaules et je pars, quand j'arrive sur le parking, j'aperçois Hank, il a le visage fermé et alors que je m'apprête à le rejoindre, mon portable sonne, c'est H. Je laisse sonner. Hank me serre la main, il m'explique être là en tant que flic et pas en tant qu'ex-petit copain. Je ne cherche pas à lui expliquer pourquoi je suis là, mais, je ressens le besoin de lui dire que je trouve bizarre d'être là pour cette raison, j'ai tellement détesté Vilma, j'ai tellement ri d'imaginer toutes les tortures que je pourrais lui faire subir... Pourtant, j'estime que ma place est là aujourd'hui à cause de ce que j'ai appris dans ce fichu journal. Hank me comprend, il comprend aussi Lara et Sissi qui ne sont pas venues. Hank me conjure de ne pas me bouffer la tronche avec Vilma, elle ne le méritait pas, elle ne me méritait pas. J'apprécie Hank, nous avons été de très bons amis, pendant quasiment toute ma scolarité, il était l'un des plus fidèles de mes camarades, mais là, il est presque un étranger, j'envie son assurance, malgré tout ce qui s'est passé...

Il doit repartir travailler, car malgré tout, il n'y a pas que l'affaire Vilma à Torboro.

Avant de moi aussi rentrer chez moi, je rappelle mon cousin qui doit s'énerver contre le peu de soins avec lequel mon père range ses outils pour réparer mon bolide à deux roues.


-Allô H, c’est moi, t'as essayé de me joindre ?

- Ce n'est pas que je veux t’alarmer, mais le frigo est vide !

- Mmm !

-Je me demandais si par hasard, tu ne pourrais pas acheter quelque chose à grailler !

-Moi aussi, j’ai la dalle H, chinois, italien ou burger ?

-Les trois !… Non, je déconne ! Mais bon, peut-être qu’au niveau budget, des maxi menus feront l’affaire.

- C’est moi qui offre H !

- Bon, puisque tu le prends comme ça ! Un maxi menu, frites, coca, avec un donut choco, pour moi !

- OK ! Je te ramène ça, je suis là dans trente minutes, ça marche ?

- Trente minutes !? Bon, j’essaierai de ne pas mourir de faim d’ici là…. Euh, Marsh ?

-T’as vraiment la fringale ?

-Une toute petite salade !?

-À tout de suite H.


À Torboro, j'ai le choix en ce qui concerne les burgers, en sortant du cimetière de Greenwood, je n'ai qu'à aller vers mon ancienne High school. Pour moi que ce soit le McDonald's, le Burger King ou le Shake'N'Fries, c'est pareil, que ce soit au niveau du goût, et des tarifs, je vais aller à celui ou y aura moins de monde... Burger King donc ! Le drive est bondé ! Je me gare et en entrant dans le restaurant, j'ai la vision fugace de voir Nick sortir, j'ai dû me gourer, il est plus du genre pizza ou chinois que viandard acharné...

Je reviens au bout d’une interminable attente en caisse, les plats étaient presque froids ! Ça n'empêche pas H de s'empiffrer, il veut même m'arracher mon burger des mains, car il trouve que je traînasse trop. Je l’avais imaginé plongé dans les jeux vidéos de ma console ou de mon ordi, mais c’est affairé au retapage, de ma vieille Honda que je l’ai retrouvé à mon retour chez moi.

- Bon, apparemment, ce que je trouvais insurmontable tout à l'heure, ne l'était sans doute pas finalement !

- C'est clair, y avait quasiment rien et puis les motos, ça me connaît ! Pour tout te dire, j'en ai braqué des tas à Chicago !

- Mais t'as quand même du vachement te casser la tête pour tout trouver à Pinestop !

- Euh non, j'ai dû aller à Torboro !

- T'as pris le bus ?

- Non, j'ai eu droit à un chauffeur et assistant !

- Qui ?

-Lara !

- Tu ne devrais pas trop la faire chier, H avec la pression que lui fout Fandells !

- C'est elle qui a insisté, Marsh, bon et sinon, comment c'était l'enterrement de l'autre tordue ?

Je ne sais pas vraiment quoi lui répondre, car c'est vraiment trop bizarre pour moi tous ces sentiments ambivalents, je lui explique que j'ai quand même de la tristesse qu'elle soit morte comme ça, même après tout ce qu'elle m'a fait ! Il me dit en engouffrant cinq frites que c'est parce que je suis quelqu'un de bien. Peut-être ! Après le repas, H me massacre à Tekken Quel que soit le perso que j'ai choisi. Je dois reconnaître que la journée n'a pas été bonne et j'ai du mal à me concentrer. Demain retour au club pour s'occuper des chevaux, ils m'ont manqué aujourd'hui. Jusqu'à ce que nous nous couchions, H ne cesse de me rassurer sur la situation, il est persuadé que l'agent du FBI et la rouquine bien gaulée vont résoudre l'affaire en trois coups de cuiller à pot !


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