MAISIAM SEMES VILMA Chapitre 14 ETATS D'AME

Chapitre 14 ETATS D'AME

Dès qu'il entre, il est interpellé par Bernie.

– Shérif !

– Oui, Bernie !

– Je viens de recevoir ce que vous m’aviez demandé, voici la liste des affaires non résolues à peu près similaires, dans tous les états de l’union, on est remonté jusqu’à cinq ans en arrière.

– Ah très bien ! Fais-moi un topo !

– Jeune femme assassinée et mutilée dans le Colorado, même cas à Reno, Albuquerque et Seattle. On a également une adolescente de seize ans, poignardée à la sortie d’une boite et laissée pour morte, qui a heureusement survécu tout près d’Austin. Voilà ce qu’il y a de plus proche, pour l’instant rien ne permet de relier toutes ces affaires et la nôtre.

– Non Bernie, rien ! Mais, si on a affaire à une putain de "serial killer", ça va saigner ! Il se ressert un énième café, qu'il boit à s'en brûler la gorge.

Il va dans son bureau toujours aussi perplexe et s’installe sur un des sièges destinés aux visiteurs, il détaille la liste un moment, puis relève la tête, plongé dans ses pensées. Peut-il ignorer que la victime était un monstre ? Peut-il oublier que lui-même la détestait ? Qu’il a été jusqu’à souhaiter sa mort ? Il pense vraiment que cette affaire va le pousser à enfin prendre sa retraite, tant méritée, c'est sûr que sa fibre d’enquêteur le titille encore, il ne va pas s'avouer vaincu, il faudra que l'on trouve qui est le monstre plus monstrueux que le Diable de Pinestop ! Pour chasser ces mauvaises idées, il se rappelle la terreur qu’il avait lue dans les yeux du garde-chasse, quand il lui avait raconté la découverte du corps, il trouvait affreux d’avoir moins eu pitié de la pauvre victime que de ce brave type en état de choc. Quelle honte, se dit-il… 


 – Je me suis levé tôt. J'avais absolument besoin de vous parler :  C’est horrible ! Si vous saviez comme je m’en veux !

– Marshall, tu n’as pas à t’en vouloir, rêver de la mort de son ennemie, c’est parfois apaisant. Rien ne nous y autorise, mais toi et moi savons que ça fait du bien.

– Mais, docteur… Est-ce que vous pensez que ça pourrait être moi ? Que j’aurais encore eu un trou noir ?

– C’est difficile à dire Marsh, d’ordinaire, les trous noirs, comme tu dis, te foutent en catatonie, et je n’ai jamais observé de cas de ce genre auparavant, mais en théorie ça peut être possible…

– J’aurais pu la tuer alors, sans m’en rendre compte ?

– Toi, comme les autres gens qu’elle prenait plaisir à persécuter ! Et, puis, je t’ai dit « en théorie », nous nous connaissons suffisamment bien tous les deux pour que je puisse te déclarer totalement innocent. Je suis à peu près certaine que même lors d’une pseudo-absence. Je vais utiliser ton langage, que tu n’aurais pas eu « les couilles » de faire ça ! Tu n’es pas assez solide Marsh.

– C’est bizarre, je suis à la fois soulagé de ce que vous me dites, mais en même temps…

– Oui ! Je vois tout à fait où tu veux en venir, je pense que ça t’aurait soulagé aussi de l’avoir fait !

– Vous savez Docteur, c’était vraiment quelqu'un de méprisable !

– Je sais ! Mais, crois-moi, elle ne valait pas la peine que tu fasses trente ans de prison pour elle !

– Vous avez raison Docteur, je me sens mieux ! Je vous remercie de m’avoir reçu sans rendez-vous, mais vous êtes la seule à qui je pouvais me confier…

– Ma porte te sera toujours ouverte Marsh.  Mais, de neuf à vingt heures !

– J’y penserais la prochaine fois, encore merci et à la semaine prochaine pour notre vraie séance !

– En attendant Marsh, essaie de te détendre les neurones ! 

Je me lève, et après avoir gratifié d’une solide poignée de main le docteur Dillinger, je sors. Comme à mon habitude, je rase les murs en scrutant la rue, je ne veux pas que des gens du village me voient sortir du cabinet du Docteur Helena Dillinger, Psychothérapeute, diplômée de l’université de Norfolk. Expert à la cour de Caroline du Nord. J’ai l’impression que tout le monde sait que ça ne tourne pas rond dans ma cafetière, et je ne peux pas supporter leurs regards concupiscents. C’est donc avec une certaine énergie que je me dirige vers ma voiture. Je ne peux refréner l’envie de me griller une clope, je tremble tellement que je dois m’y reprendre à trois fois pour l’allumer. Je mets mon portable en fonction et un petit texto me fait savoir que j’ai des messages sur mon répondeur. Le premier vient de ma mère qui me demande comment je vais malgré tout ce qui se passe, et qui s’extasie sur l’escale qu’ils viennent de faire, je ne sais trop où. Tant mieux qu'ils s'amusent. J'ai un autre message de la journaliste confirmant notre entretien pour onze heures et le troisième est de Sissi qui est un peu angoissée par ce que les flics auront à nous dire. On sera vite fixés. Nous avons décidé de venir tous en même temps un peu pour faire bloc, je n'en ai pas parlé à H ou au Docteur, mais, j'avoue que je suis encore sous le choc, je me demande quand va-t-on enfin me foutre la paix ?  


  Malgré toute l’amitié qu’elle éprouve pour Marsh, Helena Dillinger, avait vraiment hâte que cet entretien se termine, elle n’arrive pas à se concentrer. Elle n'a qu'une idée en tête : retourner au Dayly’s Night ce soir. Elle est en manque de chaleur humaine Peut-être que le jeune éphèbe blond y sera encore, et que cette fois, elle pourra assouvir avec lui tous ses vils penchants. Dans son domaine d'expertise, son cas pourrait-être intéressant, chasser l'angoisse par une partie de jambes en l'air avec un gars qui pourrait être son fils. Elle s'en veut de ne pas éprouver de compassion pour Vilma, mais, elle a tellement reçu de patients qui consultaient à cause de cette fille, qu'elle peut dire qu'elle la connaissait intimement. Vilma avait tout de la sadique notoire. Son téléphone sonne, elle n'a pas envie de répondre, si un autre patient lui parle de son mal-être à cause de la mort de Vilma, elle risque de perdre ses moyens. Professionnelle, elle décroche à l'autre bout du fil, Jarvis Montclart agent du FBI qui requiert ses services sur l'enquête. Il n'y a personne d'autre à emmerder non ? Évidemment, elle se rendra disponible et bien entendu, comme toujours, elle agira en professionnelle.


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