Fyctia
Chapitre 13 REMINISCENCES
Attends !? Plutôt flippant ?! Gravement, oui ! Aucun autre de la bande ne me l’avait fait remarquer (par peur ou omission ?). D’un bond, je me lève de table, je ne sais pas pourquoi sa remarque m'énerve, je le regarde, bouche bée, continuer à bâfrer comme si c'était son dernier repas... Il me prend l’envie de l’attraper par le cou et de le secouer comme un prunier en lui gueulant aux oreilles : Pourquoi tu dis ça, toi, du con ? T’es chez moi, ici, casse-toi ! Mais, je me rassois et avoue que, oui, les similitudes sont troublantes. En fait, je suis un peu stressé par mon entretien de tout à l'heure sur les trouvailles faites chez Vilma, je sens que je manque d'air, la crise d'angoisse menace, je respire, je suis les conseils du docteur Dillinger, je pense à des choses positives, me voilà galopant dans les prés, oh comme c’est joli ces fleufleurs rouges ! La poésie du moment finit par se fissurer, Vilma, son image que je me suis figuré flottant dans les eaux vertes de l'étang. Je sens des hauts-le-cœur, je cours vers la salle de bains et au-dessus du lavabo, je m’imbibe le visage d’eau pour chasser la nausée. Je me perds dans la contemplation de mon propre reflet quand, tel un flash-back, une image encore plus horrible se superpose à lui, je me vois muni d'un immense poignard et je frappe Vilma de façon si frénétique… Puis, chacun de mes amis, même H la frappe à son tour. Même si je suis persuadé que je ne l'ai pas tuée, j'ai peut-être eu une absence, comme celle du jour où l'on m'a annoncé la mort de Shirley... Bon, il faut que je me calme, je ne lui ai rien fait, j'étais avec H. Une pensée un peu bizarroïde vient s'insinuer dans mon cerveau. Et, si c'était quelqu'un que je connais ? Est-ce que l'un de mes meilleurs amis actuels l'avait fait ? C'est impossible, nous avons tous un alibi, et puis si je commence à douter de ceux que j'aime le plus, je vais finir par vriller. Je dois me ressaisir. Je dois me préparer pour aller à Torboro...
La nuit passée ne lui a pas apporté son lot de réconfort, tout comme la veille et l’avant-veille, il reste perplexe, jamais, on n’aurait pensé à ça, il regrette d’être heureux qu'elle soit morte, il se sent comme vengé par le destin. Pourtant, il ne sait pas pourquoi il est inquiet comme ça. Ce qui l’ennuie au fond, c’est qu’il se sent trop impliqué dans cette affaire. Heureusement qu'il a réussi à obtenir qu'un seul média ne suive l’affaire, il les imagine tous ces vautours agglutinés devant ses bureaux, qui raconteraient n'importe quoi pour se faire mousser devant les braves gens, au moment de bouffer. SC lui a assuré qu'elle resterait professionnelle, il a songé à lui demander de ne pas trop creuser, mais ça aurait pu paraître suspect. De toute façon, il vaut mieux avoir le moins de rapports possible avec cette journaliste, ça ne fait même pas vingt-quatre heures qu'il la connaît et déjà, elle l'exaspère, tout comme ce jeune agent mal dégrossi, il est sûr que s'il lui pince le pif, il lui en fera encore sortir du lait ! Il est bien conscient qu'un tel drame, ça vous marque à vie. Ce n’est pas tant la victime en elle-même, ni même le cadavre, ça il en a déjà vu, non, c’est que ceci se passe chez lui ici dans le comté d'Agecombe, et pour ne pas arranger la sauce, le corps a été retrouvé dans la propriété des plus influents notables de tout le comté, Lord Fandells a des amis haut placés et il ne veut pas finir sa carrière comme homme de loi avec un paquet aussi sale sur les bras. Il sort de son bureau et demande à la jeune Wendy si elle a enfin reçu des nouvelles du légiste, mais non ! Il n'y en a qu'un seul dans tout le comté d'Agecombe et il prend son temps. Thomas prend la décision d'aller le voir à la maison mortuaire, en bagnole, il en a pour dix minutes, et puis marcher par cette chaleur serait de la folie, de toute façon, conduire ça l'aide toujours à réfléchir. D'un pas vif, il se dirige vers l'impala banalisée qui lui sert de véhicule de fonction, une fois au volant, il prend Anaconda road north, bifurque sur MacNair, puis sur industrial, et enfin à droite sur western boulevard, il se gare sur le parking désert de la morgue. Il presse le pas pour contourner l'édifice et ainsi entrer dans les lieux par la porte des employés, le planton le laisse entrer en lui ouvrant la porte avec son badge. Thomas descend le grand escalier blanc qui le mène au sous-sol, il n'aime pas cet endroit, il reste un peu devant les portes battantes de la salle d'examen, il regarde par les carreaux, mais ne voit personne, il entre et une musique provenant du contrefort droit de la salle l’interpelle… Doucement, il s'approche de l'homme en blouse blanche qui doit encore être en train de manger, il se racle la gorge pour s'annoncer :
–Ah Shérif ! Fous m’avez fait peur ! S’exclame le docteur Levitski avec son affreux accent slave. Il reste interdit, dissimulant un léger dégoût.
– Je ne sais pas comment vous faites ça, docteur !
– Ah, mon cher ami, le cafiar est un suprême délice que je ne peux me refuser et puis ça m’aide à me concentrer…
– Oui… bon bref ! Du nouveau sur notre affaire ?
– Ja, vous n’avez pas eu mon rapport ?
– Non ! Faites-moi un résumé !
– Notre victime n’est pas morte noyée ! Il se dirige vers la chambre mortuaire d’où il tire l’un des tiroirs.
– Vous m’en direz tant, poignardée, je suppose ?
– Si fous savez tout, pourquoi me demander alors ?
– Docteur, finissons-en !
– Ja ! Elle a été poignardée à sept reprises, bien qu’une seule ait causé la mort… Après avoir découvert le corps, il désigne l’une des blessures.
– Vous foyez là, le coup de couteau, très précis, je dois dire, a transpercé le péricarde droit… la mort a dû être quasi instantanée…
–Et les autres coups alors ?
– Je dirais, euh comment fous dites ? Qu’ils ont été donnés par pur plaisir, je suppose ! On note diverses autres petites blessures et ecchymoses, ce qui peut laisser supposer une certaine barbarie…
– Elle aurait été torturée ?
– Frappée, écorchée, etc. Ja, torturée !
– C’est monstrueux ! Des traces de violences sexuelles, Doc ?
– Non. Je n’ai rien troufé de semblable. Pas de sperme, aucune dilatation de la matrice, rien !
- C’est déjà ça, le viol n’est pas le mobile…
- Pourtant, elle était mignonne cette petite, mais les blessures dénonceraient plutôt un état de fureur. Son ou ses meurtriers, était soit un taré de première, soit quelqu’un qui lui en foulait beaucoup, même les deux pourquoi pas ?
- Même si la victime était loin d’être une oie blanche, elle ne méritait pas de finir comme ça. J'attends votre rapport définitif, merci Doc.
Le légiste continuant son repas, il prend congé et retourne au bureau.
2 commentaires
RIPOST
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Il y a 2 ans
MAISIAM SEMES
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Il y a 2 ans