Fyctia
Chapitre 6
O.K... c'était un mauvais plan!
C'est bien ma veine, ça. Il y a du monde partout. Qu'importe où je pose les yeux, il y a des grands, des petits, des gros, des maigres, des hommes, des femmes… Bref, des gens! C'est pas que je n'aime pas les gens, ni même que je crains d'être reconnu. Ce qui me gène c'est ce sentiment d'étouffement, de compression thoracique permanent. Le manque d'oxygène…
Il est trop tard pour reculer.
Pourquoi je ne l'ai pas invitée à venir chez moi, au lieu de choisir une rencontre à l'extérieur? Un instant je m'en veux à moi-même d'avoir pris une telle décision, puis je me souviens que je n'avais pas tellement le choix. Au bureau de Caroline? Ouais, mais… même si Chemise-Chloé connait la route pour y aller et que ce n'est pas si loin de mon appartement, Caroline ne veux pas entendre parler d'elle. Ni de son scénario, d'ailleurs. Chez moi? non, ça ne se fait pas d'inviter une fille que l'on rencontre à peine. Même pour un raison pseudo-professionnelle. De toute façon, qui me dit qu'elle aurait accepté de venir à l'appart? Là au moins, elle a dit "oui". Même si je dois prendre sur moi.
Et ce foutu ciel qui ne veut pas s'éclaircir!
Je sens que mon humeur change lentement. Il faut remédier à ça, parler, m'occuper. Oui, mais comment? Et avec qui? Mon téléphone sonne, m'offrant une échappatoire. Un cadeau tombé du ciel! Je le tire de la poche de mon sweat à capuche: Si c'est un cadeau du ciel, alors le ciel a un très mauvais humour!
—Djina…
À peine ai-je décroché que je regrette déjà mon geste.
—Bonjour mon petit lapin! s'exclame-t-elle de sa voix mielleuse.
O.K, là j'ai envie de me tirer une balle, mais étrangement ma "petite-amie officielle", me fait oublier le reste. Ça et le remord qui m'envahit.
—Tu n'as pas oublié qu'on mange ensemble ce soir, j'espère!
Djina ricane, comme si elle connaissait la réponse d'avance. Et elle n'a pas tord. J'avais complétement zappé qu'on doit se voir. Je tente une diversion à base de "tu fais quoi de beau, aujourd'hui?". Évidemment, Djina aime tant parler d'elle, qu'elle se laisse prendre au piège et me raconte les différentes interviews qu'elle doit donner tout au long de la journée. De son shooting photo en fin de matinée, jusqu'à son invitation à un évènement privé chez un grand couturier, où elle veut que je l'accompagne.
Je n'ai jamais parlé de mes "problèmes de santé" à Djina —ni à qui que ce soit d'autre. Elle ne se doute pas un instant de ce que je peux éprouver dans ce genre de situation. Mon angoisse refait surface, laissant la voix de Djina en suspend, loin, comme un écho entre deux palpitations. Après dix minutes de bla-bla durant lesquelles j'étais enfin calme, me voilà de nouveau au bord de la crise.
Heureusement, mes yeux se rives sur une chemise en coton, noire à gros carreaux rouge. Tous disparait enfin. Même la voix stridente de Djina n'est plus qu'un murmure.
—Ouais. Je te laisse.
Je raccroche sans vraiment réaliser que je viens d'accepter son invitation à l'évènement. Mais à vrai dire, là je m'en contrefiche.
Lorsque j'arrive à la terrasse du café dans lequel Benjamin Gaven m'a donné rendez-vous, j'ai le souffle court. Sans m'en rendre compte, j'ai hâté le pas pour éviter de prendre la pluie, ayant oubliée mon unique protection contre l'élément eau à l'appartement. Je ne me pose pas trop de question concernant la tête que je peux bien arborer: que mon look plaise ou non, ne m'a jamais causé de soucis. Et résiste à l'envie d'appuyer mes mains contre mes genoux, pour reprendre mon souffle. Tout comme à celle de parcourir la rue du regard, pour être sûre qu'il soit là.
Il faut que j'occupe mes yeux pour éviter de fixer les trottoirs comme une cruche et en profite pour vérifier l'heure sur mon téléphone. 09h 58. C'est juste, mais au moins je ne suis pas en retard. On ne peut pas en dire autant de Benjamin, dont je ne perçois toujours pas la moindre mèche de cheveux. Deux minutes, c'est court mais c'est long. C'est plus qu'il ne m'en faut pour me demander —pour la centième fois, au moins— si je n'ai pas rêvé le message vocal. Ou, peut-être s'est-il simplement trompé de numéro? Si c'est le cas, je me suis pointée ici pour quedal!
À Peine ai-je levée les yeux du téléphone, que je tombe sur son regard d'acier. Benjamin est au téléphone, un sweat-shirt gris et un jean noir troué au niveau des genoux, sage mais sexy, et les cheveux ébouriffés. Avec un énorme sac de sport qui pend de son épaule droite. J'imagine que c'est un look passe-partout. Obligatoire quand on est un célèbre acteur, si on ne veut pas se faire harcelé à chaque coin de rue. En tous cas, c'est ce que je ferais à sa place! Sans vraiment y réfléchir, je répond automatiquement au sourire qu'il m'adresse après avoir glissé son téléphone dans une poche du pantalon.
Perdue dans ma contemplation, je n'avais pas remarquée que Benjamin Gaven s'était rapproché de moi. Je me fige sur place, ne sachant que faire. Mince, ce n'était pas un rêve! Je me racle la gorge et attends qu’il arrive à ma hauteur pour lever les yeux.
—Salut.
—Salut.
Je grimace, mal à l’aise. Dans les films, ça a l’air plus simple. Je dois rapidement trouver quelque chose d'autre que "salut" à lui dire. D'habitude c'est un de mes points forts de parler –pour le meilleur comme pour le pire.
—Joli sac!
Bon… j'aurais mieux fait de me taire…
21 commentaires
Margo H
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Il y a 2 ans
Patricia Eckert Eschenbrenner
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Il y a 2 ans
eleni
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Il y a 2 ans
Alexiane Thill et Luna Joice
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AnnaK
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Dacia
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Julie Auteure
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Shaddie.M Lynss
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Il y a 2 ans