Emma Delanie Vacances avec un tueur Chapitre 6 (1/2)

Chapitre 6 (1/2)

Mardi 2 juillet 2019


Le lendemain, j’ouvris des yeux aveuglés par les premiers rayons du soleil sur ma chambre d’hôtel dévastée. Pendant un court instant, j’avais tout oublié des évènements qui m’avaient amenée à mettre ma chambre dans cet état. J’avais oublié cette nuit, dans ce bar. La disparition de Jenna et la découverte d’un second cadavre en quelques semaines au cœur de Lisbonne.


Qu’il pouvait être agréable, ce sentiment de flottement au réveil, ce court moment pendant lequel on pouvait être nulle part et partout à la fois, sans préoccupation de la vie quotidienne. Mais il était toujours suivi par un cruel retour à la réalité, qui pouvait parfois se révéler douloureux. Ce fut le cas pour moi ce matin-là. Complètement déboussolée, il me fallut quelques longues secondes pour remettre les choses en place dans mon esprit.


La veille, j’avais imprimé tous les éléments du dossier concernant la première femme qui avait été retrouvée assassinée en ce début d’été. Et cela faisait un beau petit paquet de feuilles, qui se trouvaient désormais étalées partout. La moquette disparaissait presque complètement, mon ordinateur posé sur le petit bureau près de la fenêtre était noyé par une montagne de feuilles et les fauteuils étaient ensevelis sous les tirages photo de mauvaise qualité du lieu où la première victime avait été retrouvée. Les pages sur lesquelles je m’étais endormie hier soir se trouvaient désormais au pied du lit et menaçaient de rejoindre leurs congénères sur le sol à tout moment.


Me redressant et prenant appui sur la tête de lit, je tentai de me remémorer ce que j’avais appris avant de m’écrouler de fatigue.


Le corps de la première victime, Michaela de Oliveira, trente ans, avait été découvert le lundi 24 juin au matin, au cœur de la cathédrale de Lisbonne. Elle avait été déposée à même le sol de pierre de la chapelle franciscaine, nue, les bras en croix. Le rapport du légiste stipulait que tous les poils, cils et cheveux de son corps avaient été ôtés et qu’elle avait été noyée.


J’avais ensuite découvert que la victime avait été portée disparue par son compagnon le 2 mars dans la soirée. Il revenait d’une semaine à Porto pour son travail et avait trouvé leur maison vide. Les recherches avaient révélées que Michaela avait signalé le vol de son sac à main la semaine-même de sa disparition. Cela ne pouvait pas être une coïncidence mais ce début d’enquête n’avait abouti à rien. Le sac avait été jeté dans une poubelle, délesté uniquement de l’argent liquide qu’il contenait. Celui qui avait commis ce larcin n’avait jamais été démasqué.


Il fallait absolument que j’en découvre plus. Sur ce meurtrier, ses victimes, ses possibles motivations, en bref, tout ce qui faisait de lui ce qu’il était, ce qui faisait de lui quelqu’un d’unique et donc, quelqu’un d’identifiable, que je me ferais un plaisir d’aider la police à mettre sous les verrous. Encore fallait-il que le lieutenant Dias me laisse participer à l’enquête mais j’étais d’avis qu’il s’agirait certainement de la partie la plus simple de cette affaire.


Plus motivée que jamais, je me levai comme un ressort. Il n’y avait pas de temps à perdre. Une nouvelle journée sans Jenna commençait et je comptais bien mettre à profit ce que j’avais appris hier du lieutenant Dias pour démarrer mon enquête en bonne et due forme.


Après mes ablutions matinales et un petit-déjeuner rapide, que j’avais consciencieusement choisi léger pour pouvoir affronter sereinement ce qui m’attendait, je sorti de l’hôtel et louai une voiture. Être équipée d’un moyen de transport autre que mes pieds et les taxis de la ville pour mon enquête s’était révélé indispensable après la frayeur que je m’étais faite, et celle que j’avais fait subir à ce pauvre chauffeur de taxi, lors de ma « fuite » du commissariat.


Aux alentours de 8 heures ce matin-là, je réglais le GPS de la petite Peugeot 208 que je venais de louer, direction l’institut médico-légal, où je trouverais certainement le docteur A. Da Costa ainsi que des réponses à mes questions.


Je devais suivre cette piste, c’était la seule dont je disposais et le dossier que j’avais... disons, emprunté, ne comportait pas les dernières avancées de l’enquête, m’obligeant donc à me renseigner par d’autres moyens.


Ce n’était pas parce que le lieutenant Dias m’avait clairement fait comprendre que je ne devais pas m’impliquer que je ne pouvais pas simplement aller poser quelques questions. Et puis, le légiste allait lui donner ses conclusions concernant le second cadavre, retrouvé la veille, alors, en m’y prenant correctement, je pouvais espérer glaner quelques informations précieuses. Pour l’instant, je n’avais absolument aucune idée de la façon dont j’allais pouvoir m’y prendre mais, après toutes ces années aux côtés de Jenna, j’avais appris à développer ma créativité dans les situations désespérées. Je ne lui arrivais pas à la cheville mais nous pouvions dire que j’étais allée à bonne école.



Cela faisait déjà vingt-cinq longues minutes que je patientais devant le bâtiment abritant l’Instituto Nacional de Medicina Legal e Ciências Forenses, autrement dit l’institut médico- légal de Lisbonne, qui présentait une couleur tout aussi intéressante que celui logeant la police municipale. Ici, un jaune pâle tapissait les murs extérieurs et apportait de la vie à ce qui devait se trouver à l’intérieur.


Je ne savais absolument pas comment faire pour pénétrer dans ce lieu et interroger le docteur Da Costa sur les deux premières victimes. J’avais beau me creuser les méninges, je ne parvenais pas à imaginer un scénario qui m’amènerait à reconnaître ce docteur lorsque je le verrais. Après tout, sa profession n’était pas inscrite en lettres clignotantes sur son front, bien que cela m’aurait été fort utile. Autre problématique: le pousser à me révéler des informations. Pourtant, j’en avais lu des romans policiers mais mon esprit restait complètement stérile.


Le stress devait me faire perdre mes moyens, je ne voyais que cette explication. Malheureusement pour moi, il allait falloir que je m’y habitue. Pour tout vous dire, j’en étais même arrivée à considérer la possibilité d’user de mes charmes, somme toute relatifs, sur ce fameux Docteur A. Da Costa... Oui, je sais, c’était puéril et cela n’aurait de toutes façons certainement pas porté ses fruits.


Finalement, alors que je battais le pavé avec la ferme intention de rester ici jusqu’à ce qu’une idée brillante me vienne ou que le trottoir se creuse sous mes allers retours incessants, deux voitures se garèrent simultanément.

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6 commentaires

Mary Cerize

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Il y a un an

Intriguant

Emma Delanie

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Il y a un an

Merci ! Et merci pour ton passage sur mon histoire :)

Marie Colençon

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Il y a un an

petit coup de pouce sous tous tes chapitres n'hésite pas a venir voir mon histoire si tu en a envie

Emma Delanie

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Il y a un an

Merci beaucoup pour ton passage ! Ça me fait très plaisir ! Je passerai voir ton histoire demain sans faute !
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