Fyctia
Greyson
Le temps que nous rentrions au chalet, nous étions tous les deux en train de grelotter. Dawn tremblait tellement de froid qu'elle en était au point de claquer des dents.
Quelle idée de faire une bataille de boule de neige avec des températures pareilles ? Bon, cela dit, c'était quand même sympa. Il y avait longtemps que je ne m'étais pas autant amusé et que je n'avais pas autant ris. Très franchement, ça m'avait fait du bien.
Nous nous dépêchâmes de nous mettre au chaud à l'intérieur en arrivant. Je suspendis nos manteaux dans l'entrée et nous laissâmes nos chaussures prêts du radiateur pour qu'elles puissent sécher.
-J'ai besoin de boire quelque-chose de chaud, dit-elle en se frottant les bras pour se réchauffer.
-On devrait surtout aller prendre une douche.
Elle se tourna vers moi.
-Je veux dire, chacun de son côté, bien sûr, me repris-je en rougissant.
-Oui, j'avais compris. Vous avez raison. Et ensuite, un chocolat !
-Je ne serais pas contre en prendre un aussi.
-Parfait. On se retrouve tout à l'heure, alors.
Elle me fit un petit signe de la main et s'en alla dans ses appartements. Je filai moi aussi de mon côté et m'empressai de me déshabiller. Je n'attendis même pas d'être dans la salle de bain pour me débarrasser de mes vêtements mouillés. Je les déposai aussi sur un radiateur, puis filai sous la douche.
L'eau chaude me brûla presque la peau tellement j'avais froid, mais je restai tout de même sous le jet. Bon sang, ce que ça faisait du bien ! Je sentais mon corps se réchauffer doucement, retrouvant peu à peu les sensations dans mes doigts et mes orteils. Je me sentais tellement bien que j'aurais pu rester là jusqu'à ce que le ballon d'eau chaude soit vide. Mais je ne voulais pas faire attendre Dawn trop longtemps. Et puis, j'avais vraiment envie de ce chocolat chaud.
Dis plutôt que tu as envie de passer encore un peu de temps avec ELLE.
C'est vrai, j'avais aussi envie d'être avec elle. Je ne voulais pas que cette journée se termine. Ça faisait tellement longtemps que je ne m'étais pas détendu comme ça, que je n'avais pas lâché prise de cette façon... Je ne voulais pas que ça finisse. Aujourd'hui, j'avais eu l'impression de redevenir le gamin insouciant que j'étais à l'époque. Ça faisait du bien. Et ça, je le devais sans aucun doute à Dawn.
Je ne pus m'empêcher de repenser au moment où nous étions tombés tous les deux.
J'avais d'abord eu peur qu'elle en se fasse mal, raison pour laquelle j'avais fais en sorte d'amortir sa chute. Mais quand je m'étais retrouvé aussi proche d'elle, son visage à seulement quelques centimètres du miens... Elle semblait si petite dans mes bras. J'avais eu du mal à la lâcher. Plus incroyable encore, l'idée de l'embrasser m'avait traversé l'esprit.
J'aurais très bien pu le faire. Il m'aurait suffit d'avancer un peu mon visage pour que nos lèvres se touchent. M'aurait-elle laisser faire ? M'aurait-elle rendu mon baiser ? C'est parce que j'avais peur que les réponses à ces questions soient négatives que je n'avais finalement rien fait. Et, je le reconnais, une petite part de moi regrettait d'avoir manqué d'audace.
Je secouai la tête. Ce n'était pas le moment de penser à ce genre de chose. Je ne devrais même pas y songer du tout, en fait, quel que soit le moment.
Je finis par sortir de la douche et, après m'être essuyé et séché rapidement les cheveux avec une serviette, j'allais fouiller dans mon placard pour trouver de quoi m'habiller. J'avais bien fait d'acheter d'autres vêtements, parce que ce n'était pas avec un de mes costumes que j'allais avoir suffisamment chaud. Mais qu'est-ce qui m'avait pris de n'emporter que ça alors que je savais très bien quel genre de temps j'allais avoir en venant ici ?
Je retournai ensuite dans la partie commune du chalet. Dawn n'était pas encore là. Je crus entendre le bruit du sèche cheveux qui venait de son côté.
En attendant qu'elle me rejoigne, je décidai de commencer la préparation des chocolats. Je mis le lait à chauffer sur la plaque de gaz et trouvai dans les placards le chocolat en poudre, ainsi qu'un sachet de mini-guimauves.
Dawn arriva alors que j'attrapai deux tasses pour les mettre sur le plan de travail.
Elle avait troqué ses affaires trempées contre un jean propre et un énorme pull à col roulé en laine rouge. Il était tellement grand qu'il lui arrivait à mi-cuisse. Et elle avait aussi enfilé de grosses chaussettes en pilou-pilou de la même couleur. Ses cheveux avaient plus de volume qu'à l'ordinaire, sûrement à cause d'un séchage rapide.
Ses joues et le bout de son nez étaient encore un peu rouges à cause du froid.
Magnifique, pensai-je.
-Eh bah, ça fait du bien, dit-elle en me rejoignant dans la cuisine - sans se douter un instant de ce qui me traversait l'esprit.
-N'est-ce pas ? Je crois que je n'ai jamais autant apprécié une douche de ma vie.
-Moi non plus. Vous voulez de l'aide ? demanda-t-elle en désignant la casserole de lait.
-Ça ira. Asseyez-vous, c'est bientôt prêt.
Elle s'installa au plan de travail et je versai le lait dans les tasses. J'ajoutai ensuite le chocolat en poudre et, après avoir mélangé, déposai quelques guimauves dans le breuvage.
-Voilà un chocolat comme je les aime, dit-elle en saisissant sa tasse. Merci !
Je m'assis sur l'un des tabouret à côté d'elle et nous sirotâmes notre boisson en silence un moment.
-Il y a des années que je n'avais pas bu de chocolat chaud, dis-je.
-Vraiment ?
-Je suis plutôt branché café, en temps normal.
-C'est ce que j'ai cru comprendre. A quand remonte la dernière fois que vous avez bu un chocolat ?
-Je dirais...trois ou quatre ans.
-Et vous avez survécu jusqu'ici ? Vous n'êtes pas humain, ou quoi ?
Je me mis à rire devant son air consterné.
-Remarque, ça ne devrait pas trop m'étonner, dit-elle. Le chocolat chaud, la décoration du sapin... Ce n'est vraiment pas votre truc, toutes ces choses en rapport avec Noël. Mais j'imagine qu'avec ce que vous m'avez dit à propos de vos parents...
-Il n'y a pas que ça.
-Ah bon ?
-Disons que lorsqu'on se fait larguer par sa petite-amie un soir de réveillon, ça a de quoi vous refroidir.
Dawn manqua s'étouffer en buvant sa boisson. Quant à moi, j'aurais pu me gifler tellement je me sentis idiot.
Qu'est-ce qui m'avait pris de dire une chose pareil ? Je n'arrivais pas à croire que j'avais sortis ça de manière aussi naturelle.
A cet instant, j'aurais voulu pouvoir me cacher dans un trou de souris tellement je me sentais mal à l'aise. Je me dis que, avec un peu de chance, Dawn ne ferait pas de remarque sur le sujet mais, en jetant un œil de son côté, je vis qu'elle me regardait fixement avec des yeux ronds.
Je crois bien que je n'y couperais pas, cette fois-ci.
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