Fyctia

En descendant les escaliers pour rejoindre la salle du petit-déjeuner, Lilly a la mine des mauvais jours. Elle s'en veut d'avoir demandé à Stéphane de la réconforter et de la serrer dans ses bras, ce qu'il a pu prendre comme une invitation à aller plus loin. Quand au petit matin il a commencé à lui caresser le ventre, à lui respirer les cheveux, lui sentir le cou, elle a d'abord ressentit ce petit frisson qui annonce d'agréables moments. Puis elle a joué les vierges effarouchées en s'écartant et en grommelant. Pourtant, n'était-ce pas plaisant de sentir un homme contre elle ? Un homme mignon, gentil, qui a l'air attentionné en plus.

"Mais il est marié !", lui lance le petit ange sur son épaule. "Et alors ? C'est son problème à lui, pas à toi !", répond le diable sur l'épaule opposée. "Qu'est-ce qui t'empêche de te laisser aller ? D'en profiter ? Un coup d'un soir, rien de tel pour entretenir la mécanique humaine", enchaîne ce dernier. "Tu n'es pas une fille facile", tente l'ange.

Elle n'a pas le temps de participer à ce débat puisqu'elle arrive dans la salle, et qu'elle commence à saluer quelques têtes connues. Elle aperçoit Helmut, attablé seul, qui la regarde de façon bienveillante. Depuis quand ne lui a-t-elle plus parlé ? Ne pourrait-elle pas essayer de lui tirer les vers du nez pour connaître avant tout sa relation avec...

Elle est interrompue dans ses pensées par la vue de Stéphane, assis son café à la main, en train de discuter avec sa proie, justement. Ce dernier se tient debout, une main sur l'épaule de son conducteur, un sourire barrant son visage. Ni une ni deux, elle prend leur direction, salue les deux hommes et s'installe en face de Stéphane. Sa proie lui sourie, puis il s'excuse et quitte la salle, au grand regret de Lilly.

_ Il te voulait quoi, demande-t-elle un peu trop brusquement.

_ Oh rien de spécial, il m'a simplement expliqué qu'il préférait rester la journée à l'hôtel que venir en excursion.

L'électrochoc qu'elle attendait !

_ Dis moi Stéph, ça t'embête si moi aussi je reste là ? J'aimerais profiter de la plage.

_ Fais comme tu veux, bougonne-t-il.

***

_ Hélène, je peux te demander un service ?

Lilly attrape son amie au vol juste avant qu'elle ne monte dans le car pour l'excursion. Elle lui explique alors qu'elle ne veut pas perdre son temps à visiter des églises et qu'elle a besoin de vêtements pour passer la journée à la plage. Son idée étant surtout de ne pas porter les mêmes habits pour ne pas se faire trop remarquer. Devant l'impatience de Stéphane qui ne veut pas arriver en retard au rendez-vous avec la guide, Hélène lui tend la carte de sa chambre, l'invitant à se servir elle-même.

***

_ Mais c'est quoi ça ?

En fouillant dans le placard de la chambre d'Hélène, Lilly tombe sur un objet inattendu, que la curiosité lui fait attraper. Un bâton rose en plastique avec au bout une boule blanche qui se met à vibrer quand la jeune fille appuie sur un bouton.

_ Ma parole, elle a même emmené ses godemichets avec elle !

Elle ne s'attarde pas trop sur cet objet, et trouve rapidement une robe longue verte à bretelle qu'elle enfile à la hâte. Puis elle constate que son amie a oublié sa capeline et la lui emprunte aussitôt en la posant sur son crâne. Enfin, elle sort de la chambre et va se poser sur un canapé vers la réception de l'hôtel.

Elle n'attend pas 20 minutes que sa proie se montre et prend la direction de la piscine. Sans serviette, il semble plutôt partie pour une promenade qu'une baignade. Elle se lève et le suit de loin, le voit contourner la grande piscine et prendre la direction de la plage. Puis il prend le chemin qui longe la mer en direction du centre du village, sans jamais se retourner. Après 15 bonnes minutes de marche, il semble regarder les yachts, et s'y intéresser fortement, avec un regard différent de celui d'Emmy la veille au soir, qui était émerveillée devant ces monstres des mers. Lui semble chercher quelque chose, peut-être quelqu'un ? Plusieurs fois il sort son téléphone et semble faire une recherche, ce qui l'amène à se diriger vers un bateau en particulier.

Lilly s'installe en terrasse d'un bar, commande un café au serveur qui ne lui laisse pas le temps de s'asseoir et continue d'observer cet homme. Grand et plutôt mince, des cheveux blancs mi-longs qui donnent un air de vieux-beau, une chemise de lin blanche et un short en jean. Plusieurs fois il porte ses mains en visière, puis soudain un homme sort de la cabine d'un bateau et lui fait signe. Ce dernier descend sur le quai, et les deux hommes commencent à discuter. L'inconnu montre à la proie le fond du port, ce dernier acquiesce et en suit le chemin.

Lilly se lève, précipitamment, laisse de l'argent sur la table avant même que son café ne soit servit et continue sa traque. Sa proie s'arrête vers un stand de taxi-boat et semble négocier. Le jeune homme qui l'accueille lui fait signe d'embarquer. L'homme s'assied et regarde en direction de Lilly, qui tente de se détourner au dernier moment pour ne pas être reconnue. Est-ce trop tard ? Elle ne peut le savoir et se met à paniquer. Elle continue sa marche pour ne pas paraître trop curieuse et s'en veut de ne pas pouvoir encore se retourner. Elle entend un bruit de moteur, puis aperçoit le bateau passer devant elle pour prendre la direction des îles qui encadrent la petite ville, suivi quelques minutes plus tard par celui vers lequel sa proie s'était arrêté plus tôt.

***

L'hôtel Olympia est un grand hôtel de forme pyramidal, idéal pour les vacances avec son immense piscine et sa plage de galets. Lilly sait que le groupe sera de retour vers 15h00, après le déjeuner prévu dans une Konoba typique, afin de déguster un cochon grillé, pour que les clients profitent des installations de l'hôtel. Elle attend sur un bain de soleil au bord de la piscine, peu soucieuse de ce que sa peau pourrait rougir. Elle se sent bien, détendue, d'autant plus qu'elle a une idée pour obtenir quelques réponses à ses questions. Pour cela, elle a encore besoin d'aide, et qui mieux qu'Hélène saura faire parler un homme ?

15h25, le car doit certainement être de retour, alors la jeune fille va s'en enquérir et constate que le véhicule est même garé à son emplacement habituel. Alors elle prend l'ascenseur, espère ne pas avoir manqué son amie, et frappe à la porte de sa chambre une fois devant.

Jean-Pierre lui ouvre dans un grand sourire, vêtu de sa plus belle nudité, ce qui n'étonne pas Lilly.

_ Nous faisions une sieste, lui explique-t-il, mais entre, je t'en prie.

Elle le suit et trouve Hélène dans la même tenue, en train de se reposer. "Il faut plus dormir et moins baiser la nuit", a-t-elle envie de lui lancer. Au lieu de quoi elle demande à son homme :

_ Jean-Pierre, tu ne m'en voudras pas si je t'emprunte ton adorable femme pour une promenade entre filles ? On a des trucs à se dire elle et moi.

Puis elle regarde intensément une Hélène surprise par sa requête, avant de continuer, sûre de son charme :

_ Et à faire surtout !