Fyctia
Chapitre 6 : POV Isabelle
Mais qu’est-ce qui m’a pris ?! Pourquoi est-ce que j’ai accepté ça ? Je cours à ma perte. Quand je me réveille le lendemain matin, j’ai les nerfs en pelote. Ce banquier. Cet analphabète. Ce grotesque personnage est chez moi. Dans ma maison. Et va m’aider à m’occuper de mes rennes.
Il est très tôt le matin quand je me lève pour aller me doucher. Il est tellement tôt que le soleil n’a pas encore pointé le bout de son nez.
Sous l’eau chaude, je réfléchis à un plan d’attaque. Comment faire fuir Adam Castle ? Il n’est pas prêt pour ce qui lui arrive. Je pourrais l’emmener se geler les miches dans la forêt. Ou mieux : lui faire nettoyer les écuries. Une journée entière dans l'odeur du crottin, à se battre contre des chevaux capricieux. Je parie qu'il tiendra trois heures, tout au plus.
Et s'il survit à ça, j'ai encore quelques idées en réserve.
Quand je sors de la douche, je me sens prête à attaquer ma journée. Cependant, je ne m’attendais pas à ça en sortant de la salle de bain. Adam Castle. Ma respiration se bloque. Une simple serviette entoure mon corps, couvrant à peine mes parties les plus intimes. L'air frais de la pièce me rappelle ma vulnérabilité.
Je n’ose plus bouger, figée par son regard perçant qui me scrute de haut en bas, indéchiffrable. Son sourire en coin me fait bouillir de l’intérieur, mais je refuse de lui donner le plaisir de voir mon trouble.
— Besoin d’aide ? lancé-je d’une voix que j’espère plus ferme qu’elle n’y paraît.
Son silence est plus lourd que n'importe quelle réponse.
Il se détache du mur, les bras croisés sur son torse. Sa chemise en lin noire, légèrement froissée, semble taillée sur mesure, épousant parfaitement ses épaules larges et sa silhouette athlétique. Les manches retroussées jusqu’aux coudes dévoilent des avant-bras nerveux, marqués par quelques cicatrices discrètes. Un pantalon sombre en cuir souple complète son allure, lui donnant un air à la fois élégant et dangereux.
Un sourire narquois se dessine sur ses lèvres, accentuant cette aura de défiance qui le caractérise si bien.
— Je pourrais vous retourner la question, répond-il, ses yeux fixés sur moi, un éclat amusé dans le regard.
Je sens le rouge me monter aux joues, mais je me force à ne pas détourner les yeux. Pas question de lui laisser le dernier mot.
— Il me semble que vous êtes dans ma chambre, rétorqué-je en tentant de serrer ma serviette autour de moi.
— C’est vrai, avoue-t-il d’un air nonchalant, en haussant les épaules. Je voulais vous voir.
Je sens mes joues s’enflammer, la chaleur me montant au visage sans que je ne puisse la contrôler. Sa voix, suave et grave, glisse comme un murmure, chaque mot semblant résonner en moi. Malgré moi, un frisson me parcourt l’échine, et un étrange sentiment s’installe dans mon ventre, mélange troublant de gêne et de fascination.
— Vous... vous auriez pu frapper, dis-je, cherchant désespérément à garder mon calme.
Son sourire s’élargit, ses yeux se plissant légèrement, comme s’il lisait en moi, amusé par ma réaction.
— Et rater ça ? dit-il en me désignant. Plutôt mourir.
Il part dans un éclat de rire sans joie puis repose ses yeux sur moi.
— Vous êtes matinale, me fait-il remarquer. Ça tombe bien car moi aussi.
Je serre les dents de rage et tente de reprendre contenance.
— J’ai l’habitude de me lever tôt quand il y a des parasites chez moi.
Le sourire fier sur le visage de Adam s’efface pour laisser place à un masque de glace.
— Le parasite peut mordre aussi.
— Ça tombe bien, j’adore fouetter les chiens dans votre genre.
Son regard s’assombrit et je vois ses biceps se contracter sous la colère. Pendant un instant, je crois qu'il va répliquer, mais une voix féminine nous interrompt.
— Qu’est-ce que vous…Oh ok.
Surprise, je fais volte face pour tomber nez à nez avec une Michaela amusée.
— Je vois que ça s’amuse ici, se moque-t-elle.
— Qui ça ? Moi et…je commence.
— Non, bien sûr que non, coupe Adam, le ton sec, mais je capte un léger trouble dans sa voix.
Il s’avance, frôlant mon épaule alors qu’il passe près de moi. Je remarque soudain ses joues, d’ordinaire pâles, légèrement rosées. Est-ce de la gêne ? De la colère ? Difficile à dire. Une vague de chaleur monte en moi, mêlée à une étrange sensation que je préfère ignorer.
Quand il me frôle, son parfum me frappe : une eau de Cologne à la fois subtile et envoûtante. Pas agressive, mais raffinée, élégante. Ça sent le luxe, le genre de produit que je n’aurais jamais les moyens de m’offrir. Mon cœur rate un battement, et je me déteste un peu plus pour ça.
— Je vous retrouve en bas, lance-t-il en disparaissant dans le couloir.
— Eh bah dis donc, s’amuse Michaela une fois Adam hors de mon champ de vision.
— Il ne s’est rien passé.
— Mouais. Ça ne va pas tarder à mon avis.
— Tu es avec moi ou avec lui ? dis-je en me débarrassant de ma serviette.
— Je suis de tout cœur avec toi. Mais essaie d’apprendre à le connaître, tu ne crois pas ?
— Il veut saisir le ranch. Tu crois vraiment que je vais sympathiser avec lui ?
Je saisis un t-shirt près de mon lit, l'enfilant d’un geste rapide, puis je prends un gros pull douillet, mes doigts frémissant à l’idée de sortir de cette pièce où l’air semble encore chargé de l’intensité du moment. Je me glisse dans une culotte confortable avant de passer un pantalon chaud, serrant les bords pour m'assurer qu'il tient bien. Je suis encore un peu secouée par la proximité de Adam et la présence inattendue de Michaela, mais je me force à me concentrer sur ce qui m'attend.
— Laisse-lui une chance, me conseille mon amie.
— Mouais, je souffle.
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