Fyctia
Chapitre 5 : POV Adam
La visite terminée, je regagne la chambre qu’Isabelle m’a assignée, une pièce austère mais fonctionnelle. Un lit en bois massif, une petite table près de la fenêtre donnant sur les montagnes enneigées, et un vieux poêle à bois qui crépite doucement dans un coin. L’air est glacial, malgré la chaleur timide du poêle. Je dépose ma valise sur le lit et m’assois, passant une main dans mes cheveux. Le silence de ce lieu est presque oppressant, si loin du tumulte de la ville. Trop de calme. Trop de souvenirs.
Je fixe un point invisible à travers la fenêtre, perdu dans mes pensées. Pourquoi suis-je vraiment ici ? Ce ranch n’est qu’un dossier de plus, une affaire à régler. Mais il y a autre chose. Le regard d’Isabelle. Son défi silencieux. Sa détermination à protéger ce lieu. Elle défend ce ranch comme si sa vie en dépendait. C’est déroutant. Inconfortable.
Je secoue la tête, agacé par ces réflexions inutiles. Reste concentré, Adam. Tu n’es pas là pour comprendre cette femme ou son histoire. Tu es là pour une signature, rien de plus. Pourtant, je ne peux m’empêcher de repenser à ses mots :
"Vous savez seulement compter l’argent, Monsieur Cole, mais ici, on compte les vies."
Ses paroles résonnent encore dans ma tête. Elle a touché quelque chose, une corde sensible que je croyais enfouie depuis longtemps. Mon regard se perd à nouveau dans l’étendue blanche dehors. La neige tombe lentement, recouvrant tout d’un manteau immaculé, comme si le monde entier voulait se taire, me forçant à écouter ce silence, à écouter… moi-même.
Et si elle avait raison ? Quand ai-je commencé à me perdre dans cette course effrénée ? Les années passées à la banque, les dossiers enchaînés, les vies brisées sans un remord. Est-ce que tout cela en vaut vraiment la peine ? Une pointe de doute s’insinue, mais je la chasse rapidement. Je suis un homme d’affaires, pas un fermier.
Pourtant, malgré moi, je ressens un étrange respect pour cette femme et son combat. Elle me rappelle une époque où les choses avaient encore un sens, où la valeur ne se mesurait pas qu’en chiffres. Je serre les poings. Non. Je ne peux pas me permettre de faiblir. Ce contrat sera signé. Il le faut. C’est mon travail. C’est ce que je fais. Ce que j’ai toujours fait.
Mais alors que le vent siffle dehors, une question me hante :
Et si, cette fois, tout était différent ?
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