Fyctia

Et un de plus.

— Je suis vraiment navré, je mens en tendant un avis d’expulsion au jeune couple en face de moi. Mais nous sommes une banque, pas une œuvre de charité. Vous n’avez pas remboursé vos prêts dans les délais donc je suis dans l’obligation de reprendre votre logement.

— S’il vous plait, pitié, pleurniche l’homme. C’est l’hiver, il fait froid et les temps sont durs….

— Ce n’est pas mon problème, réponds-je en pianotant quelque chose sur mon ordinateur.

— Pitié…

La femme pleure en silence tandis que son mari semble retenir une floppée d’insultes à mon égard. Il fait bien de se retenir car je me ferais un plaisir de lui faire un procès. Qu’il perdrait bien évidemment.

— La banque de BellHood se fait une joie de faire affaire avec vous, je lance à la volée tandis que le couple sort de mon bureau.

— Alors ? Comment vont les affaires ?

Dereck passe sa tête à travers la porte vitrée et vient s’asseoir sur une des chaises en face de mon bureau.

— Comme d’habitude, je chantonne en me levant pour me servir un verre de scotch. Tu en veux un ?

— Et comment !

Je nous sert deux verres avant de revenir à mon bureau. Je savoure le liquide embrun contre ma langue tandis que Dereck le boit cul sec.

— Tu devrais prendre des vacances, me suggère ce dernier en s’installant confortablement.

Je m’étouffe presque en entendant le mot « vacances ».

— Tu plaisante j’espère ? dis-je froidement en plissant les sourcils.

— Non mon vieux. Ça fait quoi…dix ans que tu travailles dans cette banque et je ne t’ai jamais vu t’arrêter un seul jour de l’année. Même à Noël.

C’est vrai. Je déteste Noël et les fêtes en général. Je préfère faire rentrer un maximum de profit à la banque.

— Au fait, le patron veut te voir, m’annonce mon meilleur ami.

— Pourquoi ? demandai-je, surpris.

— Oh rien de sérieux t’inquiète. Juste une femme qui refuse de vendre son ranch d’aprsè ce que j’ai compris.

— Ça promet d’être drôle.

— Ouais, dit-il en vidant le reste de son verre.

Je me lève et quitte mon confortable bureau pour rejoindre celui de mon patron. Quand je toque à la porte, sa voix grave me fait signe d’entrer.

— Vous vouliez me voir ? dis-je en fermant la porte derrière moi.

— Oui. Asseyez-vous Adam.

Je m’exécute et pose mes mains sur mes genoux, attendant ce qu’il a à me dire.

— Vous vous souvenez de cette ferme à Crimson Pines ? Celle avec des rennes ?

— Je crois, oui. Pourquoi ?

— Parce qu’il se trouve, dans notre intérêt, que la propriétaire, une mystérieuse Mlle Snow, n’ait pas payé ses dettes depuis plusieurs mois.

— Donc vous lui avez fait parvenir un avis de passage ? Conclué-je.

— Exactement, s’esclaffe mon patron. Sauf qu’elle refuse toujours de nous céder sa ferme.

— Et vous voulez que j’aille la voir pour la faire changer d’avis ?

— Tout juste. Vous allez aller à Crimson Pines et la convaincre de signer ce document. Vous avez trois semaines.

Trois semaines ? En deux jours elle aura fait ses bagages.

— C’est comme si c’était fait monsieur.

Je retourne à mon bureau et trouve Dereck en train de se siphonner une bouteille de rhum.

— Alors ? J’avais raison ?

— Oui, je fais en m’écroulant sur ma chaise. Il faut que j’aille à CrimsonHills puis au ranch situé au nord, à Crimson Pines.

— Tu dois y rester combien de temps ?

— J’ai trois semaines pour la convaincre de vendre sa ferme. Mais en trois jours c’est plié.

— Tu es trop sûr de toi, se moque-t-il.

— Peut-être, je fais en déboutonnant légèrement le col de ma chemise.