Fyctia
Chapitre 6 - Alma (3/3)
— Tu penses à quoi ? demande-t-il, ses yeux plissés d'un air curieux.
— Je pense que tu es complètement fou. Et que je le suis tout autant de te suivre dans cette histoire.
— Probablement, répond-il avec un rire léger. Mais tu as signé, alors bienvenue dans l'équipe.
Il prend ça tellement à la légère que ça m'angoisse encore plus. Je croise les bras, essayant de garder une contenance.
— Bon pour l'histoire, on prépare quoi ? On dit qu'on est ensemble depuis combien de temps ?
— Un an. Ça me semble crédible. Je t'ai demandé en fiançailles parce que ça fait un an qu'on est ensemble, propose-t-il.
— Un an, et tu veux déjà m'épouser ? C'est rapide non ?
— Il n'y a pas besoin de dix ans pour savoir qu'une femme est la femme de sa vie, répond-il simplement, avec un petit haussement d'épaules.
La phrase m'arrache une grimace intérieure. Pourquoi ça fait mal d'entendre ça ? Peut-être parce que Charles, lui, avait dû savoir dès le début que je n'étais pas la femme de sa vie. Mais il m'avait quand même laissé espérer, perdre mon temps.
— Ok... donc, un an, je suis la femme de ta vie, et tu me demandes en mariage. Comment on s'est rencontrés, déjà ?
— Pas besoin d'inventer, dit-il. On dira qu'on se connaît depuis le lycée. On avait gardé contact sans vraiment se voir, puis un jour, en nous revoyant, tout s'est fait naturellement. Coup de foudre.
— Trop parfait pour être vrai, dis-je en riant doucement.
— Mais crédible, rétorque-t-il en haussant les sourcils.
Je hoche la tête, un peu convaincue malgré moi.
— Bon, du coup, on a emménagé rapidement ensemble, et comme ça marchait bien tu savais que j'étais celle qu'il te fallait.
— Exactement, répond-il, avec un sourire qui se veut rassurant.
— Très crédible, ironisé-je.
Il éclate de rire. Je roule des yeux mais ne peux m'empêcher de sourire à mon tour.
— Par contre, il faudra qu'on fasse quelques photos ensemble, dis-je en reprenant mon sérieux. Si on n'a pas de photos, ça va paraître bizarre.
— T'as raison. J'y pensais aussi. On ira en prendre ce week-end.
— Parfait. Ah, et je vais mettre ma petite touche à moi dans la déco. Ça te dérange pas ?
Il fronce légèrement les sourcils, une lueur de suspicion dans le regard.
— Tant que je reconnais toujours mon appart à la fin... ça me va.
— Pourquoi t'as l'air de pas me faire confiance ? dis-je, en plissant les yeux.
— Mais bien sûr que je te fais confiance.
— Arrête de mentir. J'aurais dû rajouter ça dans les clauses du contrat : pas de mensonges ou de cachotteries. Que la vérité, rien que la vérité, tu vois ?
Il pince les lèvres, visiblement amusé, mais ne répond rien. Et ça, ça m'énerve encore plus.
— Oh là là, Jun, ton silence est... franchement louche, là.
Il finit par hausser les épaules avec un sourire mystérieux.
— Ce weekend, nous irons aussi acheter les bagues, annonce-t-il comme si de rien n'était.
— Ah, oui, c'est... logique, je suppose.
Des bagues. Rien que ça. Moi qui voulais vivre ce genre de moment avec Charles, me voilà embarquée dans de fausses fiançailles avec un ancien camarade de classe. Tout ça pour un logement. Surtout pour un logement, en fait.
Je croise les bras, réalisant à quel point la situation est absurde. Nous sommes bientôt en décembre, et je n'ai pas franchement envie de dormir sous les guirlandes lumineuses de la ville. Grâce à Jun, j'ai une solution à tous mes problèmes : une maison, un toit, de quoi survivre à l'hiver.
Et tout ce qu'il me demande, c'est de prétendre être follement amoureuse de lui devant ses collègues. En plus, il me paye. C'est le plan parfait.
Je remarque qu'il me fixe en silence, les bras croisés.
— Pourquoi tu me regardes comme ça ?
— Rien. Je réfléchis à… à comment te convaincre de ne pas refaire toute ma déco.
— Pff, t’inquiète, je vais juste ajouter ma petite touche perso. Quelques plantes, un ou deux tableaux.
Son regard devient suspicieux en une fraction de seconde.
— "Quelques plantes" ? Tu es… dangereuse quand tu dis ça, murmure-t-il inquiet.
Je pouffe de rire et lève les mains en signe d’innocence.
— Fais-moi confiance, Jun. Vraiment.
Il arque un sourcil.
— Généralement, dire à quelqu’un de te faire confiance, c’est pas le meilleur moyen d’inspirer la confiance.
— Mais si Jun, je t’assure ! Un peu de plantes ne feront pas de mal à ton appartement. Elles vont apporter de la vie !
— Pas besoin d’apporter de la vie ici… surtout comme ça.
Je secoue la tête exaspérée.
— Tu dis ça maintenant, mais je suis sûre que dans quelques semaines, tu applaudiras, non, mieux, tu me supplieras de t’accompagner dans un magasin de plantes.
Il lève les yeux au ciel avant de souffler.
— Tu es terrifiante.
— Je sais, et pourtant, tu viens de signer un contrat avec moi. Bravo, Jun, vraiment un choix stratégique.
Je lui lance un sourire triomphant tandis qu'il secoue la tête, incapable de cacher l’ombre d’un sourire amusé.
2 commentaires
Gwen.David
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Il y a 9 jours
Alice Rueff
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Il y a 16 jours