Emma Hermosa Un ours mal léché sous le sapin Lorenzo-Bonhomme de neige 1

Lorenzo-Bonhomme de neige 1

La nuit a déposé une épaisse couche de neige sur le village.

Le soleil commence à peine à se lever derrière la montagne et peu à peu tout le chalet s’éveille. Moi, je suis déjà debout depuis longtemps, mon manteau sur les épaules, prêt à affronter une nouvelle journée. J’aime me lever tôt pour profiter de ma petite tranquillité le matin. J’ai besoin d’être au calme. Quand je viens de sortir de ma couette, je n’ai pas envie de parler à qui que ce soit. Déjà avec ma sœur dans les parages, c’est compliqué, mais avec sa copine fashionista, en embuscade, c’est encore pire… L’idée de devoir me forcer à lui faire la conversation, alors que je n’ai clairement rien à lui dire m’horripile au plus haut point.


Voilà pourquoi j’ai préféré assurer mes arrières et être le premier debout pour profiter d’un moment de calme et de sérénité, bien trop rare à mon goût. Je bois mon café sur le balcon, admirant la neige qui scintille au loin, avant que les skieurs ne viennent gâcher le paysage. Le froid vivifiant me cingle le visage, mais j’aime cette sensation. Je souffle sur mon café fumant et je repense au sourire timide de Clara et à ses tentatives maladroites pour essayer de s’intégrer, mais bon...franchement, c’est peine perdue. Ce n’est pas parce que c’est la copine de ma sœur que l’on est obligé de s’apprécier. J’essaye de rationaliser… et je me dis intérieurement : OK tu l’as supportes encore quelques jours et après basta… la reine de la mode retournera dans son habitat naturel et tu n’en entendras plus jamais parlé.


Je rentre et voilà que je tombe nez à nez sur les filles en train de prendre leur petit déjeuner. Qu’est-ce qui leur prend d’être aussi matinales ? C’est bien ma veine !

Je grommelle un vague « bonjour » et je trace ma route, avant que je ne sois obligé de parler chiffons. Je me dirige vers le garage pour prendre une pelle, puis je sors pour déblayer le chemin menant au chalet. Le froid vif me pique les joues et je respire profondément l’air pur de la montagne. Au moins, je serai tranquille pour un moment ! Du moins, c’est ce que je pensais. Mon attention est soudain attirée par des cris joyeux. Je lève la tête et j’aperçois les enfants du village en train de construire des bonhommes de neige et des igloos sur la place centrale, à quelques pas du chalet. Décidément, tout le monde est tombé du lit aujourd’hui ! Quelle poisse !

Malheureusement, la situation ne va pas s’arranger. Je tourne la tête et j’aperçois Marie sur le balcon qui agite les bras et crie aux enfants :

— Attendez-nous ! On arrive en renfort !

Ma sœur est une vraie gamine. Elle a beau approcher dangereusement de la trentaine, elle a gardé son âme d’enfant. La voilà qui déboule comme un boulet de canon, entraînant dans son sillage un peu contrainte et forcée, Clara alias Miss catastrophe. Je contemple la scène de loin, ma pelle toujours en main. La pauvre, elle semble complètement décalée dans ce décor montagnard. Marie est au centre de la petite troupe, roulant une grosse boule de neige et prenant la tête des opérations avec enthousiasme.

— Allez, viens avec nous Lolo ! me crie-t-elle. On va faire un énorme bonhomme de neige.

Je refuse poliment et je retourne déneiger l’entrée, espérant secrètement qu’elle m’oubliera.

Une demi-heure plus tard, le passage est totalement déneigé, ma sœur revient à la charge, insistant lourdement. Malheureusement, c'est compliqué de dire non à Marie. Je n’ai pas eu d’autre choix que de rejoindre la joyeuse bande.


J’observe de loin Clara en train de rouler maladroitement une boule de neige, du bout des doigts. Je ne peux m’empêcher de sourire. Elle n’a pas l’air très douée pour ça non plus.

— Si tu t’y prends comme ça, on sera encore là ce soir !

Elle lève les yeux vers moi, clairement agacée, et me répond du tac au tac.

— J’ai déjà fait des bonhommes de neige quand j’étais petite.

Je ris doucement.

— Ah oui ? Ça date de quand ? De l’époque où tu étais partie en classe de neige ?

— Ha ha, vraiment très drôle, elle était facile celle-là !

— Tu sais, il ne faut pas avoir peur de se mouiller et y aller franco.

Elle me lance un regard noir, et je sais que je devrais arrêter de la titiller, mais c’est plus fort que moi. Elle m’agace quoiqu’elle fasse, son attitude m’exaspère, je déteste ses vêtements impeccables et son maquillage parfait… ses poses lascives, sa manie de tout vouloir partager en live sur des stories au lieu de vivre pleinement l’instant.

— Montre-moi comment on fait, quand on est un vrai montagnard, me rétorque-t-elle, les bras croisés.

Je ne me laisse pas démonter, et je lui réponds :

— Prends des notes princesse !


Marie sent que la situation est en train de prendre une mauvaise tournure, alors, pour faire retomber la tension, elle s’écrie :

— Et si on faisait une bataille de boules de neige ? Les filles contre les garçons, ça vous dirait ?

Elle tape dans ses mains et pousse un cri de ralliement. Toute la petite troupe d’enfants se réunit autour d’elle. Je me retrouve bien malgré moi chef d’équipe. Impossible de me dégonfler. Avant que je ne puisse protester, les équipes sont formées. Clara se retrouve dans le camp des filles, sous la direction stratégique de Marie. Moi, je suis naturellement dans l’équipe des garçons. Les règles sont simples : pas de pitié !



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2 commentaires

Akiria.s

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Il y a 21 jours

J'ai passé un bon moment de lecture, c'était agréable à lire et il y a des passages très amusants. Je comprends bien le titre 😉. J’ai hâte de lire la suite !

Emma Hermosa

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Il y a 20 jours

Merci beaucoup de ton retour, effectivement Lorenzo est un vrai grognon. Je termine également la lecture de ton histoire ce weekend
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