Fyctia

Je lance un regard en coin à Clara, qui semble un peu perplexe face à ce retournement inattendu de situation. Son regard croise le mien, et, pendant une seconde, je vois une lueur de défi dans ses yeux. Elle prend une poignée de neige, la presse entre ses mains gantées et me lance un sourire narquois.

— Tu ferais bien de te préparer, Lorenzo, me prévient-elle, en relevant sa capuche.

Je lève un sourcil, amusé.

— Ah bon ? Tu penses vraiment avoir une chance ?

— Contre toi ? Facile, réplique-t-elle, avant de m’envoyer une première boule de neige en pleine poitrine.

Putain, je ne l’ai pas vu venir celle-là, on dirait qu’elle sait viser la connasse.

Les enfants rient aux éclats, je la fixe, abasourdi.

— Tu vas le regretter !

Je grogne en ramassant une poignée de neige à mon tour.

La bataille s’engage alors avec une intensité inattendue. Clara est loin d’être aussi maladroite que je le pensais. Elle se déplace avec une aisance surprenante, se cachant derrière les igloos et envoyant des projectiles précis avec le soutien stratégique de Marie. Moi, je riposte, avec l’aide des garçons, mais je dois admettre que l’équipe adverse est redoutable.

Elle arme une boule de neige bien plus grosse que les précédentes. Elle me vise en pleine face. Je n’ai pas le temps de réagir. La boule me frappe en plein visage, m’aveuglant momentanément. Le froid de la neige me mord la peau, et les rires autour de moi deviennent assourdissants. Je me débarrasse rapidement de la neige qui fond sur mes joues et mes cils, mais mon ego en a pris un coup. Je ne peux pas la laisser s’en tirer comme ça.

Elle se tient devant moi hilare, un sourire triomphant éclairant son visage.

Je déteste l’admettre, mais il y a quelque chose chez elle qui m’intrigue. Et cette bataille de boules de neige, c’est comme un instant suspendu où plus rien d’autre n’existe. On oublie les tensions, les premières impressions… Je commence même à la voir sous un autre jour. Mais je ne peux pas me laisser distraire plus longtemps. Pas maintenant, j’ai une revanche à prendre. Je ramasse une énorme boule de neige et, cette fois, c’est moi qui la vise.

— Pas de pitié, dis-je en souriant.

Avant qu’elle ne puisse bouger, la neige éclate sur sa combinaison.

Elle reste figée un instant, la bouche ouverte, avant de rire de bon cœur. Elle ramasse une boule de neige et me part après en courant.

— Tu penses que tu vas t’en sortir aussi facilement ? s’écrie-t-elle.

Elle essaye d’accélérer, mais elle ne parvient pas à me rattraper. Je jubile intérieurement. C’est alors que je glisse et que je tombe au sol. Elle dérape à son tour et se retrouve affalée sur moi. Elle me fait face haletante, nos bouches ne sont alors qu’à quelques centimètres l’une de l’autre…