Emma Hermosa Un ours mal léché sous le sapin Chapitre 7

Chapitre 7

Je repasse au chalet pour déposer mes affaires et me préparer. Je jette un coup d’œil au miroir avant de partir et je trouve mon look plutôt réussi. Une chose est sûre, je ne passerai pas inaperçue sur les pistes. Enfin, je ne crois pas si bien dire. Je regarde de nouveau ma montre : mince, il faut que je me dépêche, je ne voudrais pas rater la navette et être en retard à mon cours de ski.


Je passe rapidement au magasin de sport pour récupérer mon matériel et je me rends sans plus tarder au point de rendez-vous devant l’école de ski. Un grand gaillard, de 1m90, ne tarde pas à me rejoindre. Sa carrure est imposante avec de larges épaules et sa peau semble tannée par le soleil. Il arbore une petite barbe de trois jours qui n’est pas pour me déplaire. Eh, pas mal ! Je vais pouvoir allier l’utile à l’agréable.

— Bonjour, vous êtes Clara, je suppose.

— Bonjour, oui, tout à fait, j’ai hâte de commencer.

— OK, génial. C’est toujours plus agréable d’avoir une élève motivée. Bon, on va y aller doucement, rassurez-vous. On m’a prévenu que vous n’aviez pas fait de ski depuis plusieurs années et que vous préfériez revoir les bases avant de vous lancer toute seule sur la piste.

— Voilà c’est l’idée.

— Vous êtes en vacances, je suppose. Vous êtes venue en famille ?

— Non, avec une collègue de travail, enfin, une amie m’a invité à passer quelques jours dans son chalet.

—Premier Noël à la montagne ?

— Oui, je suis de la région, mais je ne fréquente pas beaucoup les stations de sport d’hiver.

— J’espère que ça vous plaira, on a de la chance cette année, il y a pas mal de neige. Bon, on va passer aux choses sérieuses… dit-il en tapant ses mains l’une contre l’autre.

— D’accord, avec plaisir.

— Attendez ! Il y a un problème : où est passé votre casque ?

— Oh, je n’en ai pas besoin, je vais skier tranquille, aucun saut, aucune acrobatie, promis.

— Le ski, ça peut être dangereux. Le casque c’est non négociable avec moi, me rabroue-t-il sans ménagement. Vous faites quel tour de tête ?

— Franchement, aucune idée.

— OK, je m’en occupe, attendez-moi ici, je reviens dans cinq minutes.


Il me plante là au milieu des pistes et s’engouffre dans le premier magasin de sport. Il revient et me tend un ignoble casque rouge en plastique.

— Voilà, ça fera l’affaire.

— Hors de question que je mette ça sur ma tête ! Allez savoir combien de personnes l’ont porté avant.

Face à mon refus d’obtempérer, son regard se fait soudain plus noir. Il peine à masquer son agacement, et je l’entends respirer bruyamment.

— Vous êtes venue ici pour jouer les princesses ou quoi ?

— Pardon ?

— Vous m’avez compris.

— Vous conviendrez que ce casque n’est pas très… comment dire… beau.

— Désolé, vous auriez sûrement préféré le modèle avec une licorne, je suppose ?

— Qu’est-ce qui vous prend de me parler comme ça ?

— Écoutez, on est en train de perdre du temps, vous me payez à l’heure je vous rappelle. Alors, vous mettez ce casque et vous irez en acheter à votre goût après si vous voulez. On n’est pas à un défilé de mode ici ! Je m’en contre fiche qu’il n’aille pas avec le reste de votre tenue. Et donnez-moi vos cache-oreilles pleins de fanfreluches, je vais les mettre dans mon sac à dos. De toute façon, vous vous seriez gelée sur le télésiège avec ça sur la tête.

Je m’exécute à contrecœur. Quel gougeât ! Finalement, je ne le trouve plus très sympathique et, physiquement, il est plutôt quelconque à bien y regarder.

— Allez, maintenant, nous allons prendre le télésiège. Nous allons commencer par une piste bleue pour vous remettre en jambes.

— D’accord, très bien, répondis-je, les lèvres pincées, mon ego encore écorné peinant à s’en remettre.

Je chausse mes skis. J’avance difficilement en poussant sur mes bâtons, alors qu’il rejoint le télésiège en quelques enjambées aériennes.

— Clara, attachez vos chaussures s’il vous plaît.

— C’est que c’est un peu galère.

Il me regarde d’un air interrogatif.

— Qu’est-ce qui est compliqué ? Vous fermez les crochets, en prenant soin de ne pas trop serrer, et voilà, mais là vos chaussures sont à peine fermées. Vous voulez vous refaire une cheville ou quoi ?

J’enlève mes gants et je tente tant bien que mal de fermer ses fichues godasses. Ce qui n’est pas vraiment évident avec ma manucure.

Il me regarde faire d’un air dubitatif et décide de voler à mon secours.

— OK, je vais vous aider. Si ça vous fait mal, vous me le dites, d’accord ?

— Oui. Non c’est bon… merci.

— Il n’y a pas de quoi, lâche-t-il en même temps qu’un long soupir.

J’imagine bien ce qu’il se dit : la gourdasse, même pas fichue de fermer ses chaussures toute seule. Bah oui, mais ce n’est pas évident de faire certains trucs avec des ongles longs. Et puis à 60 € la manucure, j’espère bien pouvoir la garder intacte jusqu’au réveillon du Nouvel An.

— Clara, je vous attends. Qu’est-ce que vous faites ?

— Euh… le portillon ne s’ouvre pas.

— OK, soupire-t-il. Dans quelle poche avez-vous mis votre forfait ?

— Euh… mon quoi ?

— Votre forfait ? Le truc qu’on paye pour avoir le droit d’utiliser les remontées mécaniques et pouvoir skier.

— Ah ! C’est en supplément ? Personne ne m’a dit. Je croyais que l’inscription à un cours de ski donnait accès aux pistes et aux remontées.

— Bah voyons !

— Ah désolée, vraiment. Je peux retourner en acheter un tout de suite, si vous me dites où aller. Vraiment, je suis confuse.

Je me sens rougir à vue d’œil. Décidément, je cumule. C’est la honte absolue !

— Laissez tomber. Je vais m’arranger avec les perchmans. On va dire que vous l’avez oublié chez vous. Ça arrive parfois.

— Merci.

— Ne me remerciez pas ! Vraiment… Nico, s’il te plaît, dit-il à renfort de grands gestes. Tu peux nous ouvrir le portillon, un petit oubli de forfait, elle est avec moi.

— Pas de souci, mec.

Si je pouvais, je voudrais disparaître. J’essaye de me concentrer, je pense que je me suis déjà assez ridiculisée comme ça pour la journée. Mais les dieux du ski n’en ont pas encore fini de jouer avec moi cet après-midi.

— Bon, Clara, je vous explique. Nous allons nous placer dans la file dédiée aux écoles de ski, ce qui nous fera gagner du temps.

— OK, très bien !

Il a à peine terminé sa phrase que le télésiège arrive, vite je m’élance sans réfléchir.

— Stop, stop ! Arrêter le télésiège !

— Quoi qu’est-ce qui se passe ?


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7 commentaires

Stella King

-

Il y a 24 jours

:)

Eva Baldaras

-

Il y a 25 jours

🥰
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