Emma Hermosa Un ours mal léché sous le sapin Fashionista sur piste 4

Fashionista sur piste 4

Le moniteur me rejoint visiblement furieux.

— Clara, vous le faites exprès ? Vous avez déjà pris un télésiège dans votre vie ou quoi ?

— Je ne vois pas pourquoi vous dites ça.

Il échange un regard complice avec le perchman qui pouffe de rire.

— OK, ce télésiège est prévu pour quatre personnes ! Il n’est pas possible de monter à cinq.

— Même si on se serre un peu ? Je ne suis pas très grosse, on devrait tenir.

— Vous êtes sérieuse là ? C’est une question de sécurité.

— Mais, vous m’avez dit de passer par la file réservée à l’école de ski.

— Oui, quand c’est votre tour et qu’il y a assez de place.

— Ah, d’accord ! Je comprends maintenant, vraiment désolée.

— Vous savez quoi, je ne le sens pas le télésiège avec vous. On va plutôt prendre le tire-fesses !

— Le quoi ?

— Le téléski, les cannes… La perche... et aller sur une piste plus accessible aux débutants.

— D’accord, mais je vous avais prévenu que je n’avais pas skié depuis longtemps.

— Manifestement ! Bon, suivez-moi. On ne va pas bloquer tout le monde tout l’après-midi.


Décidément, je cumule. Je fais profil bas, et j’essaye de partir le plus vite possible sous le regard médusé des autres skieurs. Je vois le perchman qui lui tape dans le dos et qui lui dit :

— Bon courage, mec !

— Merci, je crois que je vais en avoir besoin.

Après cet épisode peu reluisant, nous arrivons au téléski des harpons.

— OK c’est un téléski plutôt facile, vous devriez y arriver, j’ai bon espoir. Je ne vous explique pas comment ça marche ? Puis, il se ravise. Allez, si… En gros, il suffit d’attraper la canne, vous la mettez entre les jambes et vous vous laissez porter jusqu’à l’arrivée où là vous pouvez lâcher, d’accord ?

— Oui, c’est bon j’ai compris.

La première perche arrive et là, premier accroc : elle m’échappe des mains. Je tente de la rattraper, mais elle s’envole sans moi. Le moniteur me regarde avec un léger froncement de sourcils, sans rien dire, mais son silence est lourd de sous-entendus.

— D’accord, pas grave, ça arrive à tout le monde d’en rater une. Quand la prochaine arrive, vous l’attrapez et vous la tenez fermement d’accord ?

— Oui, oui, je me concentre.

La perche arrive, je l’attrape, je la tiens aussi fort que je peux, mais… je n’ai pas été assez rapide pour la glisser entre mes jambes et je commence à être totalement déséquilibrée vers l’avant, mais je refuse de lâcher. Je vais arriver à la ramener vers moi c’est sûr. J'ai de plus en plus de mal à la tenir, mais je refuse de céder. Soudain, je perds l’équilibre malgré tout je tiens bon et je suis toujours accrochée à cette fichue perche qui me traîne maintenant sur toute ma longueur. C’est alors que j’entends des cris derrière moi :

— Clara, lâchez ! Lâchez cette satanée canne, vous allez faire dérailler le téléski !

Je m’exécute, mais je me retrouve plantée au milieu du chemin, et le prochain skieur manque de me rentrer dedans. J’essaye de m’écarter et je me recroqueville en boule. Le moniteur vient à ma rescousse. Il essaye de me parler gentiment, mais je perçois son agacement dans l’intonation de sa voix.

— Clara, vous allez bien ? Vous comprenez maintenant pourquoi il faut un casque. On va redescendre doucement et je vais vous aider, d’accord ?

— D'accord, c’est gentil à vous.

— Très bien. Vous êtes prête ?

— Oui !

— D’accord, j’attrape la perche pour vous et vous la glissez entre vos jambes ? C’est clair ?

— Oui, parfaitement.

La perche arrive et, là, miracle, je réussis sans encombre.

— Super, Clara, on y est enfin arrivé ! Surtout, vous n’oubliez pas de lâcher la perche après le panneau et pas avant s’il vous plaît.

Pour qui, il me prend ? OK, je suis débutante, mais, je ne suis pas neuneu non plus et puis après tout c’est son job de m’apprendre à skier.


J’arrive en haut du téléski, sans encombre, je reprends espoir. Mais, une fois en haut des pistes... Je réalise que mes souvenirs de la classe de neige sont vraiment très lointains. Je prends une grande inspiration pour tenter de faire baisser mon niveau de stress. OK, ça va aller, il suffit de se laisser glisser, ça va revenir... enfin, normalement. Le moniteur me donne des instructions que je n’écoute que d’une oreille. Et puis, le moment de vérité arrive. Je m’élance sur la piste... ou plutôt, je pousse sur les bâtons pour essayer d'avancer. Rapidement, je ne contrôle rien. Absolument rien. C’est comme si mes skis avaient décidé de se rebeller. Je ne sais pas comment m’arrêter, et en quelques secondes, je suis déjà en train de zigzaguer dangereusement sur la piste, manquant de percuter les autres skieurs.

— Attention ! crie le moniteur, tandis que je passe à un cheveu d’un groupe d’enfants.

Pourquoi ça va si vite ? Je tente désespérément de me souvenir de ce qu’on m’a appris en classe de neige, et puis c’est la chute… Je me retrouve par terre, les skis en vrac. Je m’accroche désespérément à la neige pour tenter de ralentir ma chute, mais cela ne fonctionne pas. Je dévale la pente comme une marionnette désarticulée, mes skis se détachent et continuent leur course folle chacun de leur côté. Je suis recouverte de neige. Le moniteur arrive à ma hauteur, toujours impassible, mais cette fois-ci, je peux voir qu’il essaye de ne pas éclater de rire.

— Tout va bien ? Alors, il semblerait que le casque soit utile finalement ! Qu’est-ce que vous en pensez ?

Je lui lance un sourire crispé.

— Oui, oui... C’est juste... je ne me souvenais pas que c’était aussi difficile.

Il hoche la tête avec un sourire en coin.

— Le ski, ce n’est pas comme le vélo.

— Oui, merci. Je m’en rends bien compte …

— Excusez-moi de vous le dire, mais vous êtes un vrai danger ambulant, j’espère pour vous que vous avez prévu d’autres activités pour la semaine. Allez, on y retourne. Parfois, il faut un peu de temps pour se remettre dans le bain.

— Non, c’est bon j’ai eu ma dose. J’ai compris le message, je suis un cas désespéré. Pardon de vous avoir fait perdre votre précieux temps, vraiment.

— Ne le prenez pas mal, mais peut-être que le ski de fond serait peut-être plus à votre portée ?

— OK, merci pour vos conseils.

— Bon séjour, quand même !


Il s’éloigne en secouant la tête. Ce cours était une véritable catastrophe. Heureusement que je ne me suis pas engagée sur toute la semaine. Pour me changer les idées, je décide d’aller prendre un verre en terrasse. Pour un mois de décembre, le temps est plutôt clément et ça serait dommage de ne pas profiter de ce beau soleil. Je consulte les horaires de la navette, il y en a une à 16 h, ça me laisse une petite demi-heure pour en profiter.


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2 commentaires

lovelover

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Il y a un mois

Hello, bon concours à toi 💚 Je participe aussi, n'hésite pas à passer lire Un pacte sous le sapin 🎄
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