Fyctia
Chapitre 3
- Les Everglades ? En Floride ?
- Oui, les Everglades sont bien en Floride ma chérie, soupire-t-il. Peut-être comprend-il enfin que je n’ai pas hérité de son génie ? Mais pour le coup malheureusement je sais très bien situer ce marécage géant sur la carte. Les Everglades ? C’est un gag ?! Lorsque je marchais jusqu’au bureau de mon père, mon anxieté m’a fait effleurer la possibilité qu’il y ait eu un problème avec Aspen, par exemple que papa avait oublié de réserver un billet pour Vera aussi (parce que Janice nous rejoint depuis sa Californie natale) ou pire que le chalet avait brûlé, victime de la négligence de Pedro notre intendant. A aucun moment je n’aurais pu me doute que papa s’était trompé et m’avait réservé un billet pour Miami !
Miami, ça fait rêver il paraît ! Des immenses résidences avec piscine, des centres commerciaux à foison, les plages de Miami Beach avec ses cocktails géants. Le soleil toute l’année et le maillot de bain quotidien sous le mini short. Oui, le rêve de toute jeune femme à qui son père offre encore des vacances et un accès presque illimité à sa carte de crédit ultra gold, mais le problème c’est que c’est Noël et pour moi les fêtes de fin d’année riment avec flocons et non avec produit anti-moustiques! De la crème solaire oui, mais pour dorer sur la terrasse de ma station de ski préférée la journée avant de me retrouver au spa et de finir la soirée à danser avec de beaux Apollons déguisés en lutins du Père Noël dans ma boîte de nuit de prédilection ! Ils ont du chocolat chaud à la guimauve à Miami ? J’aurais pu pardonner à mon père pour un Hawaï ou Miami Downtown, n’importe qui peut se tromper en réservant des billets d’avion, mais ce n’est pas une erreur et de là, je devrais me rendre dans une ferme de crocodiles au fin fond des Everglades, c’est à dire au milieu de nulle part, chez les bouseux parce que monsieur en plus m’envoie travailler pendant les fêtes ! Il m’envoie sous couverture me faire passer pour une zinzin de la faune et de la flore alors qu’il veut juste savoir si la ferme est rentable. Et c’est là que j’interviens, parce que visiblement René ne serait pas crédible dans le rôle. Mais il y a des tas de personnes qui travaillent pour lui, notamment ce jeune homme de trente-et-un an qu’il a muté à Albuquerque quand il a découvert que je n’étais plus vierge et prenait du bon temps avec ses employés. Je suis tellement remontée que je ne trouve pas les mots. Je bafouille des phrases incompréhensibles sur les crocodiles, il me corrige pour me dire qu’il s’agit d’alligators et je me mets à pleurer. Je dis des choses que je ne regretterais pas ensuite même si elles étaient très vilaines et je pars en claquant la porte.
Je suis rentrée à la maison et j’ai fait couleur un bain pour noyer mes larmes ailleurs que sur mon visage. J’appelle Vera pour lui annoncer la triste nouvelle. Là, elle m’annonce qu’elle vient de recevoir un mail de mon père avec le QR code pour son billet d’avion. Il leur prête la maison, non mais je rêve ! Je suis sur le point de lui raccrocher au nez mais elle me sort sa plus douce voix d’amie exemplaire et compatissante :
- Bichette ce n’est que pour deux semaines. Noël c’est pas grand chose, c’est une fête commerciale et bonne nouvelle, elle aura à nouveau lieu dans pile 375 jours. On vient de fêter Thanksgiving ensemble. Tu prendras un vol direct pour le Colorado pour venir faire nouvel an avec nous, ça va aller.
Mais rien n’y fait, je me sens abandonnée comme si on m’annonçait une retraite ayurvédique et bouddhiste dans un monastère du Népal pour les six prochaines années. - Je vais être esseulée et mangée par des crocodiles, on ne retrouvera jamais mon corps Vera ! Je suis au bord de la crise de nerf sérieux.
- Ce sont des alligators me corrige-t-elle. Et puis ma bichette, qui dit ferme dit humains. Je suis sûre que Mr. Alli, le alligator daddy sera sexy à en mourir.
- S’il n’a pas soixtante ans passé, je soupire lourdement. Rien ne peut me remonter le moral.
- Ne sois pas pessimiste, ajoute-elle. J’ai comme un bon pressentiment. Allez je dois te laisser, see you later alligator.
- In a while crocodile, je réponds dans un soupir vexé. Je déteste cette chanson ridicule.
Je ferai mieux d’aller rendre ma parka au magasin et de ressortir mes tenues estivales du fin fond de mes placards.
22 commentaires
GwendolineBrument
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Il y a 5 jours
Aline Puricelli
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Il y a 7 jours
Justine_De_Beaussier
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Il y a 7 jours
mima77
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Il y a 8 jours
TomAllavenaBooks
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Il y a 10 jours
Beryl L
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Candace Lovely
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Il y a 19 jours
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Candace Lovely
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Il y a 19 jours
Beryl L
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Il y a 19 jours