Fyctia
Chapitre 1
En relevant les yeux de mon écran, je constate qu'il est déjà 09 h 30 et que M.Duprès ne devrait plus tarder. Il n'est jamais en retard et qu'il pleuve, qu'il vente ou qu'il neige, il vient toujours chercher le même bouquet de fleurs pour sa femme Denise tous les mardis à 09 h 35 tapante. Il adore citer tout un tas d'auteurs divers et variés si tant est qu'ils parlent de fleurs ou d'amour. En parlant du loup justement, le voilà qui pousse la porte avec son habituel par-dessus marron, son chapeau assorti et son sourire amical.
_ Bonjour ma petite Violette, comment vas-tu ce matin ?
_ Très bien et vous M.Duprès ? Vous êtes là pour le bouquet de jonquilles avec une unique rose rouge à l'intérieur, je présume.
_ Quelle perspicacité ! Me dit-il en riant, je ne suis pas bien original, j'en ai bien conscience, mais Denise affectionne particulièrement cette composition et je lui promis il y a 40 ans déjà, qu'elle aurait ce même bouquet toute sa vie si tel était son désir. D'ailleurs, je t’ai déjà dit de m'appeler Antoine !
_ Pardon M.Duprès… Antoine, me reprends-je en le voyant plisser les yeux, c'est assez perturbant. Puis-je me permettre de vous poser une question ?
_ Avec plaisir, mon petit, si je peux y répondre bien évidemment.
_ Pourquoi une unique rose dans un bouquet de jonquilles ? C'est une association assez atypique tout de même.
_ À l'époque, je n'avais pas plus de 17 ans, moins de 10 francs en poche et je voulais offrir un cadeau à la jeune femme magnifique qui attendait devant le kiosque à journaux, comme tous les matins. Alors en passant à côté d'un champs, aussi jaune que le soleil en plein été, j'ai eu l'idée de cueillir plusieurs jonquilles, une dizaine en tout. Une fois satisfait de ma composition, je m'en allais la rejoindre, d'un bon pas, lorsqu'au détour d'une ruelle, un jeune garçon blond, habillé de vert me demanda deux sous pour l'unique rose qui lui restait. Je les lui donnai et repris mon chemin.
_ Et ensuite ? Le pressais-je, que s'est-il passé ?
_ Je trébucha, dix mètres avant de la rejoindre, le bouquet de jonquilles fut abîmé, seule la rose, protégée par mes bras lors de la chute, fut intacte. En arrivant quelques minutes plus tard devant la femme de ma vie, j'en étais déjà persuadé à l'époque,il sourit nostalgique à cette pensée, je lui tendis tout penaud le bouquet abîmé en lui assurant que la plus belle était tout de même sauvée. Elle me regarda dans les yeux, pris le bouquet dans ses mains et me cita un autre Antoine, d'avantage plus célèbre, “ C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante “. Elle me dit alors qu'elle m'avait observé remonter jusqu'à elle en protégeant tant bien que mal la rose, du vent, des coups et de la saleté au détriment du reste du bouquet. Bien consciente du prix d'une rose et que j'essayais de me rendre agréable à ses yeux, elle m'expliqua alors que les jonquilles étaient ses fleurs préférées et cita de nouveau Saint-Exupéry : “ Nous sommes tous un rayon de soleil pour quelqu'un… Mais on ne le sait pas toujours. “ Avant de m'embrasser, en souriant, sur la joue pour me remercier. Puis nous ne nous sommes, plus jamais, quittés.
_ quelle magnifique histoire ! Je lui dis. Vous êtes un modèle d’amour et de bienveillance pour moi M.Duprès… Antoine. Je ne m’y ferais jamais, je crois ! Je dis tout en rigolant.
_ Je vais finir par me vexer si vous continuez de m’appeler par mon nom de famille, vous allez me vieillir. Il répondit tout en rigolant lui aussi.
Antoine finit par partir avec son bouquet de fleurs. Si un jour, il ne venait pas chercher son bouquet de fleurs, ça me ferait bizarre. Je crois que j'appellerai les secours immédiatement pour voir si tout va bien chez lui. Le temps qu’un autre client arrive, je rangeais mon étagère contenant tous nos plus beaux bouquets. La journée continua et se termina sans encombre. On avait eu quelques clients, mais de manière générale, on s’est plutôt ennuyés.
Je finis par fermer le magasin pile à l’heure et rentrai chez moi. Je pris le métro, je n’avais pas beaucoup de temps de route donc je préfère économiser l’essence. J’écoutais la musique : “ be the one” de Dua Lipa. Il me fallait un peu de motivation pour prendre le métro, car déjà que je n’aime pas beaucoup les gens en général (à part, quand ils viennent acheter des fleurs et là, je fais un petit effort.) mais en plus avec l’odeur de la transpiration franchement, c’est l’horreur. Ce trajet fut d’une lenteur interminable, mais je finis par enfin arriver chez moi.
Pendant la soirée, je discutais avec Alicia de notre journée, nous n’avions pas fait beaucoup de ventes aujourd’hui et on espérait que cela ne soit que passager. Pour l’instant, on gagnait par mois juste ce qu’il nous fallait pour vivre, mais ce n’était pas non plus très confortable. On devait toutes les deux faire pas mal de concessions. On était donc en train de réfléchir à ce qu’on pourrait faire pour améliorer notre situation.
Finalement, nous n’avions toujours pas réussi à trouver de solutions et notre discussion avait légèrement dévié (un peu beaucoup même). On en était venu à parler de ce que nous comptions faire le jour de Noël. Déjà, on voulait faire un book secret santa. Un secret santa est une tradition de Noël lors de laquelle les membres d’un groupe s’offrent au hasard un cadeau. On fait un tirage au sort pour savoir à qui on doit offrir un cadeau et la personne ne sait pas qui lui offre un cadeau. Nous, on fait ça à trois avec Alicia et Clara (c’est l’amie qui a auto-édité son livre.). Du coup nous, on s’offre un livre.
Pour ma part, je dois offrir à Alicia. Je ne sais pas trop quoi lui offrir, nous n’avons pas vraiment les mêmes goûts littéraires. Je lis plutôt de la fantaisie ou parfois des thrillers/polars tandis qu’elle lit uniquement des livres plutôt philosophiques. Récemment, elle a lu : “Le mythe de Sisyphe” d'Albert Camus. Je ne m’y connais pas du tout dans ce genre littéraire donc il va falloir que je demande des conseils à un libraire ou autre.
Une fois notre conversation terminée, je décidai d’aller me coucher, car demain, c’est moi qui devais assurer l’ouverture de la boutique de fleurs. Je mis mon réveil à six heures tapantes, car me connaissant, je serai capable d’être en retard si je me lève un peu plus tard. Je ne mets pas beaucoup de temps à me lever et à me préparer le matin, mais une fois que je suis prête, si je suis en avance, je regarde un peu les réseaux sociaux et c’est là que je me mets en retard, car je ne sais plus m’arrêter après.
Le lendemain matin, je me levai sans vraiment avoir la motivation d’aller travailler. Mon métier me plaisait, mais j’avais peur de m’ennuyer comme la journée précédente. Je m’habillai d’une façon assez simple : un t-shirt blanc et un jean noir et allai à la salle de bain pour me préparer. Je mis un peu de musique pour me motiver (en espérant que cela ne me mette pas en retard).
7 commentaires
Passions-Fictions-Laëti
-
Il y a 9 jours
Estel RYCKELYNCK
-
Il y a 9 jours
Zebuline
-
Il y a 16 jours