Alconstance Un Noël (beaucoup trop) proche de toi ! 11 - Victoria

11 - Victoria

Le sommeil me colle encore à la peau quand une voix beaucoup trop enthousiaste explose dans ma chambre :


— RÉVEIL GÉNÉRAL ! LE PÈRE NOËL NE DORT PAS, ALORS VOUS NON PLUS !


Je grogne, la tête enfoncée dans mon oreiller, ma dignité réduite à néant. Henry et ses accès de joie matinale sont une forme de torture qu’aucune convention des droits humains ne couvre — et c’est bien dommage.


— Henry… Si tu tiens à la vie, ferme cette porte et laisse-moi dormir.


Mais évidemment, Henry ne tient jamais compte des menaces. Il ouvre grand la porte, laissant un courant d’air glacial s’engouffrer dans ma chambre, comme si j’avais demandé un choc thermique en prime.


— Allez, allez, debout, bande de feignasses ! J’ai une surprise !


Pas de surprises, par pitié !


— Si ta surprise implique encore une humiliation publique, je refuse, marmonne Rémi quelque part dans le chalet.


J’ouvre un œil. Puis l’autre. Je chope mon téléphone. 10 h 12. Ok, techniquement, il est tard. Mais il fait encore nuit. La Laponie n’a aucun respect pour mon cycle circadien.


— Henry, il fait encore nuit.


Je tente. Je suis convaincue que ça ne va pas marcher, mais il faut bien essayer.


— Détails ! répond-il, tout sourire. Tu sais qu’on a à peine deux heures de lumière en ce moment, faut en profiter !


… Je vais le tuer. Lentement. Avec une guirlande. Pour mon mobile ? Il se fait tout seul. Ils comprendront quand ils sauront quel personnage il est.


— Il fait froid.


— Encore des détails !


J’inspire profondément, me lève à contrecœur, enfile mes chaussons et ma robe de chambre en soie, puis ouvre la porte avec toute la théâtralité du désespoir.


Dans le salon, Nicolas est affalé sur le canapé, l’air mi-mort, mi-décomposé, les cheveux en vrac, le regard flou — sauf quand il se pose sur moi. Là, il se redresse à peine, mais il ne me quitte pas des yeux. Super. Je suis l’attraction du matin.


— Je vais pas te mentir, Henry… Je suis à deux secondes de te jeter par la fenêtre, grogne-t-il sans détourner le regard.


Pourquoi je sens mes joues chauffer ? Je suis fatiguée. Voilà. C’est juste ça. Je détourne le regard. Je ne dois pas me laisser embarquer dans des réflexions trop étranges dès le matin.


Henry brandit son téléphone, diabolique :


— Si vous continuez à râler, je fais sonner mon réveil spécial Noël.


Je plisse les yeux. Son téléphone est toujours en l’air, comme s’il s’agissait d’une bombe à retardement — et c’est peut-être ce qu’il est.


— Tu bluffes.


Erreur stratégique. Un hurlement musical s’abat sur nous :


🎶 HO HO HO, C’EST NOËËËL, JOYEUX NOËËËËL ! 🎶


— OK, STOP !


Je bondis, lui arrache son téléphone et coupe l’abomination sonore avant de lui lancer un regard capable de geler les rennes du Père Noël. Je n’arrive pas à croire que je travaille pour lui et que j’ai envie d’être son bras droit. Ça n’a aucun sens. Il est à l’opposé de ma personne et me le montre tous les jours depuis que nous sommes ici. Malgré tout, je ne le changerais pour rien au monde.


— T’as de la chance qu’on ait besoin de toi pour payer ce chalet.


Mais Henry, fidèle à lui-même, ignore totalement notre haine collective. Il est bien trop heureux pour se laisser déstabiliser par une bande de gamins irrespectueux. Ce que nous sommes, il ne faut pas se le cacher.


— Bref ! Habillez-vous chaudement. La surprise nous attend dehors !


Génial. Une autre de ses surprises. Pourquoi ai-je l’impression que je vais regretter de m’être levée ?


Je m’habille : gros pull en laine, legging doublé, bottes, écharpe rose pâle. Mon manteau assorti complète le tout. Impeccable. En sortant, je croise Nicolas, qui se balade en pull noir et veste en cuir. Tout l’attirail du capitaine Jones. Le mec croit qu’on est à Paris.


— Tu vas mourir de froid.


Il me regarde avec attention, et j’en fais autant. Il est incroyablement sexy, je ne peux le nier. Dans son jean noir qui lui va à la perfection, il semble dangereux. Et je sais qu’il l’est.


— Je suis naturellement résistant, me répond-il avec ce petit air satisfait.


— T’as mis le nez dehors ce matin ?


Il hausse les épaules. L’arrogance incarnée. Henry ouvre la porte. Une bourrasque arctique nous gifle en pleine face. Nicolas se fige, et je souris. Victoire. Je l’ai eu.


— Tu disais ?


— … Rien. Absolument rien.


Henry tape dans ses mains. C’est le moment que je redoute le plus : la découverte de la surprise. Je dois l’avouer, ce sont souvent de bonnes surprises sur le papier, mais Henry fait toujours en sorte de transformer ce moment en une catastrophe, et je suis souvent la principale victime. Qu’ai-je fait pour mériter ça ?


— Allez, tout le monde dehors ! L’aventure commence !


L’air glacial mord ma peau malgré les couches de vêtements. Nicolas et Rémi suivent, et je remarque l’absence de Monique et Ninon. Étrange.


— Aujourd’hui, mes chers amis, nous allons vivre une expérience… unique, authentique et inoubliable !


Et là, il s’écarte.


Derrière lui, des traîneaux à chiens. Avec huskies surexcités, yeux perçants et pattes bondissantes. Ils semblent ravis de partir courir et je ne peux empêcher un sourire d’éclore sur mon visage. C’est une scène à laquelle je ne m’attendais pas, mais qui me remplit d’un grand bonheur.


— Oh merde.


Pour une fois, Henry a sorti le grand jeu. Et j’ai cinq ans à nouveau. Lorsque j’étais enfant, je voulais à tout prix en faire, je trouvais ça fascinant, mais je n’ai jamais eu cette opportunité.


— Ok… d’accord. J’admets que c’est une bonne surprise, murmure Nicolas, presque respectueux, tout près de moi.


Henry bombe le torse, fier comme un renne en rut.


— Évidemment que c’est une bonne surprise ! J’ai réservé une excursion en traîneau à huskies !


Et là, évidemment, il ruine tout :


— Bon, évidemment, nous allons devoir former des binômes…


Non. Je n’aime pas la tournure que prend la situation. Il veut dire quoi, par "former des binômes", au juste ?


— Je monte avec toi, Henry.


Ma tentative désespérée reste en suspens alors que notre patron rigole de bon cœur. Je sais exactement ce qu’il va se passer, je sais que je ne vais pas passer un bon moment alors que c’est un rêve qui se réalise.


— Le hasard a parlé, Victoria.


Tu parles d’un hasard. Je suis certaine de ne pas être non plus avec Rémi. Mes yeux se posent sur Nicolas, qui garde son sourire en coin tout en admirant les traîneaux. Cela semble le ravir. Mais moi ? Pourquoi personne ne prend en compte mes envies et mes besoins ? Je refuse de monter dans le traîneau avec cet être abominable qu’il est.


— Tu veux dire que TU as décidé des duos, grogne Rémi.


— C’est exactement ce que j’ai dit !


Je ferme les yeux. J’attends la sentence qui va me tomber dessus. Comme un prisonnier attendant de passer sur la guillotine.


— Victoria et Nicolas, premier traîneau !

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2 commentaires

Eva Baldaras

-

Il y a un mois

🥰

NICOLAS

-

Il y a un mois

🤩🫶💕
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