Fyctia

Lou entre rapidement et referme la porte derrière elle. Heureuse de trouver des toilettes sèches pour se soulager - Enfin un truc qui fonctionne sans eau courante ni électricité !-, elle soupire d'aise et sourit béatement au mur en urinant. - C'est ça le bonheur. J'avais oublié comme c'est bon !-.

Elle se s'en complètement enivrée alors qu'elle n'a pas bu une goutte d'alcool. Il lui tarde déjà de le retrouver pour remonter avec lui au septième ciel !

Elle se dépêche comme elle peut à la lumière vacillante de la bougie pour retirer le préservatif féminin, et vérifier qu'il n'a pas cassé,

- Ce n'est vraiment pas le moment de se faire mettre un polichinelle dans le tiroir !- .

Elle aimerait aussi se laver, elle tourne un robinet par réflexe, mais l'eau courante n'a toujours pas été rétablie au village.

Heureusement il y a dans l'évier une bassine remplie d'eau, et une pile de gants propres sur une tablette juste au-dessus - Je n'ai prévu qu'un seul préservatif. J'espère qu'il en a plusieurs en stock, sinon il peut oublier son circuit touristique du sexe dans toute les pièces !

Joan toque soudain à la porte, la faisant sursauter.

Il parle à travers le bois.

- Je ne te l'ai pas dit mais tu peux utiliser tout ce que tu veux ! Je peux aller te chercher de l'eau chaude si tu en as besoin.

- Non merci, ça ira. L'eau froide c'est parfait. Je t'ai piqué un gant !

- Tu as bien fait. L'eau de la bassine est propre. Je la vide à chaque fois que je m'en sers, et je remets de l'eau du puit. Comme ça elle se réchauffe un peu avant la fois suivante, sinon elle est glacée.

Il marque une courte pause.

- Je t'attends devant la cheminée j'ai un petit creux !

- Ok, ne mange pas tout, j'arrive !

Lou prend le temps de faire sa toilette intime avec soin, songeant à ce qui pourrait se produire ensuite. Elle apprécie tellement la prévenance de Joan envers elle ! Elle réajuste le plaid autour de sa poitrine puis regagne le salon et la douce chaleur de la cheminée.

Joan est en train de manger assis dans le canapé. Il a posé le plateau sur une table basse à côté. Il tapote de sa main droite le tissu près de lui pour faire signe à Lou de venir s'asseoir tout près.

Elle ne se fait pas prier, et se blottit contre lui.

Joan pose délicatement le plateau sur leur jambes, puis il lui tend son mug de tisane.

- Je suis désolé, elle est tiède.

- Oh ce n'est rien. Je n'aime pas boire quand c'est trop chaud, c'est parfait.

Lou a gardé le plaid enroulé autour de son corps dénudé. Tandis qu'elle picore dans les petits ramequins et boit à petites gorgées, Joan la taquine d'un doigt caressant sur son épaule.

Elle frissonne et lui sourit tendrement, appréciant sa douceur.

Il finit par descendre au creux de ses seins, faisant mine de vouloir défaire le nœud du plaid, mais Marylou proteste en levant ses deux mains prises.

- Laisse moi manger un peu s'il te plaît. Il faut que je reprenne des forces sinon je vais au lit direct. Elle marque un temps d'arrêt et ajoute : "pour dormir."

Joan soupire, visiblement frustré, mais il la complimente.

- Un simple plaid t'habille !

Lou a trouvé qu'elle avait parlé un peu sèchement et elle s'en veut déjà, mais elle a trop faim. Elle avait oublié que faire l'amour lui donnait envie de manger. Elle est tellement surprise à chaque fois que Joan lui fait un compliment ! Personne ne l'a jamais valorisée comme ça. Elle a envie de lui faire plaisir à son tour.

- J'ai une déclaration à faire moi aussi.

Joan tourne ses yeux surpris vers les siens.

- Je voudrais adopter ce plaid et son propriétaire.

Il rit alors, surpris et heureux qu'elle reprenne ses mots pour lui avouer son attachement.

Son rire grave et chaleureux provoque des frissons de bonheur à Lou. -Il est trop charmant ! J'ai l'impression que c'est un rayon de soleil qui me réchauffe le cœur.-

- Tu peux garder le plaid, aucun problème. Pour le propriétaire, je crois que tu connais déjà la réponse, non ?

Il s'approche de son visage et dépose un baiser chaste sur sa bouche.

- Je vais aller à la salle de bains pendant que tu finis de manger, comme ça j'arrêterai de t'embêter. C'est plus fort que moi, désolé !

Lou hoche la tête, ne voulant pas parler la bouche pleine.

Joan s'éclipse quelques minutes à la salle de bains puis elle entend un escalier craquer. -Que va-t-il faire à l'étage ?-

Il réapparait quelques instants plus tard, toujours en caleçon. - Il semble ne pas souffrir du tout du froid ! Ou bien il fait ça pour m'émoustiller. Sexy flower lover va !-.

Lou a fini de manger et a reposé le plateau sur la table basse. Elle se propose spontanément pour débarrasser et nettoyer, se levant et prenant le plateau dans les mains.

- Je vais porter ça à la cuisine et faire la vaisselle.

Joan s'emporte tout à coup et crie presque de sa forte voix grave.

- Pose ça tout de suite ! Il reprend d'un ton plus doux, voyant qu'il a effrayé Lou, tout en lui retirant le plateau des mains.

- Il est hors de question que tu fasses quoi que ce soit. Tu es mon invitée.

Lou se rend compte qu'elle avait arrêté de respirer, les doigts crispés sur le bord du plateau.

Elle se détend une fois que son esprit a la certitude qu'il n'y a aucun danger, soupirant de soulagement. Elle n'est pas encore habituée aux traits de caractère de Joan, et quand il hausse la voix, une appréhension fait instinctivement surface dans son esprit.

Joan a perçu son malaise et s'en excuse.

- Je suis désolé, je parle fort parfois mais c'est pour rire. Je ne voulais pas te faire peur.

Lou acquiesce silencieusement et se laisse aller contre son torse.

Joan est soudain inquiet d'avoir vu la peur dans les yeux de Lou. Il ne veut surtout pas qu'elle ait peur de lui ! Il pense qu'il doit y avoir autre chose, et se promet de lui parler un jour de ça pour comprendre sa réaction.

Il repose le plateau sur la table basse et prend Lou dans ses bras pour la serrer fort contre lui.

Lou lui rend son étreinte, les larmes aux yeux, soudain incapable de parler.

Il glisse alors ses mains sous ses genoux et la porte dans ses bras. Il quitte le salon et emprunte un escalier qui se trouve sur la gauche, faisant bien attention à ne pas cogner les jambes de Lou dans les passages un peu étroits.

Ils arrivent sur un palier trop sombre pour distinguer quoi que ce soit, mais une faible lumière irradie jusqu'à eux depuis une porte située en face.

Lou devine la silhouette d'un lit. Qu'il la porte jusqu'à sa chambre comme une petite fille lui fait un bien fou à cet instant.

Joan la dépose délicatement sur le lit, un doux sourire aux lèvres.

Il y a des pétales de rose séchés répandus sur la couette. Un parfum délicieux arrive jusqu'aux narines de Lou. Ce sont les mêmes roses odorantes que celles du bouquet qu'il lui avait offert.