Fyctia

La lumière chaude du soleil s'étiole peu à peu. Une brume s'élève depuis la vallée de Sallanches. Joan se lève et scrute l'horizon vers l'Est, semblant humer l'air comme un animal sauvage en quête de messages olfactifs.

Lou sourit en l'observant. Posté ainsi sur le rocher, son regard assombri semblant détecter une mauvaise nouvelle, il a vraiment l'air d'un mâle alpha. -Qu'est-ce qu'il est sexy !-.

- Alors, mon bel adonis ! Quelles nouvelles apportées par les brumes de l'Est ?

Joan rit à son trait d'humour.

- Il faut rentrer ma belle louve. Sinon nous risquons de terminer notre rando dans la brume, ce qui n'est pas ce que je préfère.

- Je déteste marcher dans la purée de pois ! Filons avant que les nuages ne nous rattrapent !

Ils rassemblent rapidement leurs affaires dispersées sur le rocher, enfilent leurs vestes et repartent à bonne allure.

Lou ne peut s'empêcher de faire une remarque sur les circonstances.

- Si je m'étais laissée attirer par ton idée de sieste crapuleuse au refuge, nous n'aurions pas vu le temps changer, et nous serions peut-être restés coincés ici.

Joan lui adresse un sourire taquin.

- Cela ne m'aurait absolument pas dérangé !

Marylou plisse légèrement les yeux et le scrute d'un air soupçonneux.

- Tu n'aurais pas volontairement essayé de me garder pour toi tout seul j'espère !

Joan laisse échapper un éclat de rire.

- Non, je n'aurais pas osé de tendre un piège. Mais maintenant que tu me le dis, j'avoue que l'idée me séduit.

C'est au tour de Marylou de rire spontanément. -Il est coquin en plus, j'adore ça !-

- Je te laisse le bénéfice du doute, comme tu n'avais pas de moyen de connaître la météo à l'avance. Mais sache que je me méfierai la prochaine fois !

Joan prend soudain un air très sérieux, arrête de marcher, et s'approche de Lou.

- Je t'en prie, ne te méfie pas de moi, cela me rend triste.

Lou lui sourit tendrement et passe ses bras autour de son cou.

- Si tu veux que je sois totalement confiante avec toi, il va falloir me donner des preuves de ta sincérité.

- Tout ce que tu veux !

- Marylou réfléchit un instant puis pose tendrement ses lèvres sur les siennes.

- Ne change surtout rien, en fait. Tu es parfait comme tu es.

Joan lui rend alors son baiser, et lui sourit tendrement.

- C'est toi qui est parfaite pour moi. Allez descendons vite pour que je t'offre ton cadeau de noël.

Lou se sent comblée par cette journée idyllique. Elle a soudain un gros pincement au cœur en pensant qu'elle va devoir retrouver bientôt sa routine en ville et ses responsabilités de mère. Elle ressent alors au plus profond de son cœur qu'elle lui accordera la faveur demandée, rien que pour le remercier de lui avoir fait vivre ce moment parfait avec lui.

La descente en rappel de la cheminée procure à Lou une joie intense. Cela faisait une éternité qu'elle n'avait pas fait cela, et elle se sent pleinement en confiance, suspendue au bout de la corde retenue par Joan. Elle y voit comme un prémisse de la nuit qu'elle va lui accorder. Elle devine que ce moment sera empli de sensualité et de plaisir, et frisonne par anticipation.

Elle sourit à Joan, perché là-haut, tandis que ses pieds touchent le sol et qu'elle lui envoie le signal convenu.

- C'est bon ! A toi !

Elle admire la vitesse à laquelle il réduit la distance entre eux. -Il est tellement à l'aise !-

Elle l'accueille par un petit sarcasme.

- Si tu veux me mettre la honte, c'est réussit !

Joan hausse un sourcil, surpris.

- Ce n'est pas du tout mon intention. Je suis juste pressé de te rejoindre. Ma petite louve est vexée ?

Lou hausse les épaules.

- Non, c'est juste que je suis admirative. On voit que tu es dans ton élément ici.- L'humour noir c'est pas trop son truc, je vais éviter à l'avenir-.

Ils se remettent en route et distancent la brume qui peine à franchir le col pour se déverser dans la vallée du Reposoir. Une chance.

Un point de vue dégagé leur permet d'observer le village en contrebas.

- L'hélico est parti constate Lou.

Joan acquiesce silencieusement.

- Si je t'offre un chocolat chaud, tu resteras chez moi cinq minutes ? Nous serons rentrés bien avant la nuit.

- Oui, avec plaisir. J'adore le chocolat !

Il l'embrasse alors tendrement dans le cou et lui murmure à l'oreille.

- Je savais que tu étais une petite gourmande.

Marylou frisonne et rit avec plaisir, l'embrassant tendrement sur ses lèvres ourlées et douce.

- Dépêchons nous ! Maintenant que tu m'en as parlé, je salive déjà !

Ils franchissent les abords du village en silence, douloureusement conscients tous les deux que la parenthèse enchantée prend fin. Ils ne croisent pas âme qui vive tandis qu'ils arrivent au seuil de la maison de Joan.

Ils entrent directement car personne ne ferme sa maison à clef au village du Reposoir.

Marylou retire ses chaussures dans l'entrée, puis détache le casque et le baudrier de son sac pour les tendre à Joan. Celui-ci les saisit et lui fait un signe vers le fond du couloir.

- Tu peux t'installer à la cuisine. Je range ça vite fait et j'arrive pour faire le chocolat chaud.

Lou sourit et acquiesce

- Ok, je vais m'asseoir avec plaisir. Je suis un peu fatiguée.