Fyctia
Chapitre 8 fin
Lily vient interrompre le tête à tête des deux tourtereaux.
- Lou, désolée, j'ai besoin de toi. Il y a plein de gens qui apportent des vivres et je suis débordée !
Marylou met la main sur sa bouche et s'excuse.
- Bien sûr, désolée, je n'ai pas vu le temps passer !
Joan fait comme si de rien n'était, alors qu'il est déçu de ne pouvoir terminer sa conversation avec elle.
- Fin de la pause. Je pourrais peut-être vous aider moi aussi ? Le groupe chargé de rejoindre l'autre vallée est parti tôt ce matin, ce qui fait que je n'ai rien de particulier à faire.
Lily lui fait un grand sourire.
- Avec joie ! Tu pourrais porter les trucs lourds et les ranger correctement sur les tables ou dans la remise de Mimi !
Joan se lève et se frotte les mains.
- C'est parti !
Marylou se lève à regret et jette un œil dans la salle pour voir ou se trouve sa fille, et elle a une agréable surprise.
Mandy s'est fait des amis ! Incroyable ! Deux filles et un garçon. Ils discutent tranquillement à une table dans le coin opposé. Le garçon, un grand brun filiforme, est plutôt en retrait, avachi sur sa chaise. Les deux filles, qui ne semblent pas sœurs, sont orientées vers Mandy et lui font la conversation.
Marylou est ravie. Elle va enfin vivre au lieu de se morfondre sur son Smartphone inutile.
Ils ont l'air de bien s'entendre car elle voit Marylou redressée sur sa chaise, en train de faire des gestes, de sourire. Quel bonheur de voir sa fille heureuse !
Elle décide de ne pas la déranger et suit Lily vers le bar ou les gens attendent en file indienne. Effectivement il y a du monde. La queue se poursuit jusqu'au dehors.
Lily prend place derrière le bar pour noter tous les dons dans son carnet, tandis que Marylou reste devant pour réceptionner la marchandise. Joan se charge de répartir au bon endroit en fonction du produit, de la taille, et des conditions de conservation.
Tout en s'activant, ils arrivent à échanger quelques paroles. Des banalités, mais aussi des petits indices sur leurs vies respectives.
Marylou profite de chaque occasion pour lui parler et essayer de mieux le connaître. L'attirance physique c'est une chose, mais le caractère, les expériences passées, les passions de la personne, sont bien plus importantes si on veut construire quelque chose de solide dans la durée. Marylou n'est pas du tout à la recherche d'un coup d'un soir. Cela l'a toujours répugnée.
Joan aborde des sujets plus personnels.
- Tu viens ici souvent ?
- Depuis que je née, enfin quelques années après je crois. La grand-mère de Lily nous gardait pendant un mois l'été, chaque année. Ce sont les plus beaux souvenirs de ma vie.
- J'imagine, oui.
- Toi, tu es venu dans ce village pourquoi ?
- Le hasard ou le destin, je ne sais pas trop. Je cherchais à acheter une maison dans un village près de la montagne, et j'ai trouvé mon bonheur ici. Je voulais pouvoir exercer mon activité de guide de haute montagne plus souvent, en étant au pied des sommets Alpins.
- C'est vrai qu'il y a de très beaux sommets par ici.
- Je pourrai t'accompagner sur un petit sommet peu enneigé, si le temps s'améliore.
- C'est très gentil, je vais réfléchir à ta proposition. Je ne suis pas une grande grimpeuse.
Joan lui fait un clin d'œil et la rassure sur ce point.
- J'ai l'équipement qu'il faut, et je sais m'adapter au niveau de mes clients.
Marylou est souriante, enjouée, heureuse comme une ado qui vivrait son premier amour. Mais elle a conscience qu'elle n'est plus une ado, et que le jeune homme qui lui fait des grands sourires est plus jeune qu'elle. Peut-être beaucoup plus jeune. Elle ne sait pas quel écart d'âge elle pourrait tolérer. -Dix ans max ? Non, c'est trop ! Peut-être que 7-8 ans ça pourrait être acceptable. Ils pourraient parfois être dans la même décennie, et quand elle dépasserait la quarantaine, il ne serait pas loin d'y arriver aussi-.
Elle décide de creuser un peu le sujet de façon anodine.
- Attention, des œufs, c'est fragile, comme mon petit cœur.
Joan lui fait un doux sourire et lui répond.
- Je m'en doute. Je suis habitué à manipuler des choses fragiles.
- Tiens, un poulet congelé. Il faut le mettre au frigo et noter la date du jour, car il va périmer rapidement. Tu sais que moi aussi je suis périmée pour un petit jeune comme toi !
Joan prend un air surpris.
- Mais pas du tout ! Tu as quoi ? trente-deux ans à tout casser ? Et encore j'aurais dit moins si je n'avais pas vu ta grande fille. Moi j'en ai vingt-huit. Je ne suis plus un petit jeune !
Marylou est ravie mais ne le montre pas. Il n'y a pas tant d'écart que ça entre eux. Cela la soulage d'un grand poids.
- Pour info, j'ai quand même trente-trois ans, bientôt trente-quatre.
- Je n'étais pas loin !
Marylou acquiesce et lui fait un grand sourire. Elle ne voit plus aucun nuage obscurcir son horizon.
Tout à coup une furie blonde entre en doublant tout le monde et se jette presque sur Joan pour lui faire la bise.
- Joan ! Contente que tu sois là, j'ai plein de choses à te demander !
Elle s'agite dans tous les sens, parle fort. Tout ce que Marylou déteste chez une représentante du sexe féminin semble être condensé dans cette fille vulgaire.
Mimi, qui passe près d'elles à ce moment là, leur glisse à voix basse :
- Voilà notre nymphomane de service. Quand Joan est arrivé au village, elle lui a sauté dessus dès le premier jour !
Lily précise pour Marylou.
- C'est la copine du boucher. Ici, les anciens l'appellent la Pomponette.
Marylou contemple la scène et elle se sent mal. Cette fille est belle, plus jeune qu'elle, plus grande aussi.
Marylou a toujours été complexée par sa petite taille. Un mètre soixante-cinq, ce n'est pas si petit. Mais comme plein de gens lui ont répété dans son entourage que si elle avait été plus grande, elle aurait pu faire des concours de beauté, elle a assimilé sa taille comme un défaut. Avec le recul, elle se dit qu'elle est bien contente de ne pas avoir participé au concours avilissant de Miss France ou défilé comme porte manteau anorexique pour vêtements. Mais le mal est fait. Le complexe est ancré dans son esprit, et dès qu'elle voit une fille plus grande lui faire concurrence, elle s'efface, sûre de ne pas faire le poids, enfin la taille pour le coup.
Joan sourit à la beauté blonde, même si il n'a pas l'air très enchanté de la voir. Cela lui fait mal au cœur de se l'avouer, mais ils forment vraiment un très beau couple.
C'est vraiment n'importe quoi. Elle souffre déjà, alors que rien de sérieux ne s'est passé entre eux. -Tu es trop sensible ma pauvre !-.
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Stacy Henrion
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Il y a 2 mois
M.B.Auzil
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Il y a 2 mois
mima77
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Il y a 3 mois
TammyCN
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M.B.Auzil
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Soäl
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M.B.Auzil
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Anne-Laure Bailey
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Il y a 3 mois
Gottesmann Pascal
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M.B.Auzil
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Il y a 3 mois