Fyctia
Chapitre 8 suite
Quand la brouette déborde, elles font demi-tour et retournent au bar pour déposer leur collecte. Elles sont plutôt fières d'elles, et commencent à avoir faim à force de regarder les conserves, les charcuteries et les gâteaux qu'elles ont accumulé.
Marylou est très surprise de la générosité des villageois. Beaucoup d'entre eux ont donné sans accepter que l'on note leur nom sur le registre. Cette expérience lui redonne foi en l'être humain.
Quand elles arrivent devant les vitres du bar, Marylou repère immédiatement que Joan est à l'intérieur, et son cœur commence à battre la chamade. - ça y est, les symptômes de l'envoûtement commencent ! - pense-t-elle.
Elles déchargent une par une les victuailles et les portent à l'intérieur, les déposant sur les tables qui ont été alignées devant les fenêtres.
Marylou arrive à se concentrer sur ce qu'elle fait et à oublier la présence du Flower killer dans la salle. Son cœur retrouve une allure normale et elle plaisante avec les personnes qui lui adressent la parole. Mais une fois qu'elle a terminé, elle lève la tête et il capte immédiatement son regard, puis se dirige vers elle.
-Tu veux boire quelque chose ? Tu l'as bien mérité je pense.
- Je veux bien un verre d'eau s'il te plaît.
- Je t'apporte ça ! Assied toi un peu, il n'y a personne au fond, on pourra discuter tranquilles, deux minutes.
Elle prend place sur une banquette et se détend un peu. Pousser une brouette nécessite une musculature développée qu'elle n'a pas. Elle se masse les bras en gémissant un peu quand Joan surgit avec deux verres d'eau.
- Il te faudrait un bon massage pour récupérer !
Marylou sourit et secoue la tête.
- Même pas dans tes rêves ! Tu sais masser aussi ?
- Entre autres choses, oui.
- Quel séducteur ! Tu as combien de trophées à ton tableau de chasse ?
Joan l'observe étonné. Veut-elle le taquiner ou est-ce qu'elle le rembarre carrément ?
- Je ne suis pas un séducteur, contrairement à ce que les gens croient. Je ne sais même pas pourquoi j'ai cette réputation depuis que je suis ici.
Il paraît attristé un instant, et Marylou s'en veut un peu d'avoir été si directe. Elle décide de lui remonter le moral en l'orientant vers ce qu'il semble préférer : les fleurs.
- Je crois que j'ai réussi à comprendre la signification de ton bouquet. Les Edelweiss c'est moi, la jeune femme pure et rare, et toi tu es l'aconit tue-loup, celui qui va me tuer.
Joan rit franchement en plantant ses yeux dans les siens, réchauffant le sang qui coule dans les veines de Marylou. - Allez, le deuxième effet de l'envoûtement ! Dans une minute je rampe à ses pieds en le suppliant de m'embrasser !-.
- Je vais apporter un peu de nuance à ton interprétation. L'Edelweiss signifie la pureté, la noblesse, la rareté ou l'inaccessible amour. Dans la coutume du Tyrol, le fiancé offrait un bouquet d’Edelweiss à sa promise le jour du mariage. Dans ton cas, je l'ai plutôt choisie pour la difficulté d'accès ! Et un peu aussi pour le reste. Il baisse les yeux, intimidé tout à coup.
Marylou est surprise. - Trop chou, je fond !-
Il se reprend et poursuit en la regardant à nouveau dans les yeux.
- Quand à l'aconit tue loup, il est toxique à forte dose, mais si on sait l'utiliser, c'est aussi une plante médicinale.
Marylou se noie dans le regard de braise de Joan. Elle sent ses lèvres gonfler littéralement de désir. Elle passe sa langue sur sa lèvre supérieure, le provoquant un peu plus.
- Cela veut dire qu'à haute dose tu serais dangereux pour moi, mais qu'à petite dose tu pourrais me faire du bien ?
L'insinuation est à peine voilée. Là c'est Marilou qui joue avec le feu du désir. Joan soupire et regarde autour d'eux. Il rêverait de vivre ce moment de séduction dans l'intimité, Marylou le parierait. Mais c'est mieux qu'ils soient en public. Elle est moins vulnérable quand elle n'est pas seule avec lui.
Il la regarde à nouveau et lui prend la main qu'elle avait posé négligemment sur la table. Marylou ne la retire pas. Elle aime le contact chaud et doux de la paume de sa grande main sur la sienne.
- Tes yeux sont magnifiques.
- Merci, les tiens sont pas mal non plus.
- Et tes lèvres...
Marylou sait que ses lèvres pulpeuses sur son visage fin sont un atout. Elle se mord inconsciemment la lèvre inférieure.
Joan serre sa main et se reprend, se redressant légèrement sur son siège.
- Tu dois avoir eu une déception sentimentale, non ?
- Plutôt, oui.
- J'en ai connu moi aussi. Quand on brûle les étapes, on se consume, et ensuite le feu s'éteint aussi vite qu'il s'est allumé. Maintenant je préfère prendre le temps de connaître une personne, et quand on me résiste gentiment, comme tu le fais, cela ne me décourage pas, au contraire. C'est pour moi un signe de pureté, et j'ai bien l'intention de te traiter comme je le ferais avec une petite fleur délicate.
Marylou n'en peut plus. Les mots de Joan allument des braises dans son ventre et elle a terriblement envie de lui en cet instant. Elle pourrait crier au feu, pour faire sortir toutes les personnes de la salle, afin qu'ils puissent laisser libre cours à leur désir ici et maintenant.
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Stacy Henrion
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M.B.Auzil
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JustineSt
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mima77
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Soäl
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M.B.Auzil
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