Fyctia
Chapitre 3 : coupés du monde
Dès qu’elles sont rentrées de chez Mimi, Marylou a donné des directives à sa fille pour que les choses aillent le plus vite possible. Elles ont bouclé leurs bagages en un quart d’heure chrono.
Lily est étonnée et un peu vexée que son amie soit si pressée.
- On dirait que tu as envie de fuir ma maison ! Qu’est-ce qui t’arrive ?
- Je serais bien restée s’il faisait beau, mais là j’ai peur d’être coincée sur la route s’il y a des glissements de terrain. Je préfère être en bas de la vallée avant la nuit, tu comprends ?
Lily acquiesce et l’aide à rassembler les sacs.
- C’est vraiment que la nuit tombe à dix-sept heures à cette saison.
Marylou sait qu’elle n’est pas tout à fait honnête avec son amie, et qu’elle fuit aussi autre chose, mais elle n’a pas le temps ni l’envie de lui expliquer maintenant. Plus tard peut-être, quand elles se passeront un coup de fil.
Elles ont fait un énorme câlin à Lily, qu’elles ne reverront pas avant des semaines, et sont descendues à pied sous un grand parapluie vers l’unique parking du village ou est garée la petite Twingo vert délavée.
-Vu le temps qu’il fait elle est également bien lavée-, songe Lou.
Des torrents de boue se déversent dans le lit de la rivière qui s’est transformée en un démon rugissant. Marylou contemple le spectacle, un peu inquiète.
Un petit attroupement s’est formé non loin de là, près du vieux pont de pierre, et les gens semblent avoir une discussion animée. Elle entend leurs cris s’élever pour couvrir le fracas de la pluie.
Marylou dit à Mandy de monter en voiture pour ne pas se tremper et elle va aux nouvelles.
Quand elle arrive à proximité du groupe, elle s’aperçoit qu’il y a Joan parmi eux. Zut ! Elle ne peut plus faire demi-tour sous peine de paraître bizarre. Elle continue son approche en déviant légèrement vers la mairesse, qu’elle connaît depuis son enfance. Elle lève son parapluie au-dessus d’elles et lui fait la bise.
- Bonsoir Sylvie, il y a un souci ?
- Bonsoir ma petite Lou ! Ça fait plaisir de te voir ! On regarde le niveau de la rivière qui monte un peu trop rapidement.
Sylvie est une personne adorable d’une cinquantaine d’années qui était très amie avec la grand-mère de Lily. Elle connaît Lou depuis qu’elle sait marcher, ce qui fait qu’elle lui parle un peu comme à une enfant.
- Ah. Pas de souci avec la route ? je peux redescendre à Genève ?
- Je ne sais pas ma petite. Je serais toi, j’attendrais demain pour rentrer. Tu ne travailles pas le lundi non ?
- Oui, c’est vrai, mais ce sera peut-être pire de…
Tout à coup un grand fracas interrompt Marylou et crée un vent de panique chez les personnes rassemblées. Le sol tremble sous leurs pieds et Marylou ne comprend pas d’où cela vient, jusqu’à ce qu’elle suive les regards de plusieurs personnes convergeant vers le pont. Celui-ci s’est effondré dans l’eau !
Tout le monde pousse des cris de terreur.
Marylou allait passer dessus une minute avant, et elle réalise vraiment ce que signifie l’expression « la vie ne tient qu’à un fil ». Elle pense immédiatement à sa fille, qui est seule dans la voiture et elle s’élance pour aller la rejoindre et la rassurer. Elle doit être terrifiée !
C’est le moment que choisit Joan pour venir lui parler encore ! Il lui pose la main sur l’épaule pour l‘arrêter. Il parle un peu fort pour couvrir le bruit de l'eau qui rugit.
- Le village est dans un cul de sac ! Vous ne pouvez plus partir en voiture maintenant !
Elle se tourne vers lui et plante un regard froid dans le sien pour qu'il voit bien qu'il la dérange.
- Je sais, merci ! Je connais ce village depuis bien plus longtemps que vous !
Elle se dégage de sa main et file vers la voiture. Le message est clair. Elle espère qu’il a compris et va enfin la laisser tranquille.
Elle replie son parapluie et s’élance vers sa voiture. Mandy la regarde à travers la vitre d’un air étonné en lisant la panique sur son visage. Lou hallucine. Elle n’a rien entendu avec ses écouteurs sans fils vissés sur ses oreilles. Incroyable ! Marylou fait le tour et s’assoit côté conducteur.
- Tu n’as rien entendu ? Rien senti ?
- Si, le sol a vibré je crois. Pourquoi ?
- Le pont vient de s’effondrer Mandy ! On aurait pu être dessus !
- Mandy réalise soudain et enlève ses écouteurs lentement.
- On est coincées ici ! Sans réseau ! Mais je vais mourir !
Lou pousse un cri exaspéré en regardant le plafond de sa vieille voiture. Elles auraient pu mourir noyées et Mandy pense juste à son foutu réseau !
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Stacy Henrion
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Il y a 2 mois
JustineSt
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mima77
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Gottesmann Pascal
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M.B.Auzil
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