Fyctia

— Bon allez, assez parlé des choses qui fâchent ! J’ai quelque chose à te raconter, ou du moins à t’annoncer ! Comme tu le sais déjà, je suis avec Bertrand depuis plus de sept ans et il m’a invité, le jour de notre rencontre, au restaurant chic dans la rue où se trouve le meilleur glacier de la ville ! Je m’étais faite toute belle pour l’occasion et lui aussi était très… sexy dans sa chemise ! Au moment du dessert, il s’est levé de sa chaise, a mis un genou au sol et a sorti un joli écrin bleu nuit de sa veste.

J’en ouvre la bouche de surprise et de joie. Un sourire se forme à chaque coin de ma bouche. Pas besoin d’être un être illuminé pour comprendre ce qui s’est passé ensuite. Je doute qu’il y ait un gâteau chinois ou juste un bout de papier dans cet écrin…

— Et il m’a demandée en mariage ! Tu te rends compte ! Lui qui disait que ça ne l’intéressait pas, qu’il n’y voyait pas l’intérêt ! Il savait que c’était mon rêve et il a accepté qu’on se marie parce qu’au fond « ça ne change rien, on est juste encore plus liés qu’on ne l’était avant ».

— Et tu as accepté sa demande, j’imagine ?

— Bien sûr que non ! Attends, il a mis sept ans à me faire cette foutue demande ! S’il m’aimait vraiment, on aurait déjà fêté nos noces de Bois !

J’affiche une mine désabusée, elle est sérieuse ? Mais c’est son rêve ! Je ne peux pas imaginer une seule seconde qu’elle ait pu faire une chose pareille.

— Tu rigoles ?

— Évidemment ! Évidemment que j’ai accepté d’être son épouse ! Il pouvait même être certain que j’allais dire « oui ». J’ai tellement de fois bavé devant une vitrine de robes de mariée qu’il a dû se rendre à l’évidence que j’étais vraiment folle de ce rêve.

— Mes félicitations à vous deux ! Je suis tellement heureuse pour vous, tu mérites ce bonheur plus que quiconque. Je n’arrive pas encore à le croire que tu te maries ! Tu sais quand est-ce que vous allez le faire ?

— Oui, on a déjà préparé le plus gros du mariage. Ça se passera le samedi 20 mai 2023 à l’église de Saint-Symphorien-sur-Coise, c’est la commune du domicile des parents de Bertrand. Ils ont insisté pour que ça se passe là-bas lorsqu’ils ont appris que nous allions nous marier. N’ayant qu’un fils, ils savaient très bien que si celui-ci se mariait, qu’ils n’auraient qu’une seule chance pour que ça se passe chez eux.

— Hahaha, j’espère que tout se passera bien avec eux. Tu m’avais dit, il me semble que sa mère était assez spéciale, du genre à tout vouloir contrôler et tout gérer… À mon avis, en ce qui concerne le mariage, ça sera le cas.

— Ne m’en parle pas ! Une horreur ! Mais ça lui fait plaisir et honnêtement, avec mon boulot et celui de Bertrand, on n’a quasiment pas d’horaires où on peut se réunir pour faire nos choix, alors si Marie-Chantal veut s’occuper de tout, il n’y a aucun problème !

— Non, mais attends Sylvia, si tu as besoin de prendre des après-midis, des journées ou une semaine de congés payés, il n’y a aucun soucis, tu peux me le demander.

— Non ça ira, ne t’inquiète pas. Je prendrai peut-être des après-midis pour essayer ma robe et faire les retouches, mais sinon, je n’en aurai pas besoin avant les essais coiffures, manucures et la cérémonie blanche.

— D’accord. En tous cas, si besoin, n’hésite pas, vraiment.

— Merci Olivia.

— C’est normal, voyons ! Tout le monde y a le droit !

— D’ailleurs, j’aimerai savoir, si tu accepterais d’être mon témoin… enfin comme ça, par hasard…

— Ton témoin ? C’est vrai ?

— Oui ! Si je te le dis ! Tu me fais rire ! dit-elle en riant.

— Ce serait avec plaisir ! C’est juste que ça me surprend que tu me choisisses alors que tu as des frères et sœurs et sûrement d’autres amis.

— Je te considère moi aussi comme ma meilleure amie, même si on n’a pas eu beaucoup de temps pour nous deux depuis longtemps, ça n’empêche pas que tu m’es toujours aussi précieuse.

— Oh Sylvia !

Je me lève et viens lui faire un gros câlin. Je n’ai pas entendu une phrase aussi gentille et sincère à mon égard depuis belle lurette ! Je lui caresse le dos avec la paume de ma main. Il n’y a aucun doute, j’ai bien de la chance d’avoir une amie comme elle. Je retire mon étreinte et me rassis à ma place. En relevant la tête vers mon amie, j’entends des petits sanglots. En regardant davantage ses yeux, on peut remarquer de petites larmes s’amasser dans le creux de l’œil.

— Bon dieu Sylvia ! Pourquoi pleures-tu ?

— Ce sont des… larmes de joie… C’est juste… que je suis si heureuse que tu aies accepté d’être ma témoin à mon mariage. C’est…

Elle se met à renifler. Je lui tends un mouchoir que je sors de ma poche. Elle se mouche bruyamment dedans. C’est bien Sylvia ça… incapable de se moucher moins fort. Ça m’en ferait presque rire, mais son état tristounet, même si c’est de joie, m’empêche d’éclater de rire.

— Merci… C’est tellement important pour moi. Merci… vraiment.

La serveuse arrive avec notre commande avant de nous souhaiter une bonne dégustation. Sylvia porte ses lèvres à la paille de son Bora Bora et ferme les yeux. Je sais que c’est l’un de ses cocktails préférés, elle prend souvent celui-ci et je peux comprendre, car il est vrai qu’il est très bon, très exotique. Nous continuons à discuter toutes les deux tout en buvant nos cocktails. Au bout d’une demi-heure, nous recommandons les mêmes cocktails, mais cette fois-ci nous avons échangé nos verres pour goûter. Nos discussions nous amènent à parler du nouveau centre commercial, du dernier album de Dua Lipa ou encore de l’inflation des prix aux supermarchés. Il est déjà 22h34 et nous avons bu quatre cocktails chacune. Nous avons tellement faim que nous commandons des assiettes de charcuterie avec de nouveaux cocktails. Ils en restent encore quatre à découvrir et nous comptons bien les avoir tous essayés avant de repartir du bar. Je dois avouer que l’alcool a tendance à me rendre euphorique et à me confier plus rapidement, mais je suis certaine d’une chose : il m’aide aussi à passer une soirée inoubliable où je ne pense à rien d’autre qu’à rire avec la future mariée.

Minuit passée depuis quelques dizaines de minutes, nous n’avons plus qu’un seul cocktail à goûter, pour moi, ça sera à la noix de coco, alors que pour Sylvia, on part sur le fruit du dragon, il est vraiment excellent celui-là d’ailleurs.

— Au fait Via...

— Ouii ?

— J’ai peut-être trouvé, pfff, une idée pour trouver ton petit génie en informatique…

— Ah ouii ? Hahahaha, dis-moi, parce que là je suis morte de rire !

— Et si on faisait une annonce ? Pffff, comme un casting pour un rôle dans un film ! Hihihi ! Comme ça tu peux voir, comment ils sont et c’est plus facile de choisir qu’avec un curry… un curry… Pouhahahaha ! Un curry Golum Vita Hey ! Hahahaha !

— Hahahaha ! Un curry Golum Vita et Slimane ! Hahaha ! Ah bah non ! Ils sont plus ensemble ! Pouhahaha !

— Nan mais sérieusement, t’en penses quoi ! Haha !

— Je trouve l’idée, hahaha, Un curry Golum… enfin c’est génial ! On fera les annonces demain, hein !

— Oui ! Pour l’instant on profite ! Hahahaha !