Fyctia

Je ris et j’oublis qui je suis, le temps d’un après midi, ça fait du bien. Je m’apprête à secouer ma serviette pour la énième fois pour balayer le sable quand Baptiste m’empoigne le poignet. Je lis quelque chose de grave dans son regard :

- Assieds toi, il faut que je te dise un truc Héna.

Je me rassois au ralenti, attentive à chaque mots qui s'apprêtent à sortir de sa bouche :

- Tu sais, tu m’avais demandé d’effectuer quelques recherches sur Nylon et son père.

Je sens ma gorge se serrer, et sa main sur la mienne posées dans le sable se referment un peu plus autour de la mienne :

- Je n’ai rien trouvé, ni sur Nylon ni sur ton beau père. Ils ont probablement changé d’identité, voire plus… Nous ne pouvons rien faire sans l’aide de la police.

Je digère difficilement la nouvelle. Mon corps me trahit avec quelques larmes qui menacent de couler. Ma poitrine se compresse et je me sens faiblir. Mes mains deviennent atrocement moites et tremblantes. Baptiste le remarque tout de suite alors il me serre contre lui. Et malgré la douleur qui se répand dans ma poitrine, la chaleur de son corps me rassure. J’aurai au moins essayé.

- Je suis désolé Héna, mais il faut que tu tournes la page maintenant… C’est pas possible de continuer comme ça, tu le sais toi-même.

Il sait bien que la police n’ouvrira pas une enquête pour une gamine de dix-sept ans, encore moins pour un truc qui date de douze ans. Je ferme les yeux, et me concentre sur un souvenir agréable pour essayer de distraire mes pensées. Baptiste me caresse le bras du pouce lorsqu’il essaye de me distraire :

- Une glace pour le moral ça te dit ?

Je me décolle de lui et le remercie malgré l’envie de vouloir faire comme si de rien n'était mais décline sa proposition. A la place je lui demande si on peut rentrer.

- Évidemment.

Automatiquement, je me tourne vers la mer qui se trouve à quelques centaines de mètres de nous. J’y vois Elio avec sa petite sœur qui se baladent les pieds dans l’eau. Mon sang se glace quand je croise le regard de mon coloc qui semble avoir vu toute la scène. La petite Juliette, remarquant le regard de son frère sur moi, me fait signe avec un coucou, pensant me connaitre. Mais non, elle se trompe. Ma respiration se coupe, l’image de Nylon jouant dans les vagues des années auparavant me saute au visage et je panique.

- Héna ? Qu’est ce qui se passe ? M’interroge Baptiste.

Je me lève et plie ma serviette en moins de deux, tentant de cacher ma respiration saccadée. J’arrive à inventer un mensonge pour que Baptiste me ramène sans trop poser de question :

- Il faut que tu me ramènes chez moi, je crois que j’ai mes règles.

Encore un mensonge pour camoufler une peur.

- Okay ne panique pas, mets ça.

Il me passe son sweet-shirt, et je le noue autour de ma taille pour jouer le jeu. Nous remontons jusqu’aux vélos. Il peut croire ce qu’il veut, mais j'espère juste qu’Elio ne m'a pas vu effondré sinon il posera des questions.

Mon père et Jane m’attendent sur le perron, les bras croisés sur la poitrine. Eh mince.

- Héna, rassure moi, tu les avais prévenus ? Demande Baptiste.

Je descends du vélo et me tourne vers mes parents pour leur faire coucou, mais ça ne change rien à l'atmosphère. J’ai complètement oublié de les avertir de ma sortie. Bon, je me retourne et embrasse Baptiste sur la joue pour le remercier de cette belle après midi avant de lui faire un clin d’oeil :

- T'inquiète je gère. Rentres bien.

Et je file en direction de mes parents me doutant de leur réaction.

- Héna ! T’étais où ?

- Roh ! J’étais à la plage avec Baptiste.

Mon père souffle avant de me demander :

- Et que faisiez-vous à la plage ?

- Oh bah tu sais papa, on fumait et on buvait, des trucs classiques chez les ados…

- Héna arrêtes ! Tu te crois drôle ? La prochaine fois, préviens-nous. C’est la moindre des choses.

Je lève les yeux au ciel :

- Oui papa.