leane.marchand Un Coeur Méfiant Chapitre 1

Chapitre 1

Alors que je rentre de mon footing comme tous les matins, j'aperçois Jane discuter avec mon père, en messe basse. Je passe sans rien dire de peur d’interrompre une discussion inappropriée entre adultes, pour une jeune fille de dix-sept ans comme moi. Foutaise ! Je m’approche d’eux et je parviens à entendre quelques mots prononcés par ma belle mère en montant les escaliers pieds nus :

- Mon neveu, Elio que tu connais. Le fils de ma sœur... Eh bien il vient d’acheter un appartement. Mais il n’a nulle part où loger le temps de ses travaux. Je pensais qu’il pourrait venir ici…

C’est tout ce que je parviens à entendre. La hauteur des escaliers et l'épaisseur des murs m'empêchent de percevoir autre chose que des chuchotements. Mais apparemment nous avons bientôt un invité. J'essaierai d'approfondir cela auprès de mon père. En attendant j’ai besoin d’une bonne douche. Nous sommes au mois de Juillet, et il fait déjà chaud à en mourir à seulement midi.


En sortant de la douche je ne peux m'empêcher d’observer mon reflet dans le miroir. La voix de Jane me fait sursauter :

- Héna ! A table !

Je lève les yeux au ciel en choisissant un autre jogging et un autre débardeur pour descendre manger. Quelques tatouages restent apparents, mais maintenant j’en ai plus rien à faire du regard noir de mon père et de celui de Jane quand ils les apercoivent. Ils font partie de moi, et mon père a suffisamment connaissance de mon histoire pour en connaître la symbolique.

Je m'apprête à descendre mais je me raidis quand j’entends non seulement la voix grave de mon père, mais aussi une deuxième voix masculine. Je ne m’attendais pas à voir notre “invité” si tôt. Je me prépare alors à plaquer ce sourire pour donner bonne impression.

Je dévale les escaliers, lève la tête, les cheveux toujours humides, et pose mon regard vers la porte d’entrée où se tient un jeune homme châtain qui tire vers la couleur du soleil. Ses yeux sont comme ceux de Jane, verts. Les gènes sont bien transmis. Jane s'agrippe à son bras comme si elle ne l’avait pas vu depuis des années, ce qui est peut-être le cas. Elle s’approche de moi en trimbalant son neveu. Je roule les yeux au ciel en sachant qu’elle tient à la présentation officielle. J’adore Jane car elle rend heureux mon père mais parfois elle en fait vraiment beaucoup pour pas grand chose, et j’ai parfois besoin de plus d’espace personnel..

- Bon alors Elio, voici Héna ma belle fille, et Héna voici Elio mon neveu.

La façon dont elle a dit “mon neveu”, avec tant de fierté, réchauffe tout juste mon coeur. Il m’adresse un bonjour chaleureux et je le lui rends. Ensuite, je fais comme d’habitude, je m’assois à table comme s'il n’était pas là. Mon père arrive les bras pleins de bonnes choses qu’il pose sur la table, avant d’embrasser notre invité. Alors que notre chère Elio s’installe à côté de Jane, mon père fait le tour de la table pour venir me déposer un baiser sur le front afin de me saluer à mon tour.

Le repas commence dans un silence pesant, je regarde Jane puis Elio, la ressemblance est frappante. On dirait presque que c’est son fils. Il a des cheveux châtains clairs, légérement plus foncés que ceux de sa tante, ils sont assez longs, quelques boucles lui tombent sur le front. Mon père me coupe dans mon observation pour questionner Elio :

- Ta tante ne m’a pas dit ton âge.

- J’ai dix-neuf ans, lui répond-il en levant son regard de son assiette. Ses yeux se posent sur moi :

- Et toi Héna tu as quel âge ?

Je maintiens le contact visuel, s'il croit m’impressionner il se met le doigt dans l'œil le pauvre. Il a l’air d’un gars bien trop sûr de lui. Mais le regard de mon père m’oblige à répondre par politesse.

- Dix-sept, répond-je sans envie de poursuivre la conversation. Mon père se sent obligé d’ajouter :

- Apparemment tu viens de Paris c’est ça ?

Elio regarde Jane, comme s'il avait peur de révéler trop de choses indiscrètes. La conversation commence à devenir un peu plus intéressante.

- Et bien la banlieue parisienne n’est pas idéale pour une petite fille qui va rentrer à l'école. Je préfère lui offrir un climat au bord de la plage qu’en bas d’un immeuble.

Il a une fille ?! Je déglutit difficilement à la mention d’un enfant. Et je ne suis pas la seule apparemment. Je vois Jane se crisper sur ses couverts, et mon père qui se racle la gorge. Elio à l’air d’avoir remarqué le malaise alors il se lance pour rétablir une vérité qui semble déformée.

- Le sud de la France me paraît parfait pour ma petite sœur, Juliette.

Ah il parle donc d’une petite sœur.

Jane ne se détend pas pour autant et ça j’ai l’air d’être la seule à l'avoir remarqué. Sa famille a elle aussi semble avoir de sacrés secrets. Un neveu qui élève sa petite sœur seule, de plus il me semble que sa seule et unique sœur est malade. J’imagine que c’est donc la mère de Juliette et de Elio. On est loin du schéma traditionnel de la famille.


Elio


J’ai déposé Juliette chez Naëlle, la seule personne capable de s’occuper d’elle comme de sa propre fille. Elle habite dans le coin. Ca aussi est avantagé d' emménager ici.

Jane m’avait conseillé de ne pas la ramener ici car Héna supporte mal la présence des enfants. Vu que je suis nouveau dans ce foyer je n’ai rien dit même si cela ressemble à un sacré caprice de gamine. Pourtant quand je l’ai vu elle n’avait rien d’une gamine. Elle avait l’air d’avoir grandi trop vite. Ses tâches de rousseurs sont les seules choses qui lui donnent un air enfantin. Ses long sourcils sont fins mais assez rapprochés ce qui donne une forme et du caractère à son visage. Et puis ses yeux qui semblent mener un combat éternel, sont étirés par de longs cils. Elle n’est pas maquillée et pourtant ses cils sont tellement dense qu’elle a un regard de félin mais ils contrastent avec un éclat discret de fillette. Quand je me suis approché d’elle pour lui dire bonjour j’ai de suite remarqué les quelques tatouages éparpillés sur son corps à des endroits aléatoires. Il y a le chiffre onze sur son épaule près de sa bretelle de débardeur, puis une fleur tracée d’un seul trait près du creux de son coude. Et lorsqu’elle a fait demi-tour pour s'asseoir, j’ai découvert deux dates à l’encre noire derrière son coude, “1983” et “2008”.

Le Repas se termine dans le silence. Jane à l’air si crispée quand on me questionne sur Juliette, pourtant je ne peux m'empêcher de fixer les long cils de Héna, inclinés vers le bas quand on me parle. J’ai croisé à plusieurs reprises le Regard d’Héna lorsque je réponds aux questions. Contrairement à son père, Charles qui ne pose pas de question sur le pourquoi je vis avec ma sœur, Héna semble avoir envie de savoir pourtant elle ne demande rien.

Le repas est désormais fini, je me lève pour aider à débarrasser. Je ne compte pas rester les bras croisés, ils vont m'héberger gratuitement.

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4 commentaires

Mary Cerize

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Il y a un an

Tout ce que j'ai à dire c'est que la passion et l'inspiration n'ont pas d'âge particulier. Donc continue sur ta lancée ✌🏾😉

leane.marchand

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Il y a un an

Merci beaucoup !

Mary Cerize

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Il y a un an

Début prometteur grâce et par son déroulement bien décrit...malgré le manque d'épurer ton texte pour que la lecture soit plus fluide. Comme l'est ta plume également que j'ai plaisir à découvrir 🙂

leane.marchand

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Il y a un an

Merci ! Il est vrai que ma plume doit progresser, je vais bientôt retravailler mon texte mais il faut savoir que je n'ai que 16 ans et que je compte bien encore évoluer dans ma façon d'écrire. Merci pour ce commentaire !
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