Fyctia

Elio.

Alors que je range les assiettes sales dans le lave vaisselle Jane attire mon attention :

- Et Naëlle comment va-t-elle ? Apparemment elle monte souvent vers Paris pour vous voir toi et la petite. Et du coup elle doit se réjouir de vous avoir près d’elle ?

- Oui, elle était contente. En plus ses partiels sont finis on va pouvoir profiter.

- Elle étudie quoi ? Enchaîne Charles par curiosité.

- La psychologie, dis-je.

Une fois la table debarassé, j’embrasse ma tante avant de lui dire que je vais aller faire un petit somme sur les transatte dehors. Je me sens un peu fatigué avec toute la route que j’ai fais.

- Oh non, attends ! On a refait une chambre d’amis exprès pour toi. Héna ! Appelle-t-elle.

Elle sort des toilettes fâché les sourcils froncés et je me moque en souriant à la voir renouer l’élastique de son jogging :

- Quoi Jane ? Je peux pas faire pipi ou quoi ?

Tiens donc elle a un sacré caractère la mistinguette.

- Désolé ma puce, mais tu veux bien montrer la chambre a Elio s’il te plait.

Elle me fixe et me maudit au passage :

- Pourquoi il va rester longtemps ?

- Oui, deux ou trois mois. Répond Jane.

Je vois qu’elle se retient de ne pas la réprimander sur son comportement malpoli.

- Peu importe le temps qu’il passera ici. Il est le bienvenu, poursuit- elle en la fixant dans les yeux.

- Bien Jane, finit-elle par dire.

J’embarque mon sac de fringues avec moi alors qu’elle grimpe déjà les escaliers deux à deux.

- Dépêches-toi ! Je ne vais pas consacrer mon après midi à te faire une visite guidée de l’étage.

- Hé ! Molo la p’tite.

Elle craque et se retourne d’un seul coup pour me pousser contre un mur. Elle en a de la force pour une nana de dix-sept ans. Mes cheveux me tombent légèrement sur le front pourtant ça ne m’empêchent pas de fixer ses yeux marrons quand elle m'engueule en chuchotant pour que ses parents n’entendent rien :

- Tu joues à quoi toi ?

Je ne dis rien et souris simplement pour la provoquer un peu plus. Elle enchaîne :

- Hein ? C’est quoi ton problème ? Tu t’amuses à me fixer pendant le repas et tu m’appelles la p’tite ? Primo on ne se connait pas, deuxio on a seulement deux ans d'écart, crétin.

Je ris quand je me rends compte qu’elle m’empoigne par le cole de mon tee-shirt, alors je prends délicatement sa main dans la mienne dans un geste lent pour la dégager et lui chuchote :

- Je te taquinais juste, on se calme.

- Je ne suis pas une fille que l’on taquine.

J'ai compris le message. Je prends appui sur mes pieds et m'écarte du mur en réduisant la distance entre nos deux corps. Elle lève alors le menton pour me montrer que le peu d’espace entre nous ne l’affecte pas. Alors que je fixe ses yeux elle lache :

- Ta chambre est là. Bonne sieste.

Et puis elle fait demi-tour, en direction de sa propre chambre en s’attachant les cheveux. C'est là que je découvre un énième tatouage placé sur sa nuque sous ses baby hairs, un petit cœur tout simple. Cette fille a l’air d’un mystère avec tous ces tatouages et cette attitude fermé mais ma priorité c’est ma petite Juliette. Alors je fais une sieste et je file chez Naëlle. Juliette a horreur de se sentir seule.

À la sortie de ma douche j'aperçois Jane dans le couloir alors j’en profite pour lui demander :

- Jane ?

Elle se retourne un torchon en main :

- Oui ?

- J’aimerais bien savoir quand est ce que Juliette pourra venir ici aussi ?

Elle fait une mine comme si le souci ne venait pas d’elle et qu’elle n’y peut rien. Je le comprend vite quand elle fait allusion à Héna :

- Le problème c’est que ça ne dépend pas seulement de moi. Héna a vécu des choses difficiles et voir des enfants lui rappelle… souvent une souffrance qu’elle essaye de cacher tant bien que mal. Essaie de discuter avec elle pour voir ce qu’elle en pense, peut-être qu’elle s'ouvrira un peu plus à toi qu'à nous.

Oh…il ne s’agit pas vraiment d’un caprice de gamine finalement. Mais pour savoir ce qu’elle en pense de Juliette, c’est plutôt mal parti…

- Merci Jane. Je rentrerai pour le dîner.

- Ok.