Fyctia
9 - AVANT
14 août 2011
Lorsque Ethan termine son petit jeu de provocation avec le papier portant mon nom, je l’invite dans la cuisine à prendre un verre. Machinalement, je lui sers du whisky.
- Nous ne sommes pas dans ton bar, beau sourire. J’aurais pu boire autre chose tu sais.
- Je ne sais pas, tu m’as habituée à cette boisson. Je pensais qu’elle était ta préférée.
- Si tu es habituée en deux jours, ce sera quoi dans deux ans ?
J’aime ce jeu.
J’apprécie qu’il soit aussi sûr de lui.
Sauf que le montrer rendrait le jeu moins intéressant. Plus je fais la dure, plus il tentera de me séduire.
Je crois que c’est cette idée que je préfère le plus.
Je ne préfère pas lui répondre et me serre à mon tour un verre de whisky. Comme pour l'accompagner. En réalité, je bois très peu, je ne sais même pas ce qui me pousse à m'en servir un également.
- On boit du whisky aussi, beau sourire ?
- Je ne suis pas au travail à ce que je sache, réponds-je en affrontant son premier pic.
- Tu cachais bien ton jeu à me juger hier soir, me dit-il en se penchant vers moi pour être sûre que ne voie et n’entende que lui, ce qui n’est pas compliqué au vu de la place qu’il prend.
- Je ne m’enfile pas quinze verres, moi.
- Tu m’as vu faire ?
- Tu empestais l’alcool ! m’écrié-je.
- Parce que tu as senti mon odeur, analyse-t-il avec son air moqueur.
- Non ! Tu sentais tellement mauvais que tout le bar avait ton odeur.
- Ça va, tu n’exagères pas trop ? fait-il semblant de s’offenser, sans jamais perdre d’aplomb.
Nous terminons de rire à ce sujet lorsque je me surprends à lui demander s’il veut que je lui fasse visiter.
Mon appartement n’est en effet pas rangé et je m’excuse auprès de lui pour ce à quoi il va assister.
La cuisine et le couloir sont assez bien entretenus si nous ne prenons pas en compte la vaisselle sale dans l’évier mais ma chambre et le salon ont le sol jonché de vêtements, de sacs, de chaussures.
Évidemment, il accepte la visite.
- Alors, ici mon salon. Il y a tout le nécessaire pour une soirée cinéma, télévision, barre de son, lumière tamisée et porte-gobelet sur le côté du canapé.
- Pas mal ! Mais dis-moi, une tornade est passée ici ?
Je souris timidement.
Je ne sais pas pourquoi je l’ai laissé me raccompagner, j’aurais dû envisager qu’il rentrerait avec moi dans ce cas. L’état de mes pièces me fait honte.
J'ai un appartement de rêve, assez bien emménagé mais je suis dépassée par les tâches ménagères et manque réellement de temps au quotidien.
- Ton côté maniaque ne tolère pas ?
- Je ne pense pas être maniaque mais pas sûr non plus d’être aussi bordélique, me sourit-il.
Il a l’air de tout prendre à l’humour, de toujours dédramatiser, c’est plaisant et rend l’échange plus léger. Il ne me fait pas culpabiliser de vivre comme ça.
- Il manque la présence d’un homme dans cet appartement, ça se voit, tu as besoin de sagesse masculine.
- Tu penses ? Je suis autant une ratée que ça ?
- Je ne dirais pas ça… mais la décoration, le rangement et le ménage n’ont pas l’air d’être ton fort, ricane-t-il.
Je ne prends pas mal ses remarques, je sais qu’il a raison. Mes horaires de travail ne me permettent pas de vivre une vie décente et prendre le temps de m’occuper correctement de mon appartement.
Parfois, je le regrette, j’aimerais pouvoir inviter mon entourage sans problèmes, sans avoir à cacher certaines pièces. Pourtant, lui ça ne me dérange pas. Il apporte un plus à ma soirée et j’apprécie.
Alors je continue de lui faire visiter.
- Ferme à moitié les yeux avant d’entrer si tu as peur du bazar mais voici mon dressing. Plus tard, j’aimerais avoir le temps de le réaménager pour avoir un côté bureau.
- Je trouverais peut-être la pièce mignonne lorsque je serais en mesure de voir le sol.
- Tu es fort désagréable, Ethan.
- Et toi, susceptible, beau sourire, me sourit-il.
Je lui présente enfin la salle de bains et la chambre, bien qu’il n’y ait aucun intérêt pour lui. Il continue de me taquiner sur ce qu’il voit et ça ne me dérange toujours pas.
- Tu n’as pas de chambre d’amis, me demande-t-il.
- Je ne vis que dans un 30m², j’aurais pu si j’avais sacrifié ma partie dressing et ça, jamais de la
vie !
- Où est-ce que je vais dormir ce soir alors ?
Surprise, je ne lui réponds pas.
Je dois même le regarder étrangement.
Il souhaite dormir ici cette nuit ? Je pensais qu'il ne voulait que me raccompagner.
- Ben oui, tu n’as pas de chambre d’ami… Tu ne croyais quand même pas que j’allais dormir avec toi ?
Je souris à l’intérieur de moi.
Je ne le connais pas, pourquoi me fait-il cet effet ?
Il sait jouer de son charisme, c'est effrayant.
- Qui a dit que tu dormais ici ? osé-je lui demander alors que sa prise d'initiative me plaisait.
- C’est une évidence toi et moi, beau sourire. Tu as besoin d’un homme et je suis ici. Match parfait.
- Qu’est-ce que tu racontes ? continué-je pour qu’il me sorte encore ses belles paroles.
- Nous sommes faits l’un pour l’autre, Inès, répondit Ethan, pensant sans doute que j’étais réellement outrée.
Punaise, j’ai souri.
Il le sait, il l’a remarqué.
Il a gagné et l'a eu ce sourire.
Il me sourit en retour.
3 commentaires
Chloé Hazel
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Il y a 8 jours
Emmy Jolly
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Il y a 11 jours