Fyctia

Trois jours plus tard, nous sommes samedi et j’ai exceptionnellement mon week-end.

Ma mère m’a donc missionnée pour me rendre au chalet avec elle. Chaque année, un des membres de la famille s’y rend pour faire l’inventaire de ce qu’il reste de l’année précédente au niveau des décorations, que ce soit pour le chalet ou pour la table, mais cette fois-ci j’accepte de venir l’aider, ça me permet de passer plus de temps avec elle. Puis, l’histoire de l’appel ne m’est pas sortie de la tête, je me demande pourquoi elle communiquait avec lui.

Nous nous servons du chalet uniquement pour les fêtes de fin d’année. Nous devons donc vérifier ce qu’il reste en service de table, en décoration, en plaid pour les chambres des invités, en nourriture non périssable pour pouvoir ensuite préparer ce que nous aurons besoin de ramener.

Mon week-end va donc se passer sous un nombre incalculable de listes et d’inventaires, parce qu’un chalet capable d’accueillir une vingtaine de personnes comprend beaucoup trop d’affaires.

Me voilà dans le grenier à trier les différents sapins, boules et guirlandes. La moitié est défectueuse, nous ne sommes pas très soigneux pendant nos fêtes, je dois le reconnaître. Alors chaque année, je me retrouve avec ma mère à arpenter les divers magasins de décoration pour acheter les petites nouveautés et les plus belles figurines de Père Noël du pays. C’est un rituel chez nous, mais nous aimons ça. L’hiver est notre saison préférée, Noël notre fête. Le meilleur moment pour tous se retrouver en famille.

Je me rends ensuite dans le garage où nous entreposons aucun véhicule tant il est déjà rempli. Luges, snowboards, skis, raquettes, tout y est pour pratiquer les meilleurs sports d’hiver.

Le chalet possède un assez grand terrain à son entrée pour y garer tous les véhicules sans problème.

Je me permets de prendre une pause, le cerveau bouilli pour me faire un chocolat chaud dans la cuisine. Sans surprise, j’y trouve ma mère aux fourneaux. Même pendant ce week-end, elle réussit à trouver le temps de cuisiner. Je sais d’où je tiens mon attirance pour Noël, elle qui est encore plus fanatique que moi. Pour elle, dès octobre nous pouvons nous considérer comme une bonne période pour décorer et cuisiner les mets de fin d’année. Si je l’avais écoutée, nous aurions déjà fait l’inventaire il y a un mois mais j’ai fait le nécessaire pour repousser notre venue et ralentir son excitation.

- Alors ma chérie, tu avances bien ? me demande-t-elle.

- C’est tellement long maman ! lui répondis-je de manière languissante. J’aurais terminé avant dimanche soir, tu crois ?

Ma mère lève les yeux au ciel en m’entendant me plaindre.

Elle a horreur de ça, surtout que j’en profite toujours pour en rajouter et la voir davantage s’exaspérer.

De mon point de vue, la voir s'énerver est assez drôle. Elle perd rapidement ses moyens.

- Inès, si tu m’as proposé ton aide, ce n’est pas pour te plaindre ensuite.

Je préfère ne pas lui répondre, pour la provoquer un peu.

- Tu l’as déjà fait, il y a deux ans, tu savais à quoi t’attendre. Mais non, tu acceptes de venir m’aider pour ensuite râler ! Comme toujours avec toi !

Je continue de l’ignorer pendant que je prépare ma tasse de chocolat. Elle ne cherche même pas à croiser mon regard. Elle est partie dans ses problèmes. Elle tombe facilement dans le panneau lorsque j'essaie de la taquiner.

Puis, l’aider est un bien grand mot. Même si c’est long, je sais que je vais terminer d’ici ce soir ou demain matin déjà alors qu’elle ne sera toujours pas sortie de la cuisine. J’ai plutôt l’impression de faire sa part du travail mais ça ressemble à ça l’entraide mère-fille. Elle est heureuse de passer son week-end à cuisiner et je ne lui enlèverais pas ce plaisir.

- On ne peut jamais compter sur toi, c’est aberrant ! Rentre maintenant si tu n’es pas contente, vas-y ! s’agace ma mère, déçue par ma réaction.

- C’est vrai ? Je peux partir ?

Je la regarde avec un grand sourire, elle croise mon regard et comprend que je suis en train de me moquer d’elle.