Fyctia
7 - AVANT
14 août 2011
De tout le trajet, nous n’avons pas échangé un seul mot.
Je suis gênée à l’idée d’être raccompagnée par une personne que je connais si peu. Il me met mal à l’aise. Lui ne parle pas non plus, à tout moment je le sens me regarder en souriant, toujours sûr de lui mais dans un silence pesant.
Je lui ai simplement donné mon adresse, il ne l'a rentrée dans aucun GPS, il a l'air de connaître. Tout m'intrigue.
Sa voiture est très propre, aucune miette, ni poussière, ni déchet. S'il me disait qu'il l'avait lavée aujourd'hui, je ne serais même pas surprise. Parce qu'on dirait qu'il vient de se l'acheter. Je ne connais pas trop les modèles de voitures mais je pense qu'il s'agit d'un beau véhicule, avec le coût qui va avec. Je pense qu'il a les moyens.
Il se gare trente minutes plus tard en bas de mon immeuble. J'habite en appartement au sixième étage, avec un ascenseur heureusement.
- Et voilà, beau sourire.
- Merci beaucoup. Tu n'étais pas obligé.
Il continue de me surnommer de cette manière alors que je ne suis pas sûre d'avoir souri une seule fois depuis hier. Il a dû apercevoir mon sourire lorsque je m'occupais d'autres clients. Je n'aurais pas envie de lui accorder ce privilège à lui, bien qu'il me sourit tout le temps avec insistance.
- Tu me fais visiter ?
Non mais, il ne manque vraiment pas de culot.
Je ne le connais pas, je me laisse malgré tout raccompagner et maintenant, il veut monter avec moi.
Je dois avouer qu'il me plaît. Comme il doit plaire à tout le monde avec son côté charmeur. Il est mignon et il le sait, il en joue.
Cependant, ce n'est pas mon genre de faire monter les inconnus chez moi. Mon appartement n'est même pas rangé avec les horaires que je fais. Même ma mère et mon frère ne viennent pas me rendre visite ici pour cette raison. Quand ils ont besoin de me parler, nous nous donnons rendez-vous au bar.
- Il est tard, tu devrais rentrer, lui réponds-je avec mon air niais.
- Je ne partirais pas sans avoir vu ton beau sourire.
Il insiste, je rêve.
J'enlève ma ceinture de sécurité et ouvre la portière pour sortir de la voiture. Debout, je me penche et lui fais un signe de la main.
- Merci encore et bonne soirée !
Je le vois couper le contact de la voiture et sortir à son tour. Il fait le tour du véhicule et me rejoint sur le trottoir en à peine quelques secondes. Le temps que je réagisse à ce qu'il faisait, il était déjà à mes côtés.
- Alors, tu habites à quel étage ? me glisse-t-il subtilement, comme s’il me parlait à l’oreille.
- Tu joues à quoi là ? lancé-je, décontenancée par son attitude.
- Inès beau sourire va me faire découvrir son appartement ! crie-t-il dans la rue, radieux.
- Arrête de m'appeler comme ça, protesté-je, gênée.
- Je t'ai dit. Je ne partirais pas sans l'avoir revu.
- Tu ne l'as jamais vu ce sourire.
- Oui, tu refuses de me le faire. Et je vais te faire craquer, décide-t-il de jouer.
- Un autre jour alors, puisque tu rentres chez toi.
- Non chez toi, ricane Ethan en m’attrapant par les épaules pour nous obliger à nous rendre dans la même direction.
Qu'est-ce qu'il est énervant.
Mais j'aime ça.
Il me provoque et me stimule comme aucun autre garçon ne l'a jamais fait.
Je suis tellement habituée à avoir ma carapace et mon cœur de pierre, qu'il me fait du bien en réalité.
Néanmoins, lui dire serait trop facile. Il y prendrait du plaisir et je ne veux pas lui faire ce privilège. C'est aussi pour cette raison que je ne lui souris toujours pas.
Et si je le laissais monter avec moi ? Il n'a pas l'air d'avoir un fond dangereux, je ne risque rien. Au pire, je l'aurais fait monter pour rien. Au mieux, je passerais un bon moment en sa compagnie. Il pourrait enfin prétendre qu'il me connaît.
Je me dirige vers la porte.
- Alors, tu ne me suis pas ?
Il me répond avec son fameux sourire. Il a gagné et il le sait. Il va découvrir mon havre de paix.
- J'espère que tu n'es pas allergique aux poils de chats.
- Oh non, pas un chat ! Inès, j'en ai très peur.
S'il y a bien une peur que je ne lui aurais jamais affilié, c'est bien la peur des animaux, du moins des chats.
Comment un homme de sa taille, sa corpulence peut avoir peur d'aussi petites et mignonnes bêtes ? Je suis surprise.
Tynie n'allait pas être contente.
Je m'arrête sur le perron alors que je m'apprêtais à ouvrir la porte d'entrée de l'immeuble.
- J'ai un chat, Ethan.
Première fois que je prononce son nom.
Je ressens une drôle de sensation dans mon corps à ces mots. Comme si ça ne me laissait pas indifférente. Ce n'est qu'un prénom, je dois me ressaisir et continuer à ne rien laisser transparaître.
Lui se met à rire. Un rire sincère et fort, presque moqueur.
- Je t'embête Inès, répond-il en insistant sur mon prénom comme pour notifier qu'il a remarqué comment je venais de l'appeler.
Si ça n'avait pas été lui en face de moi, j'aurais sans doute rigolé à cette blague mais je ne dois pas faiblir.
- T'es bête ! Complètement stupide ce n'est pas vrai. Je t'ai cru ! m'indigné-je après m’être inquiétée qu’il puisse ne pas aimer ma Tynie.
- Ça se voyait à ta tête, c'était très drôle à voir.
Nous montons en silence les six étages et arrivons devant ma porte d'entrée. J'habite au numéro 65 et je le vois examiner le petit panneau avec mon nom.
- C'est ton écriture ?
- Non, celle de mon ex.
Il ne me regarde pas, ne sourit pas. Est-il piqué ? Ça me paraît insensé.
Cependant, je dis vrai. J’ai emménagé dans ce logement il y a quelques années et c’était mon ancien petit ami qui s’était occupé de ça.
J'ouvre timidement la porte et j'entends gratter sur le sol. Tynie se dirige vers nous et s’approche doucement d’Ethan.
- Tynie, Ethan. Ethan, Tynie.
Je ne comprends et ne sais toujours pas ce qu'il fait exactement chez moi, avec moi mais il me réconforte et ne me fait pas regretter en s'agenouillant pour donner des gestes affectueux à mon chat. Cette dernière n’a pas l’habitude de voir quelqu’un d’autre que moi et en profite au maximum. Elle a l'air de déjà beaucoup l'apprécier avec sa tendresse.
Nous entrons tour à tour dans l'appartement.
- Me voilà chez beau sourire !
- Bienvenue.
Il découvre mon entrée avec mon meuble à chaussures et mon porte-manteaux. Je me dirige vers ce dernier pour enlever ma veste.
Lorsque je me retourne pour revenir vers lui, je le vois en train d'écrire sur un post-it. En effet, sur mon meuble se trouvent tout le temps un pot à crayons et quelques papiers.
- Qu'est-ce que tu fais, lui demandé-je en retenant un rire.
Il me tend le papier où il y a inscrit mon nom et prénom avant de sortir et d'échanger avec l'autre devant ma porte. Il a décidé de laisser son écriture sur mon appartement, de laisser une marque de lui.
Ethan. Qui que tu sois derrière ton doux visage, tu me plais. Ta provocation me plaît.
Mais ce que nous faisons est complètement fou.
7 commentaires
JustineSt
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Il y a 3 jours
Chloé Hazel
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Il y a 8 jours
Emmy Jolly
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Il y a 11 jours
MorganeSacha
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Il y a 16 jours