Fyctia
Chap. 9 : L'amour vache... (3)
Jared se met à tousser bruyamment.
— J’appelle les secours ?
— T’en as mis beaucoup ?
— Non, une pincée.
Il se lève et se passe un peu d’eau sur le visage puis se rince la bouche, se gargarise et boit. Moi, à côté, je me sens impuissante.
— Jared, ça va aller ? j’ai des trémolos dans la voix.
A ce même moment, Amélie apparaît.
— Vous répétez ? C’est vachement mieux, Camille, on ressent l’émotion…
Et soudain, elle voit le visage de Jared.
— Oh, mon dieu !
— Ça va, ça va.
Jared veut gérer la situation.
— Je me sens déjà mieux.
— T’es sûr ? Mais qu’est-ce qu’il s’est passé ?
— Camille a voulu m’empoisonner, elle a mis de la cannelle dans mon porridge.
Il agite la photo, prise quelques instants plus tôt, comme une preuve. Je soupire. Amélie comprend immédiatement que je n’ai pas fait exprès.
— Heureusement que la dose est infime et que je n’ai pas tout mangé.
Je regarde le plat, il a pris à peine trois cuillerées.
— Tu es sûr que ça va aller ? demandé-je, une nouvelle fois.
— Oui, je vais prendre mes antihistaminiques, me poser un instant et on pourra se rendre au casting.
Mon colocataire quitte la pièce, rapidement, tandis qu’Amélie me regarde désolée :
— Tu sais ce que l’on dit, "la route de l’enfer est pavée de bonnes intentions…"
Dépitée, je me laisse choire sur une chaise et racle le fond de casserole. Tout ça m’a coupé l’appétit et la texture visqueuse me donne la nausée. Je lâche la cuillère et retiens un soupir, j’ai l’impression que le sort s’acharne sur moi, ces derniers temps. Amélie essaie de me remonter le moral.
— Jared a dit que ça allait aller, il faut se concentrer sur ce qui arrive, le casting.
— Il serait sans doute plus sage de ne pas y aller…
— Tu veux achever notre ami ?
Oui, pour le coup, vraiment, Jared ne me le pardonnerait pas. Je puise en moi, pour trouver un brin de motivation.
Dans ma chambre, ma tenue de scène : un jean et un pull m’attendent. On a choisi, avec Tania, quelque chose de sobre qui me ressemble, pour que je sois à l’aise, et on mise sur les bijoux et le maquillage pour me « sublimer ». Ce sont ses mots. J’accroche les créoles aux lobes de mes oreilles et mon visage semble immédiatement plus lumineux. Je ne mets pas d’anti-cernes, pas de de fond de teint, bien que j’en aurais sans doute besoin, juste une bb crème pour unifier un peu mon grain de peau. Un trait de khôl fait ressortir mes yeux rougis par la fatigue et j’ajoute du baume à lèvres pour les faire briller. Je suis prête, il est bientôt l’heure de partir.
Dans l’entrée, après avoir fait les 100 pas, je finis par m’assoir sur le banc. Mais que fait Jared ? Peut-être un malaise ? Je me lève précipitamment, pour vérifier qu’il va bien, quand il surgit, lunettes de soleil sur le nez.
— Je ne veux pas entendre un mot jusqu’au casting.
J’obtempère et, tous les deux, nous prenons la route de l’Opéra.
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