May Darmochod Un coeur à caster Chapitre 7 : Le choix (3)

Chapitre 7 : Le choix (3)

Camille, on reste professionnelle, me rappelé-je tout en arrivant à la hauteur de M. Pero et de son client. C’est plus fort que moi, je ne peux pas m’empêcher de le dévisager. De plus près, je réalise qu’il a un petit quelque chose de Léo Per, mais ce n’est pas lui. Il faut que j’arrête de voir mon acteur favori partout. En tous cas, c’est très étrange et attirant cette ressemblance et cette différence. Mon patron rayonne de joie et annonce :

— Ce monsieur travaille avec Louisa Augustin et il est venu nous remercier.


— Ah, lâché-je, de stupeur.


Nous remercier pourquoi ? La réponse ne tarde pas à venir.


— Oui, Madame Augustin a beaucoup aimé les ouvrages qu’elle a achetés chez vous. Elle dit que ça se sent qu’ils sont écrits par des auteurs locaux qui connaissent leur sujet. Du coup, elle m’a demandé de revenir pour vous remercier pour ces belles découvertes et pour vous demander si vous auriez sa biographie en rayon ?


Le sourire de M. Pero s’efface. Je vois, à son expression, que son cerveau mouline à toute vitesse. Il visualise la liste du tableau excel des acquisitions et des commandes avant de finalement dire :

— Camille ?


Je suis sa bouée de secours. J’ai brutalement chaud, très chaud. Non seulement parce que le beau blond vient de plonger son regard dans le mien, mais aussi parce que je sais que nous n’avons pas cet ouvrage ni en rayon ni en stock. Alors que je m’apprête à répondre par la négative, une idée traverse mon esprit : j’ai un exemplaire dans mon sac.


— Oui, bien sûr, victime de son succès, il est rupture de stock, mais il nous reste un exemplaire dans la remise. Je vais le chercher.


L’homme de main canon de Madame Augustin - elle sait s’entourer - m’offre son plus beau sourire mais je ne me laisse pas distraire. Sans plus attendre, je me faufile jusqu’à l’arrière-boutique et saisis l’exemplaire dans mon sac. Et, alors que je m’apprête à retourner dans le magasin, j’ai la présence d’esprit de vérifier que Jared n’a pas oublié un marque page et là, horreur ! Mon sang se fige. Il a des annotations partout sur des post-its ! Ce n’est pas vrai ! J’entreprends de tous les enlever, heureusement qu’il n’a pas écrit à même le livre ! Il fait partie de ces personnes qui considèrent l’ouvrage comme un objet sacré. Un bon point pour lui. Mon absence doit leur paraître longue. Je transpire devant le caractère fastidieux de la tâche, mais en viens finalement à bout. Je vérifie une dernière fois qu’il ne reste pas de petits papiers jaunes, bleus ou rose fluos sur lesquels sont inscrits ce genre d’informations : « mais quelle femme ! », « elle aime les pâtes à la truffe », « porte des sarouels noirs lors des tournages » ou encore « a peur des araignées ». La pile de post-its en main, je me demande subitement à quoi cette prise de notes pourrait bien nous servir pour le casting ? Ça ressemble plus à l’étude d’un psychopathe qui s’apprête à traquer sa proie. Je décide de garder cette question pour plus tard et retourne dans le magasin au pas de course. L’homme de main de Louisa Augustin attend toujours au côté de M. Pero qui me fixe avec des yeux ronds.


— Le voilà ! dis-je, tout en tendant l’ouvrage au jeune homme très solaire.


Il s’en saisit et le tend aussitôt à mon patron pour payer. M. Pero ne pipe moi et fait la vente.


— Bien, merci et bonne journée.


Apollon me sourit et éclipse tout. Je reste médusée, mon responsable aussi. Il nous faut reprendre nos esprits mais, sans doute, pas pour les mêmes raisons. C’est une cliente revêche qui nous ramène à l’instant présent :

— Bon, vous le voulez mon argent, ou non ?


Je sursaute en reconnaissant la vieille dame du métro et laisse M. Pero s’en occuper. Moi, j’ai déjà donné. Mon patron sait de toute façon y faire avec ses clientes. La quarantaine, les cheveux poivre et sel, un peu replet, il n’est pas particulièrement beau ni séduisant mais sait se montrer charmeur. La preuve, il parvient même à amadouer la chouette d’Athena qui repart avec le sourire et son roman sous le bras « Bon baisers de Cora sledge » ! Les ventes s’enchainent, jusqu’à la pause de midi. M. Pero m’envoie prendre mon repas puis ce sera à Suri et à lui, en dernier, bien qu’il soit capable de ne pas manger pour faire tourner la boutique. Je prends ma doudoune et mon sac, à la hâte, d’autant plus que j’ai mes petites habitudes, le samedi, l’hiver, c’est poutine. J’ai découvert ce plat lors du marché de Noël de la place Carnot, il y a quelques années. Depuis, ça s’est démocratisé et on en trouve dans différents restaurants comme « Frite alors ! ».


Je passe le pas de la porte et constate que la file d’attente a diminué, la majorité des clients sont en train de manger, mais ils vont revenir. Il n’y a pas de temps à perdre ! Je m’élance, alors, en direction du restaurant à quelques minutes à pied de mon lieu de travail. Soudain, on m’interpelle. Je relève la tête et aperçois, sur le trottoir d’en face, Jérémy, deux poutines à la main.



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6 commentaires

larchotte

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Il y a 2 ans

🙂 Hâte de connaître la suite Surtout avec Jérémy qui débarque 🤩

iris monroe

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Il y a 2 ans

voici mon soutien, si tu souhaites en faire de même l'histoire 🌞" Soleil, grands amours et bouquets de fleurs"💐 t'attend volontiers. 🌸Bonne inspiration pour la suite.🌸

elia

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Il y a 2 ans

😀😀😀

violectrice_plume

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Il y a 2 ans

A jour

Jessie Moon auteure

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Il y a 2 ans

👍😊

Aurélie Benattar

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Il y a 2 ans

Soutien 👍📚😊
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