Fyctia

Chapitre 1 : Un saut dans le temps

Comment imaginer que cela puisse m’arriver un jour … Croyez moi je n’ai rien de spécial mais cet évènement est quant à lui irréel. Je me présente Emma Foulet, étudiante en histoire de 25 ans. J’ai toujours été fascinée par l’histoire (je suis plus du genre à fantasmer sur des histoires d’amour historiques improbables qu’à plancher des heures sur des problèmes géo-politiques tordus). Bref, ma passion pour l’Histoire est certes niaise mais réelle. Je ne suis pas une meneuse, pas exceptionnellement jolie, je n’ai pas une bande d’amis d’enfance incroyable. Je suis tout simplement simple, la définition même de la fille simple et banale.

Pour alimenter cette normalité qui règle ma vie, me voilà sortant de la Sorbonne après un cours sur les sociétés contemporaines du XXème siècle. Il est 19h00, la nuit est déjà là (merci à l’automne parisien) et je me dirige vers la ligne 7 à Châtelet pour rentrer chez moi. Le trajet est plutôt court et rapidement je me retrouve dans mon appartement (chambre de bonne de 10m2). Epuisée par la journée de cours je trouve rapidement le chemin du sommeil. Et c’est là, je ne sais pas pourquoi et grand dieu comme je regrette de m’être endormie, que tout est devenu étrange.

Je me réveille, affolée par l’idée d’avoir manqué mon réveil et de ce fait d’être en retard (eh oui en master, les absences sont similaires à un casier judiciaire). Mais en tâtonnant autour de moi je ne retrouve pas les objets à leur place habituel. Je commence à paniquer, je cherche mon portable pour avoir une source de lumière. Introuvable. Je me dirige tant bien que mal vers le velux, il n’est pas là. Je commence à hyperventiller, qu’est ce que c’est que ce bordel !

Je me cogne contre le mur et ce qui semble être une fenêtre. Je suis dépassée par les évènements, machinalement je l’ouvre pour avoir de la lumière et mettre fin à ce cauchemar.

Ne panique pas Emma, ne panique pas. La vue depuis mon appartement a bien changé… Où se trouve le centre commercial Italie II, où se trouve mon café Chouquette, où est le fucking MacDonalds. C’est une blague, une journée du patrimoine très immersive dont je ne suis pas au courant. Enfin j’espère. Parce que ce que je vois est tout autre : mes immeubles Hausmaniens sont toujours là, mais étonnamment moins insalubre, presque neufs ; les voitures ne sont plus là ce sont des modèles très anciens qui remontent à l’après guerre, les bus ne circulent plus, les magasins ne sont plus là et les gens… eh bien le jeans n’est pas de rigueur aujourd’hui.

Tout cela commence réellement à m’inquiéter, je cherche mon portable mais il reste introuvable. Tout à coup, retentit une alarme. Oh mon dieu je reconnais ce son, le cours avec Monsieur Legras (pauvre homme) qui nous racontait que cette sonnerie indiquait la fin du couvre feu. Le thème de cette année est donc l’occupation allemande dès 1940. Il se sont donnés beaucoup de mal. J’admire le travail, mais d’un coup ça ne colle plus. Certes le paysage urbain a été modifié mais… mon appartement. Je ne comprends pas. Je rigole de moi même en osant imaginer que j’ai été envoyé dans un univers parallèle, un voyage dans le temps, mais quelle couillonne franchement Emma.

Mes bêtises sont interrompues par des coups contre la porte, je me précipite pour l’ouvrir (en remarquant que RIEN dans mon appartement n’est identique à la veille (relax Emma relax tu divagues). J’ouvre et me voici face à un officier arborant un uniforme nazi.

«  Le couvre-feu a été levé » m’explique t-il avec un fort accent allemand.

«  Merci, belle performance et votre accent est incroyable, je suis plongée en plein IIIème Reich monsieur » je lui réponds en applaudissant.

Il me regarde très perplexe, presque méchamment. Il le prend mal ? Je voulais juste le féliciter pour cette mise en scène.

« Madame ce n’est pas une façon correcte de vous adresser à vos supérieurs. Veuillez cesser. Auf wiedersehen » me coupe t-il agressivement

Une réplique d’OSS 117 me vient de suite mais je préfère la garder pour moi, il ne semble pas réceptif à l’humour.

Je décide alors de m’habiller en vitesse (feignant toujours de ne pas voir que RIEN n’est pareil dans mon appartement), mes vêtements eux sont bien les mêmes. J’enfile mes bottines et décide d’aller faire un tour dehors.

Après quelques pas je ne peux plus nier l’indéniable, je regarde autour de moi, les meilleurs architectes du monde ne peuvent pas changer Paris à ce point. Je remarque un vendeur de journaux, je cours et m’empresse de regarder la date sur le journal : 20 octobre 1940.

Oh bordel ….