Fyctia

– Josh ! Viens par là ! - lancé-je pressante à mon frère, Joshua -

Mon air légèrement impératif lui arrache une mine suspicieuse pendant qu'il se dirige vers moi. Rien qu'à voir son sourire malicieux, je sais qu'il devine sans peine que je manigance quelque chose dans mon coin.

Dès qu'il s'installe près de moi, je le hâte de venir encore plus proche pendant que j'affiche une mine complotiste sur mes traits.

– On pourrait croire qu'il s'agit d'une conversation d'état. –

– Est-ce que tu sais si Charli et John, ils dorment ici ce soir ? - débuté-je innocemment -

Il se contente de hausser doucement les épaules en signe de négation. Apparemment il n'a pas eu plus d'informations que moi à ce sujet.

– Tu penses que tu pourrais me rendre un petit service ? - poursuivis-je, suppliante tout sourire -

– Quel genre de service ? - me questionne-t-il perplexe -

– Le genre où tu ne balances pas ! Sinon je balance le jour où tu as failli foutre le feu à la baraque avec tes potes ! - lui réponds-je, un doigt pointé sous son nez -

Cette fois-ci il explose de rire en levant les mains en l'air devant mon chantage, clairement abusif.

– Ok, ok. Bon, tu veux quoi ?

– Que tu dormes avec Charli ce soir ! - chuchoté-je espiègle -

– Ah ouais ! Tu veux vraiment passer la nuit avec ton avocat ! - me répond-il hilare -

Pendant qu'il continue de rire, je lui adresse une mine affreusement offusquée en faisant les gros yeux.

– N'importe quoi !

– Mais arrête, tout le monde sait que lui et toi c'est.. - il se met à faire un bruit de grésillement électrique avec ses doigts -

Je secoue la tête pour démentir ses suppositions avant de reprendre, déterminée.

– Bon. C'est ok ?

– Mais oui ! Tu sais bien que je décrocherais la lune pour toi ! - me répond-il faussement mielleux -

Je lui réponds avec un large sourire tout aussi cauteleux qui lui arrache un ricanement sournois.

– Merci ! Tu es un amour !

– Tu en doutais ? Tu me revaudras ça ma vieille !

Sans répondre pendant qu'il se lève, je lui adresse mes deux pouces levés en l'air tout en dansant, un grand sourire fourbe sur les lèvres.

– It will be good ! –

Puisque je viens de remporter mon ticket pour passer une nuit avec mon Ecossais, j'en profite pour m'octroyer une pause en surfant sur les réseaux sociaux. Je vois défiler des centaines de photos à l'effigie de Noël et cette année l'événement c'est bien l'incroyable quantité de neige qui s'abat sur Londres.

Néanmoins, mon égarement sur les réseaux sociaux est de courte durée lorsqu'une notification m'informe de plusieurs messages de la part d'Alexander.

Basta les photos parfaites d'Instagram et je bascule directement sur ma conversation avec lui en découvrant, un sourire bête aux lèvres, le contenu de ses messages.

• – Alexander – 12h28 : Hello toi ! Prête à célébrer la venue du petit Jésus ? Pour info, le coursier devrait arriver au cabinet vers 18h... Je sais c'est tard, avec cette tempête c'est le bazar pour arriver à Londres.
• – Alexander – 12h30 : PS mon lit était bien vide sans toi cette nuit...

Ses messages à demi-mignon et à demi-professionnel font ressortir toute la niaiserie dont je suis capable. Et pourtant, dieu sait que la niaiserie ce n'est pas mon fort.

Je constate également au passage qu'il n'a pas repris sa place froide et distante qu'il s'appliquait habituellement à tenir. C'est fou mais, je ressens cette étrange sensation de soulagement. C'est comme si j'avais la confirmation que je n'étais pas seulement un passe-temps.

Enfin.

Son passe-temps.

• – Anastasia – 12h36 : Bonjour toi aussi ! Prête et impatiente même... Pas de problème pour le coursier, on se retrouve à pied pour aller au cabinet ?
• – Anastasia 12h37 : PS du PS mon lit n'était pas aussi froid que le tien vu qu'Ester était là mais ça ne vaut pas un Ecossais en kilt non plus......

J'avoue que mon message était peut-être un petit peu trop explicite... J'aurais sûrement dû la jouer plus fine sur ce coup-là... Mais de toute façon, qu'importe, c'est envoyé.

Je sursaute quand j'entends mon téléphone se mettre à vibrer presqu'instantanément.

• – Alexander – 12h38 : Si ma mémoire est bonne tu m'avais promis de te déguiser en mère Noël... Spécialement pour moi. Sinon, je peux passer te récupérer chez toi ou ton père risque de me couper la tête ?
• – Alexander – 12h40 : PS et ton PS : ton lit attend des invités ce soir...... ?

Mon cœur fait littéralement un bond dans ma poitrine lorsque mes yeux se concentrent exclusivement sur son second message.

Ok. Ok. Je m'attendais à tout, sauf à ça !

D'ailleurs mon cœur n'est pas le seul à faire des bonds, ma libido s'agite aussi en insinuant dans mon cerveau la vague de plaisir qu'Alexander pourrait me procurer.

Je fais redescendre ma température en frottant mes mains froides contre mon visage mais même malgré mes efforts, il est toujours là, dans ma tête.

Est-il une gangrène ou un parasite finalement ?

Je soupire une ultime fois en riant de mes propres émotions qu'il chamboule sans peine.

Peut-être est-ce le cas aussi pour lui ? Mon dieu, comme je paierais cher pour savoir quelle tête il fait en ce moment !

• Anastasia – 12h52 : As-tu été assez sage pour mériter ça ? Pour mon père, je pense que c'est mieux que l'on se retrouve à l'angle de 323 Oxford Street.
• – Anastasia – 12h54 : Et pour répondre à ton PS, tout dépend de qui est l'invité en question...

Toujours immobile devant mon écran à sourire comme une cruche, je sais que je suis bien plus empoisonnée que je ne le pensais.

Ce que j'imaginais être une attirance, peut-être un béguin à la rigueur et en réalité bien plus que ça. Tellement plus. Mes sentiments se développent inexorablement un peu plus tous les jours et c'est la première fois que mon cœur échappe à mon contrôle.

Je me sens implacablement tomber amoureuse de cet homme et de son aura si particulière.

Devrais-je être inquiète ?

Et s'il décidait de reprendre son ancienne vie de débauche ?

Est-ce ça, ce qu'on appelle de profiter de la vie ?

Je passe un moment à méditer à mes questions, néanmoins ma bonne humeur chasse sans peine mes pensées négatives. Le regard perdu dans les flammes de la cheminée, je me concentre sur tous les aspects positifs qu'Alexander m'a apporté depuis son arrivée.

C'est joyeusement pensive que je constate qu'il est déjà 15h passé à la pendule et que je me décide à lever mes fesses du canapé pour rejoindre ma mère qui s'affaire toujours en cuisine. Appuyée contre la poutre maîtresse de la cuisine, j'observe ma mère finir de dresser son chef d'oeuvre, le plat principal qui devrait rejoindre le four d'ici quelques minutes.

Je ne reste pas longtemps inaperçue lorsqu'elle relève la tête pour m'adresser l'un de ses sourires incroyablement rayonnants.

– Tu n'aurais pas oublié de me raconter quelque chose ? - m'adresse ma mère, complice et bienveillante -