Fyctia
Chapitre 35
Après avoir salué chaleureusement notre client, il est temps que nous prenions le départ.
Même si j'ai tenté de porter mon plus beau masque, je crois que le stress de cette nouvelle a durci les traits de mon visage. Le premier à s'en rendre compte est évidemment Alexander qui s'inquiète pendant que nous roulons en direction de l'hôtel.
– Si tu es vraiment trop mal à l'aise, tu as le droit de refuser Anna. - début-il en caressant doucement ma cuisse -
Je reste silencieuse tout en tentant de gérer le flot d'émotion qui me submerge. Même sa main ne suffit pas à réveiller mes pulsions, même pas une arrière pensée...
Je suis bien trop prise dans mon anxiété interne.
Je n'ai jamais rencontré les parents de l'un de mes anciens petits amis et encore moins ceux d'un prétendant.
Je ne sais même pas comment il est politiquement correct de se comporter.
Faut-il jouer à la fille modèle ou être naturelle ?
Dois-je faire la conversation ou être une plante verte ?
Est-ce que je dois dissimuler mon attirance pour leur fils ou non ?
Je n'en sais foutrement rien et ça m'angoisse.
Cette fois-ci mon cœur bat tout aussi vite que lorsque je suis en présence d'Alexander, mais plus pour les mêmes raisons. J'ai beau tenter de contrôler mon stress en essuyant mes mains sur mon manteau, elles sont indéniablement toujours plus moites quand je me résous à lui répondre.
– Non, non. Je vais venir, ce serait malpoli de faire faux bond. Mais seulement... Qu'est-ce que je dois faire ? - finis-je par répondre presque muette -
– Ce que tu dois faire ? Manger, comme à un repas Anna. - rétorque-t-il en riant doucement -
– Je n'ai jamais rencontré la famille d'un...
Il se met à rire doucement avant de se mettre à ricaner franchement en tapotant sur ma cuisse. Je ne comprends pas son attitude. Qu'y a-t-il de si drôle ?
– N'aie pas peur, ça va bien se passer. Et puis, de toute façon, tu es toujours ma collaboratrice, non ? - me lance-t-il avec un sourire de biais, malicieux -
Sur ce point-là, il n'a pas tort. C'est vrai qu'officiellement nous sommes de simples collaborateurs et à ce que j'en sache, il n'y a pas de raison que ses parents puissent penser autre chose.
– C'est vrai... Et tu penses que ça pourrait être un coup tordu de ton oncle et de mon père pour nous surveiller à distance ? - poursuivis-je sceptique -
– C'est possible. Sinon je ne sais pas pourquoi ils auraient autant insisté pour te rencontrer.
Je soupire péniblement.
Pourraient-ils être aussi vicieux que ça ?
– Aller, respire. On fera attention à ne pas attirer leurs soupçons. Je te promets de ne pas te demander en mariage ce soir ! - bafouille-t-il hilare -
J'éclate de rire à mon tour en imaginant la scène catastrophique. Je pense que je serais bien capable de tomber dans les pommes ou de lui vomir sur les chaussures. Son commentaire me détend un tant soit peu pendant que je me note mentalement de lui dire que les surprises de ce genre ne me réussissent vraiment pas.
Néanmoins, mes pensées dérivent désormais sur les mots qu'il vient de prononcer. Sa note d'humour était bien placée pour déporter mon attention mais je ne rêve pas, il vient bien de me dire que nous prendrons garde à ne pas attirer leurs soupçons !
– WFT ! –
Il vient bien de lâcher tout naturellement que nous ne sommes donc pas de simples collègues ?
Oui et sans aucune appréhension.
C'est enfin à cet instant que je commence à prendre conscience qu'il entreprend de se rapprocher tout en douceur en baissant de plus en plus sa garde.
Après l'angoisse, la perspective de notre proximité laisse place à mon enthousiasme qui prend le relais et j'ai comme l'impression d'avoir un tourbillon d'euphorie en plein milieu du ventre. Cette sensation me fait redécouvrir tout l'effet de l'attirance, de l'amour, du plaisir et du bonheur que cela procure de se sentir vibrer.
Ce n'est plus seulement une histoire d'attirance sexuelle, c'est bien plus que ça.
Nous sommes entrés dans une vraie synergie, en battant à l'unisson.
__
Arrivés à l'hôtel, Alexander m'informe qu'ils nous attendent à la Casa Mia à 20h précise.
Rien qu'en jetant un œil à l'heure – 19h49 – nous n'avons aucune chance d'arriver à temps.
C'est dans une rapidité fulgurante qu'Alexander se change pour enfiler un de ses costumes trois pièces. Cette fois-ci il arbore un costume d'un splendide bleu nuit qu'il rehausse d'une chemise bleue très claire.
Cette couleur semble avoir été créée sur-mesure, rien que pour lui.
Je reste immobile en le scrutant dans sa splendeur.
Je sors de ma rêverie lorsqu'il me hâte à mon tour. Je trifouille un instant dans ma penderie à la recherche d'une robe correcte et je n'arrive pas à définir mon choix.
Après tout, comment faut-il s'habiller pour un repas de ce genre ?
Ça aussi je n'en ai aucune idée !
J'hésite longuement entre une robe longue à motifs tartan rouge et noir est une robe plus courte, noire à motifs chevrons.
La longue en fait-elle trop ? Mais la courte est peut-être justement trop courte ?
– Laquelle ? - questionné-je Alexander en levant à tour de rôle les deux robes -
– Celle-ci. - répond-il en désignant la robe longue -
Sans répondre quoi que ce soit, je saute dans cette robe, j'enfile une paire de bottines et mon manteau.
Trois minutes plus tard, nous prenons le départ et ma boule d'anxiété revient dans la foulée. Tandis que je talonne Alexander qui me tire par la main, je me remémore ce qu'il m'avait raconté de son enfance. Dans son récit, ses parents avaient l'air plutôt sympathiques, j'espère qu'ils le seront ce soir.
Le moteur vrombissant, nous filons à travers la petite ville. Sans avoir le temps d'avoir terminé ma prière mentale pour que tout se passe bien, nous sommes garés. Alexander saute du véhicule pendant que je mets un temps monstre à décoller mes fesses du siège passager.
A première vue, le restaurant à l'air somptueux. Les grandes baies vitrées laissent entrevoir les tables carrées bordées de chaises en cuir noir. Les couleurs pastel de beige, blanc cassé et jaune pâle mettent en valeur les murs en pierre blanche et l'immense cave qui trône sur le fond de la pièce.
Quelques secondes suivantes nous passons le pas de la porte et un élégant serveur nous réceptionne. Alexander lui bafouille deux mots au serveur avant qu'il ne nous conduise jusqu'à notre table.
Dans notre progression j'observe furtivement Alexander qui adresse un large sourire à ses parents.
Ils nous fixent, droit dans les yeux, souriant.
C'est au moins ça.
– Ok. Respire. Respire bon sang ! Me dis-je en sentant mon cœur palpiter. –
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