Fyctia

| Mardi 22 Décembre - 9h07 |

Après un retour à l'hôtel aux alentours de 23h, nous avons enfin réussi à trouver un compromis satisfaisant les cinq membres de la famille Douglas.

Aussitôt rentrés, nous sommes tous les deux tombés de fatigue sans demander notre reste. Alors que mon réveil s'évertue à sonner de plus belle, je me tire du lit tout en m'étirant de tout mon long. Mes paupières sont lourdes ce matin et je me remercie d'avoir donné rendez-vous à la famille à 14h.

Une ingénieuse idée pour ne pas avoir à supporter encore plusieurs heures de débats inutiles et aussi pour avoir le temps de rédiger la lettre type que Mr Douglas aura à compléter tout à l'heure.

Pour le moment, mon unique préoccupation est de me remplir l'estomac. N'ayant pas mangé depuis hier midi, je suis affamée. Je jette un coup d'œil à Alexander qui lui aussi s'éveille doucement. C'est en l'observant que je me dis que je pourrais bien en faire mon breakfast, voire mon quatre-heure.

– Qu'est-ce qu'il te fait sourire comme ça ? - m'adresse Alexander encore endormi -

Je me retiens de ricaner en me rendant compte que je le fixais avec un petit sourire de biais.

– Rien. J'ai faim. Breakfast ?

Il m'adresse un sourire rayonnant en hochant de la tête encore ensommeillé. Je mets fin à ma contemplation lubrique pour commander deux breakfasts Écossais. Je suis certaine qu'Alexander sera ravi de constater que je me suis parfaitement acclimatée aux coutumes locales.

Non, en fait, que je me suis parfaitement acclimaté à tout ce qui se rapporte de près ou de loin à mon bel Écossais en particulier.

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| 14h02 |

C'est pile à l'heure que nous arrivons à la demeure familiale et dès que nous passons la porte nous découvrons tout le clan qui ne semblait que nous attendre.

Nous saluons poliment chacun des membres avant d'échanger quelques futilités juridiques avec le juriste et le notaire de Mr Douglas. Je me retiens de ne pas ricaner en voyant les têtes des deux hommes de loi. Je devine qu'ils ont dû aussi avoir droit aux chamailleries.

– Etre avocat ce n'est pas seulement être doué pour mentir, défendre et magouiller. Non, non, il y a aussi une grosse partie de relationnel. Et pour cette affaire, c'est pire que tout. –

Mes pensées sont interrompues lorsque Mr Douglas nous fait signe de le suivre dans son bureau. C'est sans attendre plus longtemps, qu'Alexander se hâte de sortir nos deux manuscrits testamentaires pour les remettre à notre client. L'un est rédigé de ma main en anglais, l'autre est rédigé de la main d'Alexander, en Écossais gaélique, selon la demande particulière du client.

La lecture officielle débute sans plus attendre sous nos yeux d'experts. Les différentes parties, le testateur et ses bénéficiaires. La division et répartition des parts pour les biens personnels dans un premier temps, puis professionnels. S'en suit par le partage de la gestion de l'entreprise, les postes et attributions souhaités par le testateur.

Jusqu'ici tout se déroule dans le calme.

L'avantage supplémentaire de ce type de testament est qu'il ne peut en aucun cas, déshériter un enfant.

Une clause qui a su faire son effet.

Quelques modifications interviennent ici et là, mais n'étant que des détails, c'est en moins de trois heures que nous pouvons procéder à la rédaction définitive du testament authentique de la main de Mr Douglas.

Une petite heure plus tard, les deux testaments sont rédigés, signés et cachetés de la main de notre client. J'inspire profondément de soulagement, mission accomplie me dis-je pendant que j'adresse un regard ravi à Alexander. C'est un véritable miracle d'avoir réussi à satisfaire les demandes de tout le monde sans qu'ils ne s'entretuent à nouveau.

Néanmoins un seul hic semble contrarier notre client. Je l'observe trifouiller dans tous les tiroirs de son bureau dans une frénésie en se grattant l'arrière du crâne.

– Qu'est-ce qu'il va nous pondre, encore ? –

– Je n'arrive pas à remettre la main sur mon sceau ! Ça m'embête vraiment car je tenais à poser mon empreinte personnelle à mes testaments. J'ai dû le laisser dans ma maison de campagne, quel idiot je fais ! - finit-il par nous adresser, les yeux ronds d'inquiétude -

J'adresse un coup d'œil à Alexander qui semble, une nouvelle fois, avoir la situation parfaitement en main.

– Ne vous inquiétez pas Mr Douglas. Si vous le souhaitez, nous pouvons considérer vos deux testaments comme officiels jusqu'à ce que vous puissiez nous faire parvenir vos deux testaments avec votre sceau personnel, en livraison expresse, au cabinet Londonien. Ceci vous conviendrez ?

– Oui Mr Sheperd, s'il est possible, je le voudrais ! J'irais le chercher dès demain pour vous l'envoyer le jour même.

Affaire conclue, il ne nous reste plus qu'à repartir pour une heure de rédaction manuscrite. Deux exemplaires manuscrits en anglais et deux exemplaires manuscrits en écossais gaélique.

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C'est sur les coups de 19h que nous terminons et que tout est enfin rentré dans l'ordre. Notre client et ses enfants nous remercient pour nos conseils et notre patience. Nous faisons évidemment bonne figure pendant que Mr Douglas s'égosille en criant qu'il est temps de déboucher l'une de ses meilleures bouteilles pour fêter ça.

Sans avoir le temps de refuser poliment sa proposition, l'assistant personnel de notre client nous tend à chacun un verre vide n'attendant que d'être rempli. Pris dans le mouvement, nous restons tous dans le bureau, un grand verre de scotch greffé à la main.

Le breuvage que nous offre Mr Douglas est vraiment incroyable. Il peut largement se vanter de savoir élaborer le meilleur scotch, car c'est le cas. Durant ce moment, nous remercions notre client pour sa confiance.

Par la même occasion, je fais la connaissance du notaire de Mr Douglas, Mr Craig. Il me raconte connaitre personnellement mon père en ayant travaillé plusieurs fois en sa collaboration. C'est drôle comme le monde est petit finalement.

Prise dans ma conversation, je remarque dans ma vision périphérique Alexander qui s'approche doucement de moi en me posant une main sur l'épaule. Pendant qu'il tient son téléphone entre ses mains, il semble un peu désorienté. Tandis que je salue Mr Craig pour me tourner vers Alexander, il me regarde avec un sourire penaud tout en se passant une main dans les cheveux.

– Nous avons un léger contretemps Anna. Mes parents viennent de m'informer qu'ils venaient d'arriver en ville pour dîner avec nous ce soir, avant que ne repartions. - m'annonce-t-il troublé -

– Nous ? - réponds-je perplexe -

Il prend le temps de me jauger en haussant doucement les épaules.

– Apparemment, oui. Ils ont vraiment insisté pour que nous venions tous les deux...

Pour une nouvelle inattendue, c'en est une !

Mon estomac se retourne immédiatement pendant que je m'imagine déjà en présentation officielle avec sa famille.